La fameuse commission parlementaire sur l'interdiction de la burqa vient de rendre son rapport. Main dans la main députés de gauche et de droite se prononcent pour
une résolution, avant de proposer une loi d'interdiction, sans doute dans les services publics. Des désaccords se sont exprimés dans la commission concernant le degré de répression à
envisager.
Il est vrai que le sujet est d'importance. Selon les sources, médias ou RG, les concernées sont entre 500 et 1900 ! Cela sur 65 millions de Français.
Rappelons d'abord au consternant député de l'UMP qui songeait à enlever le droit de séjour aux femmes portant la burqa, que la très grande majorité d'entre elles
sont Françaises !
D'abord au-delà des obsessions à la Gérin (PCF, tendance Vénissieux) qui fit beaucoup pour la mise en place de cette commission douteuse, la première question à se
poser est celle-ci :
Cette question, cette commission, ce débat est-il indispensable en ce moment où la France, comme le monde, est encore plongée en pleine crise ? Les chiffres du
chômage ne cesse d'augmenter, les délocalisations avec, les morts de froid dans la rue aussi. Alors que le gouvernement Sarkozy-Fillon restreint chaque jour un peu plus nos libertés, alors que
l'hexagone subit déjà un débat nauséabond sur l'identité nationale, alors que les Restos du coeur font le plein et que la crise du logement bat son plein, et l'on pourrait ainsi allonger la liste
longuement, faut-il vraiment se préoccuper au plus haut niveau d'une pratique vestimentaire touchant une ultra-minorité de femmes ?
Disons-le tout net, le voile intégral n'est pas utile, même du point de vu de l'Islam. Il est consternant de ne pas voir le visage de son interlocutrice. Les
féministes ont raison, cela est une forme d'oppression de la femme, peut-être pas la seule d'ailleurs ? Et 1% de femmes dans les directoires des grands groupes multinationaux français, n'est-ce
pas une forme d'oppression ou de discrimination ? Alors à quand une commission parlementaire sur le sujet ?
Sinon on pourrait assez vite penser qu'il y a là deux poids deux mesures, en montrant du doigt des femmes musulmanes.
Il y a une quinzaine d'années, du côté de Creil, le scandale, et le débat, c'était le foulard ! Un député de droite attisa les braises, choqué par une certaine
prolifération de foulards dans sa commune. Le dit député, peut de temps après, fut d'ailleurs en bonne place sur une liste du FN. Et lentement mais surement, les Français s'habituèrent aux
foulards et plus personne n'en parle aujourd'hui. Trop occuper à parler de la burqa.
Alors au pays de Voltaire (qui nous manque) disons-le, on s'en fout de la manière de s'habiller de chacun. Personnellement je suis plus sensible aux piercings,
tatouages, coiffures à l'iroquoise et mini-jupes. Et aussi aux cagoules, interdites il y a peu de temps !
Si le port de la burqa est un vaste complot d'islamistes planqués dans l'ombre de certaines mosquées, alors une loi d'interdiction ne fera que renforcer le
phénomène politique.
L'interdiction aussi permettra à ces quelques centaines de femmes de ne plus sortir de chez elles, est-ce le but rechercher ?
Cacher cette burqa que je ne serais voir !
Dans cette commission aussi, il avait été proposé d'enquêter sur l'islamophobie en France. Celle qui sévit depuis quelques années, propagée par l'extrême droite et
par certains milieux sionistes en relation avec la question palestinienne.
Devinez ! Proposition pas retenue ! On est vraiment étonné !
L'été dernier, un proviseur de lycée tenta d'interdire le string dans son établissement. Ce n'était hélas pas le premier.
Je sais, certains ne verront pas le rapport entre string et burqa.
Et puis peut-être les féministes sont-elles contre le string apparent !
Notre société capitaliste qui m'inporte plus que notre Ve république devient de plus en plus normative, enfin disons répressive, c'est plus clair.
Au-delà des flics à chaque coin de rue, rue surveillée par des caméras, faut-il aussi faire des lois pour nous interdire des pratiques vestimentaires
minoritaires.
Et si les flics n'étaient pas seulement dans leurs cars et dans leurs commissariats, mais déjà les esprits ?
Ceux qui, en même temps, dénoncent, à juste titre, les contrôles aux faciès, vont-ils approuver la chasse judiciaire à la burqa ?
Ou bien faut-il, demain, pour être certaine d'être tranquille, être bien conforme sur tous les plans ?
Le débat sur l'identité nationale de Besson sent mauvais, il y a des relents de Vichy, nous l'avons souvent dit ici. Le débat sur la burqa le rejoint hélas. Et dans
le même temps la parole raciste et haineuse se répand sur le web et dans les rues, et cela est insidieux et autorise le site de l'UMP cette semaine à publier une photo avec des jeunes noirs dans
la rue pour illustrer un article sur la délinquance juvénile.
La couleur de peau, les traits, les casquettes et le verlan(pour Nadine Morano), les cagoules ou la burqa, voire le string, bref tout ce qui est différent de la
norme bien "Made in Gaule" pose problème aujourd'hui.
Problème pour accéder à un logement, problème pour rentrer dans une discothèque, problème pour décrocher un job, problème pour accéder aux grandes écoles, et
demain, si une loi passe, problème, juste pour circuler dans la rue, ou pour entrer dans un service public !
Cela serait une honte sans fin dans le pays de Voltaire et Montesquieu. Relire "Comment peut-on être persan ?"
Demain le site donnera la parole à des femmes, voilées, qui, sous le voile, restent des femmes, si si. En espérant que tout en étant "résistant",les lecteurs de ce
site sauront faire preuve d'ouverture d'esprit, et écouterons leurs paroles. L'on peut combattre les religions et les sectes, c'est notre cas ici, et combattre aussi les préjugés, les
conformismes à tendance racistes, et laisser une minorité infime de la population libre de son choix vestimentaire.