Chansons déconseillées
« Pas avant 22 heures » : ainsi était formulée à la radio la condamnation de telle ou telle chanson à une diffusion restreinte. C’était le premier degré dans la sévérité, avant le terrible « Pas avant minuit », qui, lui-même, valait toujours mieux que l’implacable interdiction de diffusion. Rien n’est plus changeant que les moeurs et il nous est souvent difficile, voire impossible, de comprendre aujourd’hui quelles sensibilités ont pu être bousculées naguère par une chanson, quelles préventions, jadis, ont pu peser sur tel répertoire, quelles méfiances a suscitées tel interprète et quelle proscription a méritée telle ritournelle. Chacun, qu’il l’approuve ou non, saisit pourquoi un gouvernement a pu interdire Le Déserteur pendant la guerre d’Algérie, quelles pudeurs s’opposaient à la programmation de chansons de salles de garde ou quelles réticences ont valu à des refrains engagés de n’être diffusables qu’au coeur de la nuit. On se montrera plus surpris, voire incrédule, en apprenant que Je ne crois plus au Père Noël interprété par Lucienne Boyer fi t l’objet en 1940 d’une mesure de relégation, tout comme Le Sénateur, chanson de Béranger (pourtant écrite en 1813), interprétée en 1952 par Germaine Montero. Pour nourrir votre étonnement, ajoutez à la liste La Gavotte des bâtons blancs et Quelqu’un (un poème de Prévert mis en musique par Pierre Philippe) enregistrés par Les Frères Jacques en 1949 et 1950, Complainte, de Raymond Queneau, Ma mère était espagnole, de Jacques Debronckardt, Chandernagor, de Guy Béart, Le Général à vendre, de Francis Blanche (en 1954), et quantité d’autres chansons, certaines signées des plumes les plus poétiques et les plus célébrées. Le programme de ce cabaret consiste donc en une plongée dans ces chansons déconseillées, voire censurées. Il fera leur part à tous les genres, comme les titres cités plus haut le montrent, en privilégiant la diversité des thèmes, des humeurs et des styles, ainsi que les découvertes ou les redécouvertes. Les deux précédents cabarets ont montré le fort engouement du public, tous âges confondus, pour un tel parti pris. En contrepoint, nous glisserons une poignée de chansons que leurs interprètes, au prix de rusés détournements et de subtils jeux avec les doubles sens, ont réussi à faire passer au travers de la vigilance des censeurs.
Philippe Meyer, juin 2011
La troupe de la Comédie-Française
présente
au Studio-Théâtre du 15 septembre au 30 octobre 2011
Chansons déconseillées
Conception Philippe Meyer
Avec
Cécile Brune
Sylvia Bergé
Françoise Gillard
Serge Bagdassarian
Benjamin Jungers
Stéphane Varupenne
Félicien Juttner
et les musiciens en alternance
Pascal Sangla, pianiste
Osvaldo Caló, pianiste
Anne Causse, violoncelliste
Frédéric Dessus, violoniste
Jean-Claude Laudat, accordéoniste
Direction artistique Philippe Meyer
Direction musicale Pascal Sangla
Avec France Inter (La prochaine fois je vous le chanterai).
Retrouvez les comédiens de la troupe dans les deux CD La prochaine fois je vous le chanterai
(2009) et La prochaine fois je vous le chanterai, volume 2 (2010), Harmonia mundi distribution,
Radio France/Comédie-Française.
Avec le soutien de la Fondation Orange
Représentations au Studio-Théâtre du mercredi au dimanche à 18h30
Prix des places de 8 € à 18 €
Renseignements et location : par téléphone au 01 44 58 98 58 du mercredi au dimanche de 14h à 17h, sur le
site internet www.comedie-francaise.fr
Source : Comédie française