Clémentine Autain vient de publier un nouveau livre : Transformer la gauche, tout
un programme à l'heure où la gauche radicale discute toujours sur une éventuelle union pour les prochaines élections régionales en mars 2010. L'enjeu est de recomposer une gauche de gauche pour
en finir avec la domination du PS et sa politique de co-gestion du capitalisme. L'enjeu est donc d'importance, mais tout est pratiquement à reconstruire, le fond et la forme.
Clémentine Autain est aujourd'hui à la Fédération (FASE), dans l'attente comme des millions de gens, de l'émergence d'une nouvelle force politique crédible...
Quel statut donnez-vous à votre réflexion dans Transformer, à gauche : un manifeste, un programme, un condensé de vos années d’activisme ?
C’est un livre que j’ai écrit à partir de mon expérience de plus de douze années d’engagement. Il s’inscrit dans le débat actuel sur la refondation et la recomposition à gauche. Il faut mettre des idées et des conceptions stratégiques sur la table. Je crois que la gauche crève de ce manque de vision globale, d’une panne de perspectives, d’un manque de souffle. Je plaide pour l’unité de l’autre gauche et l’exigence de novation. Après les échecs du XXe siècle, nous devons repenser les clivages et renouer avec le principe d’espérance. Cela demande de l’expérimentation sociale et politique mais aussi une réflexion intellectuelle.
Dans votre livre, vous appelez à rompre. Avec quoi ?
Avec la logique capitaliste et productiviste. Mais rompre, c’est aussi repenser la stratégie : il faut renouveler l’articulation entre réformes et révolution. Je ne crois pas au Grand Soir mais la réforme n’a de sens que si elle est arrimée à une vision révolutionnaire. Je crois à la tension nécessaire entre radicalité et quête de majorités ; si l’on perd l’un des deux, on ne peut pas transformer les conditions de vie.
Vous vous nourrissez des sciences sociales ; cela ne semble pas être le cas de la majorité des responsables politiques.
Intuitivement, j’ai l’impression qu’il y a une baisse du niveau intellectuel dans le monde politique… Dans les années 70, il existait une porosité plus forte avec les milieux intellectuels et culturels. Peut-être est-ce en train de revenir, avec l’émergence des clubs de réflexion. Mais jusqu’ici, les politiques lisent trop peu les sciences sociales. Les intellectuels sont souvent effarés que la gauche ne les sollicite presque pas. Or nous avons besoin d’eux, comme de ce qui s’invente dans les mouvements sociaux.
Quelles sont les expériences politiques qui ont marqué vos années d’activisme ?
Personnellement, il y a Mix-Cité, la Fondation Copernic, mon expérience comme élue à la Ville de Paris, les collectifs antilibéraux. Les événements sociaux et politiques qui m’ont le plus marquée sont les grèves de novembre-décembre 1995, et surtout les révoltes de 2005 dans les banlieues, qui furent pour moi un choc tant fut révélée l’atonie de la gauche et son incapacité à donner du sens à un événement au coeur des problèmes sociaux, des questions de discriminations et des enjeux de territoire. Je pense aussi à la lutte contre le CPE, victorieuse ! Et au mouvement du LKP, expérience politique passionnante en Guadeloupe, par la convergence du social, du politique, du culturel.
Elle vient de donner une interwiev passionnante aux Inrocks cette semaine, en voici quelques extraits, la totalité est sur leur site :
Quel statut donnez-vous à votre réflexion dans Transformer, à gauche : un manifeste, un programme, un condensé de vos années d’activisme ?
C’est un livre que j’ai écrit à partir de mon expérience de plus de douze années d’engagement. Il s’inscrit dans le débat actuel sur la refondation et la recomposition à gauche. Il faut mettre des idées et des conceptions stratégiques sur la table. Je crois que la gauche crève de ce manque de vision globale, d’une panne de perspectives, d’un manque de souffle. Je plaide pour l’unité de l’autre gauche et l’exigence de novation. Après les échecs du XXe siècle, nous devons repenser les clivages et renouer avec le principe d’espérance. Cela demande de l’expérimentation sociale et politique mais aussi une réflexion intellectuelle.
Dans votre livre, vous appelez à rompre. Avec quoi ?
Avec la logique capitaliste et productiviste. Mais rompre, c’est aussi repenser la stratégie : il faut renouveler l’articulation entre réformes et révolution. Je ne crois pas au Grand Soir mais la réforme n’a de sens que si elle est arrimée à une vision révolutionnaire. Je crois à la tension nécessaire entre radicalité et quête de majorités ; si l’on perd l’un des deux, on ne peut pas transformer les conditions de vie.
Vous vous nourrissez des sciences sociales ; cela ne semble pas être le cas de la majorité des responsables politiques.
Intuitivement, j’ai l’impression qu’il y a une baisse du niveau intellectuel dans le monde politique… Dans les années 70, il existait une porosité plus forte avec les milieux intellectuels et culturels. Peut-être est-ce en train de revenir, avec l’émergence des clubs de réflexion. Mais jusqu’ici, les politiques lisent trop peu les sciences sociales. Les intellectuels sont souvent effarés que la gauche ne les sollicite presque pas. Or nous avons besoin d’eux, comme de ce qui s’invente dans les mouvements sociaux.
Quelles sont les expériences politiques qui ont marqué vos années d’activisme ?
Personnellement, il y a Mix-Cité, la Fondation Copernic, mon expérience comme élue à la Ville de Paris, les collectifs antilibéraux. Les événements sociaux et politiques qui m’ont le plus marquée sont les grèves de novembre-décembre 1995, et surtout les révoltes de 2005 dans les banlieues, qui furent pour moi un choc tant fut révélée l’atonie de la gauche et son incapacité à donner du sens à un événement au coeur des problèmes sociaux, des questions de discriminations et des enjeux de territoire. Je pense aussi à la lutte contre le CPE, victorieuse ! Et au mouvement du LKP, expérience politique passionnante en Guadeloupe, par la convergence du social, du politique, du culturel.