60 000 personnes sont passées dans les centres de rétention français en 2010

Les cinq associations autorisées à accompagner les étrangers retenus administrativement ont publié leur premier rapport commun ce mardi.

Par C.Bl

En 2010, plus de 60 000 étrangers ont été enfermés dans les 27 centres de rétention français de métropole et outre-mer. C'est deux fois plus qu'il y a onze ans, soulignent dans leur premier rapport commun, présenté ce mardi matin (pdf ici), les cinq associations autorisées à intervenir dans ces centres: la Cimade, France Terre d’Asile, l’Ordre de Malte, le Forum réfugiés et l’Assfam (Association service social familial migrants).

«On assiste à une banalisation de l'enfermement administratif, y compris de familles avec enfants. Et en particulier à une surenchère répressive à l'égard des ressortissants roumains. Cette politique d'enfermement et d'éloignement à tout prix est à la fois injuste et inefficace»,
dénonce Jérôme Martinez, secrétaire général de la Cimade, qui a longtemps été la seule association à pouvoir intervenir dans les centres de rétention (CRA) avant que d'autres n'y soient autorisées en 2010.



Qui sont ces 60 000 retenus ?

Des personnes étrangères «qui ne sont ni condamnées ni soupçonnées d'avoir commis un crime», rappelle Pierre Henry, de France Terre d'asile.

Le plus souvent des jeunes travailleurs, représentant pas moins de 155 nationalités. En métropole, les plus gros contingents sont marocains, algériens, tunisiens mais l'on trouve aussi des Brésiliens, Chinois, Afghans...

La très grande majorité des retenus sont des hommes, mais les femmes (9% en 2010) sont de plus en plus nombreuses. Ainsi que les enfants, qui ne sont pas expulsables mais peuvent être retenus avec leurs parents dans certains centres au nom de l'unité familiale : 356 en 2010, dont 210 de moins de six ans.

Dans quelles conditions sont-ils retenus ?

La législation prévoit le droit, pour les retenus, à être assisté d'un interprète, à voir un médecin, à accéder aux associations, à déposer une demande d'asile dans un délai de cinq jours.

Mais en pratique, ces droits sont appliqués de manière très aléatoire d'un centre à l'autre, pointent les associations. «Au CRA de Guyane, la cabine de téléphone n'a pas fonctionné pendant un an, privant les retenus de contacts avec l'extérieur», cite par exemple la Cimade.

Tout, dans les CRA, renvoie à un environnement carcéral, donc «extrêmement anxiogène pour ces personnes qui bien souvent ne comprennent même pas pourquoi elles sont là», souligne l'association: barbelés, horaires très contraints, circulation limitée, vidéosurveillance, recours au menottage, mise à l'isolement...

 
 

«La tension est quotidienne, engendrant une détresse et une violence qui s’exprime de multiples manières», insistent les associations.

Combien de temps les retenus passent-ils dans les centres ?

La durée de rétention peut aller de quelques heures à 45 jours (contre 32 précédemment). La moyenne est de 10 jours. Depuis cet été, le juge des libertés n'intervient plus qu'après cinq jours, contre deux auparavant. Ce qui amène les associations à penser que davantage d'étrangers sont expulsés rapidement sans que la procédure n'ait pu être contrôlée par un juge.

Que deviennent-ils ?

42% ont été éloignés du territoire, selon le rapport. Une proportion relativement stable d'année en année, preuve, selon les associations, d'une «politique de quotas», une «obsession statistique» qui s'avère «inefficace». Les autres ont été libérés sur décision du juge ou de l'administration.

 

Source : Libération.fr

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