Sortant prochainement un nouvel album, et étant en mai en concerts au Zénith de Paris, le jeune et talentueux chanteur Damien Saez est, après d'autres, victimes de
l'ARPP, la très ringarde Autorité de régulation professionnelle de la publicité.
La bien-pensante Autorité avait déjà déclenché les sarcasmes il y a quelques mois en effaçant la pipe de Tati, là les régulateurs de cette institution aussi
rétrograde que conformiste s'est attaquée à l'affiche de Saez.
Ce n'est pourtant pas les affiches de femmes nues qui manquent à Paris ou dans les grandes villes. Alors est-ce le chariot de supermarché ? Pourtant la photo signée
d'un des très grands photographes, Mondino, n'est ni vulgaire, ni vraiment provocante.
Devant se plier aux injonctions de l'arbitraire Autorité, le chanteur décida de supprimer la femme nue...et de la remplacer par une affiche noire, beaucoup plus
austère, informant le public de cette censure.
(Voir la seconde affiche ci-contre)
Seconde interdiction...On ne peut alors y voir qu'un acharnement contre la liberté d'expression d'un chanteur subversif que certains aimeraient sans doute faire
taire.
Ces deux interdictions d'affichage sont grotesques et méprisantes pour tout le travail d'un de nos artistes les plus doués et les plus irréductibles.
Nous aurons ici l'occasion de parler de son album : J'accuse qui sortira fin mars.
Enfin, voici un bref texte qu'il vient d'écrire, paru hier soir sur RUE 89 /
DAMIEN SAEZ SERA EN CONCERT AU ZENITH, les 5 et 6 mai, le premier concert est complet.
==========================================================================
« Quel crime avons nous donc commis ? Cette interdiction aurait pour but, qu'ils disent, de protéger l'image de la nature humaine, j'en doute. Mais protéger l'image du caddie ? Ça c'est certain. Les publicistes portant le drapeau de la nature féminine… Faites-moi rire… Une chose est sûre, les caddies valent plus que les hommes dans nos pays. […]
Alors que le vulgaire à outrance et les illégalités font rage sur chaque devanture et dans ces mêmes couloirs de métro, alors que nous vendons nos chairs, à tort et à travers, pour n'importe quel inutile qu'il faudra vendre aux enfants, alors que la femme n'a jamais été autant méprisée dans sa qualité d'être humain autre que celle d'être une chatte béante dans laquelle on refourgue tous les artifices du nouveau monde, voilà que les petits capos voient de l'outrage quand le féminisme est à son expression la plus pure.
Mais quelle est cette douleur qui fait si mal dans les p'tits slips des p'tits capitalistes d'arrêt de bus ? Les miroirs feraient-ils donc si peur à ceux qui n'aiment pas leur visage ? D'abord une photo, puis des mots….
Dis, quand viendra le temps où nous reverrons la liberté ailleurs que sur nos billets de banque ?
Cet album que nous sortons est l'œuvre de deux ans de travail, d'écriture, de production, de musique, de réflexion, d'argent et surtout de temps. Un art populaire mis à mal par les pilleurs de tombeaux que sont tous les vendeurs de câbles en tous genres.
Je suis parti des majors company pour ne pas finir en abonnement téléphonique, en sonnerie de portable vendue à des crétins.
Bien sûr on est blasé de tout, bien sûr on ne s'étonne plus de rien, bien sûr ça n'est pas grand chose, qu'une photo aujourd'hui, quoi demain ? Bien sûr je continuerai à être libre, bien sûr qu'on galère tous à faire nos courses, bien sûr qu'il y a toujours plus grave, bien sûr, bien sûr…
Mais les symboles sont là pour stigmatiser très souvent des maux bien plus profonds, et les choses sans grande importance à première vue cachent souvent des forêts qui le jour où elles prennent feux font bien plus de dégâts que la liberté. »