Dijon : Potager collectif vs Loppsi II - On construit toujours !
Alors que le gouvernement s’apprête à faire passer au sein du pack sécuritaire LOPPSI II, un article de loi contre les constructions, habitats et
campements illicites, le Pot’colle (Potager Collectif des Lentillères) a décidé d’aggrandir ce dimanche la cabane installée sur le potager et d’y apposer un message. On peut maintenant lire
depuis les trains qui défilent le long du jardin «Loppsi 2 vs potager collectif - On construit toujours ! Cabanes en lutte».
Le Pot’colle est le fruit de l’occupation de terres maraîchères laissées à l’abandon depuis des années en plein Dijon et offre un grand espace potager ouvert sur le
quartier. Il y a quelques mois encore une Villa située à 50 mètres du potager servait de lieu d’habitation, mais aussi d’atelier, serre et espace de réunion pour le potager. LOPPSIste avant
l’heure, la Mairie de Dijon qui l’avait achetée 500'000 euros a préféré la détruire et laisser un tas de gravats pour les années à venir. Quelques pierres finissent toujours pourtant par se
réaggréger à partir des décombres. L’équipe du potager des Lentillères a donc reconstruit une cabane directement sur le potager.
La lutte face à la LOPPSI II se répand aujourd’hui dans les villes et campagnes. Parce que la cabane hors-norme est un élément crucial et un charme vital de toute
la tradition des potagers ouvriers, des jardins familiaux, et des paysans résistants, nous souhaitons apporter notre poutre et quelques tôles froissées au mouvement. En sus des manifestations,
actions et campements devant les mairies et préfectures, il nous semble aussi qu’une des offensives les plus pertinentes face à la LOPPSI est de continuer à braver l’interdit haut et fort, de
multiplier les occupations et constructions sauvages et de s’apprêter à les défendre.
Il n’y a rien de nouveau au fait que l’État, les mairies, et les propriétaires s’attaquent aux campements, squats, habitats nomades et auto-constructions, et
surtout aux modes de vies et libertés qui vont avec (rappelons que la LOPPSI vise aussi à densifier le fichage, la vidéo-surveillance, la répression des contenus diffusés sur internet…). Il est
néanmoins certain qu’il faut s’opposer à cette loi parce qu’elle cherche à accroître encore les possibilités d’expulser, d’écourter les délais, et ce sans même qu’une plainte du propriétaire soit
nécessaire. À ce titre, l’article 32 de la Loppsi II est un danger pour tout-e-s celles/ceux qui s’organisent pour vivre, habiter, lutter, cultiver autrement, pour tous les parias du marché de
l’immobilier et celles/ceux qui n’ont pas le choix, pour tout ce qui menace la propriété privée, la main-mise du BTP, et l’agro-industrie. La LOPPSI montre crûment qu’on ne peut espérer s’en
sortir en construisant son alternative, sa yourte, son squat ou son potager discrètement dans son coin. Ce monde et sa logique nous rattrapent où que l’on se cache. Pourtant rien n’est perdu, et
même si la loi passe, son champ d’application et l’arrogance des préfets dépendra fortement des offensives et alliances que nous saurons constituer dans les semaines à venir.
Bravo à celles et ceux qui se bougent un peu partout et rendez-vous bientôt pour d’autres initiatives à Dijon.
Brassicanigra, 17 décembre 2010.
Source : Jura libertaire