Dans une question écrite adressée, la semaine dernière, au ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, Eric Raoult en appelle au «devoir de réserve dû aux lauréats du Prix Goncourt». Ce député déjà réputé pour sa capacité innée à sortir des inepties quand les banlieues flambaient, est une sorte de guignol réactionnaire à tendances répressives. Là c'est une interview de Marie Ndiaye, récente lauréate du Prix Goncourt, qui est sa cible émouvante pour des propos tenus dans les Inrocks.

 «Une personnalité qui défend les couleurs littéraires de la France se doit de faire preuve d’un certain respect à l’égard de nos institutions», invoque le député de Seine-Saint-Denis. Et donc, doit modérer ses critiques à l’égard du président de la République ou de ses ministres.

Dans cette interview, parue fin août, l’auteure de "Trois femmes puissantes" (Gallimard),  qualifiait la France de Nicolas Sarkozy de «monstrueuse». Son choix, il y a deux ans et demi, de partir vivre à Berlin, avec son compagnon, Jean-Yves Cendrey, écrivain, et leurs trois enfants, «est loin d’être étranger à ça», ajoute-t-elle. «Nous sommes partis juste après les élections, en grande partie à cause de Sarkozy, même si j’ai bien conscience que dire ça peut paraître snob.» Dénonçant une «atmosphère de flicage, de vulgarité», elle juge «monstrueux», l’actuel ministre de l’Immigration, Eric Besson, et son prédécesseur, Brice Hortefeux.

Des propos «d’une rare violence», «peu respectueux, voire insultants», s’indigne Raoult. Alors que vient d’être lancé le débat, voulu par Besson, sur l’identité nationale, voilà qui fait désordre? «Rien à voir», coupe le député. Pour lui, c’est son Goncourt, «le prix littéraire le plus prestigieux» et «regardé en France mais aussi dans le monde», qui devrait obliger Marie NDiaye à tenir sa langue: «le message délivré par les lauréats se doit de respecter la cohésion nationale et l’image de notre pays».
Une recommandation qui sent bon la censure et l'ordre moral de Pétain, donc l'ordre moisi des nostalgiques de Vichy. 
«Je suis pour la liberté d’expression la plus totale des écrivains, ce qui n’est pas la liberté de calomnier ou d’insulter.»
La bêtise n'a plus de limite dans cet hexagone, qui "sent le moisi", comme dirait Sollers, mais  elle s'est trouvée un beau porte-parole. Les propos nauséabonds d'Eric Raoult sont une insulte à notre intelligence et à celles des écrivains et des  créateurs en général.

EXTRAIT EN CAUSE /

(Extrait) Les Inrocks : Vous sentez-vous bien dans la France de Sarkozy ?

Marie N’Diaye : Je trouve cette France monstrueuse. Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité. Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux. Je me souviens d’une phrase de Marguerite Duras, qui est au fond un peu bête, mais que j’aime même si je ne la reprendrais pas à mon compte, elle avait dit : « La Droite, c’est la Mort ».

Pas mieux, sauf qu'après les noms : Besson, Hortefeux, on peut sans problème ajouter Raoult...







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