Lors d’un discours prononcé devant le CESE mardi 22 février 2011, François Fillon a repris in extenso les propositions initiales très restrictives de l’Administration, proposant notamment un quota de puissance installée de 500 MW par an, une baisse trimestrielle des tarifs, le lancement d’appels d’offres à partir de 100 kW, une baisse immédiate des tarifs de 20%.
Ce discours concentre une série de mesures à contre-courant des objectifs de la France en matière de lutte contre le changement climatique et de développement des énergies renouvelables. Pourtant le rapport « Charpin-Trink » tout juste remis aux ministres contenait de nombreuses propositions des participants pour ouvrir d’autres pistes bien plus efficaces et ambitieuses.
Pour France Nature Environnement, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme et le Comité de Liaison des Énergies Renouvelables, cette annonce, qui préfigure une sortie par le bas du moratoire imposé à la filière photovoltaïque, confirme la volonté de l’Etat d’étrangler cette filière pourtant porteuse d’emplois et d’innovation dans la stratégie de lutte contre le changement climatique au profit d’une stratégie énergétique hasardeuse.
Les acteurs économiques, collectivités territoriales et associations et les parlementaires qui ont participé activement et assidûment aux deux mois de concertation avaient démontré qu’avec un tel carcan la filière PV ne survivrait pas et pensaient avoir été entendus !
La concertation avait de plus permis de bien cerner le problème : en limitant drastiquement le nombre d’installations avec un quota annuel de 500 MW sans autre perspective le gouvernement impose mécaniquement une baisse du chiffre d’affaire de la filière d’au moins 10% par an. Comment imaginer développer une filière dans ces conditions ? Personne ne financera les investissements nécessaires sur notre territoire, aucune chance que la France soit en mesure d’exporter des panneaux solaires dans les prochaines années, contrairement aux espoirs du Premier Ministre.
Une proposition alternative portée unanimement pas les acteurs de la concertation, y compris les députés présents, et soutenue par Nathalie Kosciusko-Morizet consistait, pour éviter l’emballement, à plafonner le coût du dispositif en Euros et non en puissance installée. Cette approche pragmatique permettait d’optimiser la contribution de la collectivité et de favoriser une logique du « mieux offrant » : elle passe à la trappe au profit d’un encadrement en forme d’étouffoir.
Au final, le gouvernement fait fi des propositions et des débats de la concertation, dans une totale négation des efforts des parties prenantes pour trouver des solutions permettant de dégager des compromis. Pourquoi faire dialoguer près de trois mois les acteurs du photovoltaïque, si la décision est rendue sans aucune prise en compte de ce travail accompli ?
Derrière la langue de bois se cache peut-être l’intention inavouable de « tuer » la filière en France, au profit d’autres jugées plus « stratégiques » comme le nucléaire, les gaz de schistes ou les forages en eaux profonde. Il est sidérant de voir les entraves mises au développement des énergies renouvelables, alors que plusieurs ministres soutiennent sans aucune gêne le développement du pétrole et du gaz non conventionnel en France projets pourtant porteurs d’augmentation des émissions de gaz à effet de serre et d’impacts désastreux sur la biodiversité.…
Si tél était le cas, la France ne ferait que confirmer son acharnement à mener une politique à contre-courant, qui regarde vers le passé et ferme la porte à l’avenir, au risque de renier les quelques avancées du Grenelle de l’environnement.