SAINT-JUST-EN-CHAUSSÉE Un couac dans la vaccination 
Les infirmières ont expliqué aux responsables du centre de vaccination qu'elles ne pouvaient pas procéder à l'injection du vaccin avec ce type de seringue. Le protocole exige l'emploi de deux seringues distinctes.
Jeudi soir, personne n'a pu être vacciné contre la grippe A H1N1 au centre de Saint-Just-en-Chaussée dans l'Oise. Les seringues n'étaient pas conformes. 


Il est 17 heures, jeudi soir, à la salle des fêtes de Saint-Just-en-Chaussée, réquisitionnée pour la campagne de vaccination. Tout semble en place et les premières personnes dites « prioritaires » sont accueillies par le personnel de santé. C'est le cas de Danny Laglenne, 6 ans, premier à se présenter et donc potentiellement premier vacciné du Plateau picard. Mais pour le petit Isarien comme pour les autres volontaires à la vaccination du jour, rien ne se passera comme prévu et aucun ne sera finalement vacciné.

« Nous ne pouvons pas vacciner dans ces conditions ; c'est trop dangereux », déclarait Martine Cacheux, infirmière libérale à la retraite.

Problème en effet. Les seringues mises à la disposition du personnel de santé étaient serties, c'est-à-dire que l'aiguille était fixée à la seringue. Impossible donc d'en changer. « Or, il faut impérativement deux aiguilles ; une pour aspirer le vaccin dans la seringue, et une autre pour faire l'injection au patient, expliquait l'infirmière. Sinon, les risques sont nombreux ».

Émile Cacheux, médecin venu assister à ces premières vaccinations et mari de l'infirmière, a lui aussi mis en avant le caractère « éminemment dangereux de ce type de pratique médicale. Procéder de cette manière et ne pas changer d'aiguille n'est pas réglementaire et inclut inévitablement de sérieux problèmes d'hygiène ». (*) 

Mais le plus grave, selon Martine Cacheux, était qu'« il ne doit pas y avoir qu'à Saint-Just-en-Chaussée que ces seringues ont été distribuées. Je suis sûre que dans certains centres de vaccination, on ne doit pas être aussi précautionneux que nous, et qu'on a tout de même vacciné avec ces seringues ».

Devant cet imbroglio, les quelques volontaires à la vaccination présents jeudi soir hésitaient dès lors à revenir. « Inciter la population à se faire vacciner, si cela ne présente aucun danger, oui, mais dans quelles conditions ? s'interrogeait l'un d'eux. Si les infirmières nous avaient tout de même vaccinés, que serait-on venu nous expliquer après ? Que c'était une erreur d'organisation ? »

Heureusement, en ce premier jour de vaccination, l'affluence était faible. « À la municipalité, nous n'y sommes pour rien, déclarait Frans Desmedt, maire de Saint-Just-en-Chaussée, alerté de la situation. L'État nous demande de vacciner, mais si après ça ne suit pas, nous ne pouvons pas faire grand-chose ».

Le bon matériel ayant été livré hier dans la journée, les vaccinations ont pu démarrer hier soir. Dans l'Oise, d'autres centres auraient rencontré les mêmes désagréments jeudi. Mais la préfecture a omis de communiquer sur ce souci.

De notre correspondant PIERRE-EMMANUEL BOULLET

(*) Une fois en contact avec l'opercule du flacon renfermant le vaccin, les aiguilles sont en effet susceptibles de transporter des microbes et doivent donc être changées avant d'être insérées sous la peau des patients.

Source : LE COURRIER PICARD
Tag(s) : #actualités
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