Quatre-vingt-quatorze millions de doses de vaccins commandées par les autorités sanitaires pour 871 millions d’euros. Sans compter les dépenses annexes qui portent l’ardoise à plus d’un milliard d’euros. La France n’a pas regardé à la dépense face à la grippe A. Une manne pour les laboratoires pharmaceutiques autorisés à fabriquer le vaccin, proposé aux Français à partir de la mi-novembre.

Certains ont publié leurs comptes, dopés par les commandes à travers le monde. Certains laboratoires contribuent au financement d’experts appelés à conseiller les autorités sanitaires sur la politique vaccinale. Le cas du Groupe d’expertise et d’information sur la grippe (Geig) illustre les liaisons dangereuses entre firmes pharmaceutiques et  pouvoirs publics. Ainsi, le président du comité scientifique du Geig, le professeur Bruno Lina, apparaît comme l’un des experts officiels du ministère de la Santé alors que son groupe est financé à 100 % par les laboratoires producteurs du vaccin contre la grippe. 
« Les pouvoirs publics sont infiltrés par des représentants des firmes pharmaceutiques, il faudrait qu’ils balayent devant leur porte ! » s’insurge le docteur Marc Girard, professeur de médecine auteur d’« Alertes grippales », un livre qui détaille le problème de ces conflits d’intérêts. Une dérive déjà constatée lors de la campagne de vaccination contre le virus de l’hépatite B en 1994, sous la pression de laboratoires et de l’Organisation mondiale de la santé. Le contrat pour le vaccin grippe A s’est déroulé en juillet « selon une stricte procédure d’appel d’offres », rappelle la Direction générale de la santé. Si la procédure était classée « secret-défense », c’était uniquement « pour des raisons de sécurité évidentes, en raison des impératifs de santé publique ».
On croit hallluciner devant une telle situation. Mais cela ne s'arrête pas là.
Médecin généraliste à Paris, le docteur Dominique Dupagne a fait de la collusion entre les médecins et les laboratoires son cheval de bataille. 
« Je ne connais pas particulièrement le Geig, mais ce genre de groupement d’experts financés par des laboratoires est un classique, affirme le praticien. Dans le domaine de l’ostéoporose, il y a par exemple le Grio, Groupe de recherche et d’informations sur les ostéoporoses. » Les associations de patients sont aussi dans la ligne de mire du docteur Dupagne. « Beaucoup de grandes associations sont sponsorisées par les labos. Certaines ont comme règle de n’accepter de l’argent que de la part de firmes non pharmaceutiques. D’autres, en revanche, n’ont pas cette éthique. »
C’est le cas, par exemple, de l’Association française des diabétiques, soutenue par tous les fabricants de médicaments contre le diabète, ou encore d’Asthme et Allergies, financée entre autres par le laboratoire Stallergènes. « Leurs sponsors sont mentionnés sur leur site Web. Tout est légal. Je ne dis pas que ces associations sont à la solde des labos. Mais lorsqu’on reçoit de l’argent de quelqu’un, il est difficile de garder son indépendance et de ne pas être “gentil” avec son sponsor. »
Enfin, il y a les blogs entièrement fabriqués par l’industrie pharmaceutique, mais qui ne se présentent pas comme tels. C’est le cas par exemple de www.toutsurlacne. Le site mentionne bien qu’il a le « soutien » des laboratoires Galderma. Mais en cliquant sur les mentions légales on apprend qu’il ne s’agit pas d’un simple soutien. Il a été fabriqué uniquement pour la firme.
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