La Cour suprême va
examiner la requête d'Hank Skinner
Le condamné à mort américain Hank Skinner, soutenu
officiellement par la France, va peut-être enfin pouvoir faire pratiquer des tests ADN, la Cour suprême ayant accepté, lundi 24 mai, de se pencher sur son dossier. La plus haute juridiction des
Etats-Unis a annoncé qu'elle examinerait l'affaire à l'automne.
Agé de 47 ans, dont quinze passés dans le couloir de la mort, Hank Skinner a toujours clamé son innocence dans le triple meurtre le
soir du Nouvel An 1993 de sa compagne, battue à mort, et des deux fils de celle-ci, poignardés. Un jury l'ayant déclaré coupable en 1995, l'Etat du Texas lui refuse des tests génétiques, même à
ses frais, qui selon Hank Skinner prouveraient qu'il n'est pas l'auteur des coups. "La décision de la Cour suprême constitue une première étape (...) ; nous sommes impatients de convaincre la
Cour que si un responsable d'un Etat refuse à un prisonnier des tests ADN, ce prisonnier a le droit de contester cette décision en justice", déclare dans un communiqué son avocat, Rob
Owen.
Hank Skinner est aujourd'hui marié à une Française militante contre
la peine de mort, Sandrine Ageorges-Skinner, avec qui il a commencé à correspondre en 1996. La France était intervenue officiellement en mars pour demander au gouverneur du Texas, Rick Perry,
d'arrêter l'exécution par injection mortelle prévue le 24 mars et d'ouvrir un complément d'enquête. Mais c'est finalement la Cour suprême qui avait ordonné la suspension de l'exécution moins
d'une heure avant que celle-ci ait lieu. Hank Skinner avait été transféré à la prison de Huntsville, où se trouve la chambre d'exécution, et attendait la mort dans sa dernière cellule. Selon les
témoins, il avait failli s'évanouir en apprenant son sursis.
"PAS
D'AVEUX"
Lors de son procès, l'accusation a démontré la présence de
l'accusé sur les lieux du drame, c'est-à-dire chez lui, un fait qu'il ne conteste pas. Mais il assure que seul un tiers a pu agir puisqu'il était évanoui lorsque les crimes ont été perpétrés. La
présence d'un cocktail d'anxiolytiques, d'anti-douleur et d'alcool dans son organisme avait été confirmée par une prise de sang.
Depuis dix ans, Hank Skinner a reçu le soutien d'un professeur de journalisme à la Northwestern University qui a refait l'enquête avec
ses élèves. "Pas d'aveux, pas de témoin visuel des meurtres, pas de mobile apparent, pas de tendances violentes chez M. Skinner", a expliqué ce professeur, David Protess, dans une lettre au
Comité des grâces. En revanche, a expliqué M. Protess, un oncle de la compagne d'Hank Skinner, au passé violent, avait harcelé sa nièce durant la fête de réveillon 1993. Cet oncle "n'a jamais été
interrogé", a-t-il rappelé.
Reste que la Cour suprême a jusqu'ici toujours
estimé que rien n'obligeait les Etats à autoriser des tests ADN après un procès. En 2009, dans une décision prise par cinq voix contre quatre, elle a statué que "les tests ADN ne suffisent pas
toujours à résoudre seuls un crime. Là où il y a suffisamment d'autres preuves à charge (...), la science seule ne peut pas prouver qu'un prisonnier est innocent". Les Etats-Unis ont libéré
dix-sept condamnés du couloir de la mort ces dernières années à la suite de tests ADN.
Source : Le Monde