Sorti depuis le 31 mars, un documentaire du cinéaste québécois, Richard Brouillette, nous éclaire sur l'idéologie libérale qui ne cesse de sévir sur notre
planète.
Au générique, Noam Chomsky, Ignacio Ramonet, Normand Baillargeon, Susan George, Omar Aktouf, Oncle Bernard, Michel Chossudovsky, François Denord, François Brune, Martin Masse, Jean-Luc Migué, Filip Palda and Donald J. Boudreaux
Ces intellectuels de renom tracent un portrait de l’idéologie capitaliste en examinant les divers mécanismes mis en oeuvre pour la faire accepter par les peuples. Et surtout pour nous faire
croire qu'aucune alternative n'est possible. Une sorte de pensée unique...
Toujours moins d’État, via les privatisations, limiter l’inflation plutôt que le chômage, et dépolitiser l’économie et les esprits. Tous ces dogmes s’immiscent lentement mais surement dans
nos consciences car diffusés par un réseau de propagande internationale.
Marché unique rime alors avec pensée unique. Derrière cet enfumage généralisé, via la dictature des médias capitalistes, les mécanismes mortifères des bourses et des transnationales (comme l'explique de manière lumineuse Oncle Bernard) fonctionnent à plein temps au profit de quelques milliers de personnes possédant 80 % des richesses.
Tout cela est certes connu, mais le grand mérite du film est de décortiquer les mécanismes, et c'est aussi passionnant qu'un documentaire de Denis Robert quand il expliquait l'affaire Clearstream à un ouvrier de chez Daewoo il y a quelques années.
Mais ce Brouillette, c'est qui ce gars-là ?
Richard Brouillette est un producteur, réalisateur, monteur et programmateur. D’abord critique de cinéma à l’hebdomadaire Voir (1989), il a ensuite oeuvré pour la
société de distribution indépendante Cinéma Libre (1989-1999). En 1993, il a fondé le centre d’artiste autogéré La Casa Obscura, un lieu de diffusion pluridisciplinaire, où il organise depuis un
ciné-club hebdomadaire, Les projections libérantes, dont il est aussi le projectionniste.
Il a produit et réalisé Trop c’est assez (doc., 111 min., 1995), pour lequel il s’est mérité le prestigieux prix Prix M. Joan Chalmers du meilleur documentaire canadien, en 1996; Carpe diem
(exp., 5 min., 1995) et L’encerclement – La démocratie dans les rets du néolibéralisme (doc., 160 min., 2008), qui s'est mérité six distinctions dont les prestieux Grand Prix Robert et Frances
Flaherty du Festival international du film documentaire de Yamagata 2009 et Grand Prix La Poste Suisse du festival Visions du réel 2009.
Il a aussi produit six longs métrages : L'Arbre aux branches coupées, de Pascale Ferland (doc., 81 min. 2005), Barbiers – Une histoire d'hommes, de Claude Demers (doc., 82 min., 2006), Les
désoeuvrés, de René Bail (fiction, 72 min. 1959-2007), Adagio pour un gars de bicycle, de Pascale Ferland (doc., 90 min., 2008), Les dames en bleu et Michel Louvain, de Claude Demers (doc., 90
min., 2009) and Chantier, de René Bail (doc., 75 min., 1957-2009). De plus, il a agit comme producteur conseil sur plusieurs projets documentaires.
Richard Brouillette a toujours été très actif dans le milieu du cinéma indépendant québécois, en prenant part à plusieurs actions politiques et en se dévouant à la cause de nombreux centres
d’artistes autogérés. Aussi, depuis 1993, il a siégé sur le conseil d’administration de différents organismes. Actuellement, il est trésorier de Main Film (association de cinéastes indépendants)
et administrateur de l’Amicale de la culture indépendante (association qui gère La Casa Obscura.
Mais qu'est-ce qu'il voulait donc faire avec ce film ?
Laissons le cinéaste un peu parler :
"Comme ce le fut le cas pour mon documentaire précédent, Trop c’est assez, ce film est né d’une révolte.
Au départ, il s’agissait d’une
révolte face à la défaite de la pensée, i.e. face à la dévalorisation de la vie avec la pensée. La conversion du système d’éducation en système de formation professionnelle y était pour beaucoup,
tout comme l’avènement d’une société où l’information était devenue reine, mais le développement de la connaissance révolu. Une image me guidait, une gravure de Francisco de Goya intitulée Le
sommeil de la raison engendre des monstres, tirée de la série Les caprices.
Puis, un éditorial d’Ignacio Ramonet, intitulé « La pensée unique » et paru dans Le monde
diplomatique de janvier 1995, fit peu à peu fait son chemin dans mon esprit et l’objet de ma révolte se transforma lentement, se fixant plutôt sur la sclérose de la pensée politique – sachant que
tout est politique. Occupée par une idéologie dogmatique, cette pensée s’était muée en idée fixe, celle de dépouiller l’État de tous ses pouvoirs pour ensuite les confier aux soins du marché qui,
bien entendu, savait tout mieux faire.
De dominante, la pensée des maîtres possédants était devenue écrasante, irréfragable. Relayée par un réseau tentaculaire de propagande
et d’endoctrinement qui s’exprimait sur toutes les tribunes imaginables, elle ne trouvait plus d’obstacle devant elle, particulièrement depuis la chute de l’URSS, et devenait naturellement force
de loi. D’ailleurs, suite à la déconfiture des régimes communistes, Francis Fukuyama, ex-directeur adjoint de la cellule stratégique du département d’État américain, se permit même de prononcer
la « fin de l’Histoire », car selon lui l’homme était parvenu au faîte de sa gloire; jamais il ne pourrait aspirer à plus serein bonheur qu’à celui de vivre dans une démocratie représentative
gouvernée par le libéralisme; jamais il ne saurait imaginer perfection plus achevée que le règne sans partage du marché."
Vous pourrez lire la suite sur le site du film.
Vu la qualité du film, "L'encerclement" croule sous les récompenses, et c'est bien justice :
Grand Prix Robert et Frances Flaherty, Yamagata IDFF 2009
Grand Prix La Poste Suisse, Visions du réel 2009
Prix du public Johnnie Walker du meilleur long métrage, IndieLisboa 2009
Prix Pierre et Yolande Perrault du meilleur espoir documentaire, RVCQ 2009
Prix La Vague du meilleur documentaire (ex aequo), FICFA 2009
Mention spéciale du jury du Prix Amnesty International, IndieLisboa 2009
L'encerclement
envoyé par partenariatslibe. - Regardez plus de films, séries et bandes annonces.
et la politique libérales –, sa forme – des images en noir et blanc –,
et sa durée – 2 h 40. Pourtant, ce film, qui devrait sortir en France en 2009,
reste passionnant de bout en bout. »
- Catherine Bédarida, Le Monde
« Le film s'écoule avec limpidité et se suit avec passion, parvenant à mettre
en lumière les rouages d'un système économique tout entier fondé sur l'opacité. »
Jérôme Provençal, Les Cahiers du Cinéma
« Une tentative très convaincante de donner vie à ces idées au cinéma
et un antidote aux documentaires composés d'extraits racoleurs en général. »
- Dennis Lim, The New York Times et The International Herald Tribune
« Au final, écouter ces spécialistes saisissants de clarté nous démêler les racines
du néolibéralisme, les mécanismes de son expansion
et les idées qu’il véhicule est une expérience fascinante. »
- Malik Berkati, Le Courrier (Genève)
« Deux documentaires ont conquis le coeur du public berlinois.
Le premier s'intitule L'encerclement [...] »
- Gherardo Ugolini, l'Unita
« Le film factuel le plus excitant cette année au Forum de la Berlinale. »
- Claudia Lenssen, die Tageszeitung
« Riche, jamais rébarbatif, totalement abouti, L'encerclement est tout autant
une leçon de politique qu'une leçon de cinéma remarquables. »
- André Roy, 24 images
++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++
Vous vous en doutez, ce film n'a pas autant de copies qu'AVATAR ou CAMPING 2, alors comme nous avons vraiment beaucoup aimé, voici quelques dates pour le voir, et on vous en reparlera aussi quand le DVD sortira dans quelques mois :
- Marly – Marlyimages : débat en présence de Richard Brouillette le jeudi 29 avril
- Homps – Médiathèque : débat en présence de Richard Brouillette le vendredi 30 avril en partenariat avec la Onzième Toile (http://onziemetoile.midiblogs.com/)
- Nantes – Le Cinématographe
- Clermont Ferrand – Le Rio
- Tournefeuille – Utopia
Semaine du 5 au 11 mai :
- Tulle – Médiathèque : débat en présence de Richard Brouillette le mercredi 5 mai en partenariat avec Peuple et Culture
- Brive La Gaillarde – Le Rex : débat en présence de Richard Brouillette le jeudi 6 mai
- Loudéac – Le Quai des Images : débat en présence de Richard Brouillette le samedi 8 mai
Semaine du 26 mai au 1er juin :
- Nancy- Le Caméo : débat en présence de Richard Brouillette le jeudi 27 mai en partenariat avec ATTAC
- Biarritz – Le Royal : débat en présence de Richard Brouillette le samedi 29 mai
Le film documentaire L’ENCERCLEMENT se prête volontiers à l'organisation de projections-débats.
N’hésitez pas à contacter : Anne-Laure MOREL / 01 46 49 33 33 / films.paradoxe@wanadoo.fr