L'envolée, le voyou et l'oiseau.
Quel point commun me direz-vous entre une envolée, un voyou et un oiseau ? Entre l'envolée et l'oiseau c'est évident, mais que vient faire le voyou ? Aurait-il ouvert la cage de l'oiseau pour lui
permettre de s'envoler ? Non, bien que ça pourrait mais en fait c'est plutôt l'inverse, c'est l'oiseau symbole de l'envolée des rêves du voyou. Tout ça pour vous dire que je viens de découvrir le
journal "l'Envolée", j'allais écrire "journal qui parle des détenus", et non, ce sont les prisonniers qui parlent d'eux même. Ca change tout. ils deviennent beaucoup plus proches que lorsqu'on
entend parler d'eux à l'occasion d'un nouveau rapport de plus sur l'état des prisons.
Ils parlent de la longueur des jours, du manque d'hygiène, des règlements, des humiliations quotidiennes, de leurs souffrances, de leurs résistances aussi. A la fois si proches par leurs
préoccupations (accès aux douches, heures des parloirs, salaires, télévision, soins,...) à la fois si loins (monde clos, tatillon, vexations permanentes). Proches aussi par leur recherche de
moyen de résistance : individuel ou collectif, résistance passive ou non, utilisation de la loi, faire connaitre leur situation ...
Deux extraits du numéro d'octobre 2009 :
Salim : "La prison ne devrait être qu'un lieu de privatif de liberté au sein duquel nous devrions effectuer notre peine dans des conditions dignes d'une démocratie qui se prévaut d'être le
berceau des droits de l'Homme, sans être détruit moralement ou poussé au suicide."
Kaoudar : (suite à l'utilisation d'un téléphone) "J'étais 'hors la loi', comme me l'a signifié un gradé. Hors la loi pour avoir parlé à mon neveu de six ans à qui je n'ai pas parlé de vive voix
depuis deux ans et demi et qui me croit à l'hopital!"
Snake :"Donc vous avez fait quarante huit heures de garde à vue, plus douze à vingt quatre heures au dépôt, (...), vous suez de partout ou vous êtes frigorifié, vous sentez mauvais, vous avez une
barbe qui ferait palir de jalousie Fidel Castro, vous n'êtes pas peigné, votre visage est sale, et en plus vous êtes sous-alimenté. C'est l'heure de passer devant le juge, les amis.
Effectivement, c'est bien plus facile pour un magistrat d'envoyer en prison un homme sale et hagard. (...) L'homme n'aime pas condamner son prochain, car on s'identifie tous à la personne mise en
accusation."
Anonyme: (à propos du travail en prison) "la population doit savoir que la privatisation des prisons n'est pas une avancée mais une regression dans notre société. Les sociétés privées se
bousculent pour les contrats et avoir de la main d'oeuvre à bon marché."
Autant l'intérieur de la prison semble un monde masculin, autant l'attente au parloir se conjugue au féminin : voir le superbe documentaire "A côté", de Stéphane Mercurio et l'article à son sujet
sur ce même site ( A côté, superbe film de Stéphane Mercurio :
DVD de la semaine ).
On peut parler de double peine à propos de ces femmes. En effet elles doivent organiser leur vie par rapport à la prison, parfois très éloignée de chez elles,
s'occuper des enfants, expliquer l'absence du père, prendre sur elles la douleur de leurs compagnons, maris, frères, fils; tout cela alors qu'elles ne sont pas censées être punies.
Et si au lieu de construire de nouvelles prisons, on en faisait sortir ceux qui n'ont rien à y faire ? En pensant à Victor Hugo "Ouvrez une école, vous fermerez une prison".
"L'Envolée" est aussi une radio. Voir les fréquences sur leur site « http://lejournalenvolee.free.fr ». Pour l'ouest :
Brest : lundi 19h-20h 103.8FM Fréquence Mutine
Rennes : samedi 12h30-14h 88.4 FM Radio Campus
Nantes dernier dimanche du mois 18h10-20h 98.1 FM Alternantes
Piyou