"Nul ne peut ignorer les raisons professionnelles" des suicides successifs, chez eux, de cinq salariés de l'usine Areva La Hague (Manche) en 12 mois, dont deux en février, estime le syndicat FO qui évoque en outre une tentative de suicide.
"Nul ne peut ignorer les raisons professionnelles" des suicides successifs, chez eux, de cinq salariés de l'usine Areva La Hague (Manche) en 12 mois, dont deux en février, estime le syndicat FO qui évoque en outre une tentative de suicide.
"Combien faudra-t-il encore de drames pour que nos dirigeants réagissent et changent de méthode ?", demande FO dans un tract intitulé "Encore combien ?" daté du 17 février mais reçu mercredi.
Mardi, interrogée par l'AFP qui avait reçu un communiqué anonyme dénonçant ces suicides, la direction de l'usine de retraitement de déchets nucléaires a annoncé un "plan d'action", estimant toutefois que "les raisons qui ont fait que les (cinq) personnes sont passées à l'acte sont des facteurs personnels".
Sur le site qui emploie 3.000 personnes "nous ne parlons plus de sécurité ou de sûreté", de "radioprotection, de maintenance", mais seulement de "réduction des coûts", fait valoir FO de son côté, selon lequel "l'isolement et l'individualisation du salarié orchestrés par la direction sont à l'origine de ce malaise au travail. La dévalorisation" des salariés à qui la direction "fait croire que pendant des années ils travaillaient mal" sont "autant de facteurs aggravants", affirme le syndicat.
FO parle encore de "pressions exercées sur les salariés pour ne pas qu'ils déclarent leur accident du travail".
Le syndicat s'indigne en outre de déclarations de la présidente d'Areva Anne Lauvergeon en juin 2010.
Selon FO, Mme Lauvergeon a dit: "Je ne lèverai pas une paupière sur les inquiétudes des salariés de La Hague (...) Vous me parlez de salariés inquiets pourtant dans les installations je n'ai vu que des salariés avec le masque du bonheur". Pascal Fauchon, membre CGT du comité d'entreprise, a indiqué à l'AFP avoir relevé "texto" les même propos tenus selon lui lors d'une rencontre avec les syndicats, après une visite par Mme Lauvergeon, d'une unité de l'usine, équipée d'une toute nouvelle technologie, baptisée "creuset froid".
Le directeur de la communication de l'usine n'était pas joignable dans l'immédiat pour confirmer ou infirmer ces propos.
FO rappelle qu'il demandera le 19 avril devant la cour d'appel de Caen "une véritable enquête sur l'établissement liée aux risques psychosociaux".
Après le premier suicide en mars 2010, le Comité hygiène et sécurité (CHSCT) de l'usine avait réclamé une expertise "indépendante" selon leur avocat mais le juge des référés du tribunal de grande instance de Cherbourg avait donné raison au groupe nucléaire qui refusait cette demande.
- Source : Le point