Ils se déguisent en clowns pour nettoyer au Kärcher la mairie de Neuilly-sur-Seine, sablent le champagne lors de visites de studios aux loyers exorbitants, dégonflent les pneus des 4×4 ou «déboulonnent» les affiches publicitaires.
D’autres campent avec les sans-abri aux côtés des Enfants de Don Quichotte ou soutiennent les familles sans papiers avec le Réseau éducation sans frontières.

Ce sont les nouveaux militants, volontiers festifs, provocateurs, rompus aux ficelles médiatiques.
Les auteurs les ont suivis dans leurs combats. Qui sont ces activistes d’aujourd’hui, adeptes du «coup d’éclat permanent» ? Pourquoi ont-ils tourné le dos aux luttes politiques et syndicales traditionnelles ? Leurs actions, ciblées, sporadiques, sont-elles voueées à s’éteindre aussi vite qu’elles ont surgi ?

Peuvent-ils réellement changer la société ?

Postface : conversation avec Miguel Benasayag, philosophe et psychanalyste

Laurent Jeanneau est journaliste au mensuel Alternatives économiques.
Sébastien Lernould est journaliste, il collabore au Parisien.
Pierre-Emmanuel Weck est photographe indépendant. Il est l’auteur du reportage photographique de ce livre.

17 euros
Les Petits Matins
ISBN 978-2-915-87934-6 Diffusion en France CED
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En savoir plus ? Voici le début de l'introduction du livre : 

La rumeur enfle à Poitiers. Dans les couloirs de la faculté, dans les rues pavées de la ville historique, au comptoir du Cluricaum, un pub irlandais sur la place du marché… Partout, on ne parle que du bruit qui court depuis deux jours. Les manifestants anti-CPE s’apprêtent à brûler des voitures. Le spectre des émeutes de novembre 2005 est dans toutes les têtes. Les médias sont aux aguets, prêts à capter la moindre image de pneu cramé. La police est sur le pont, n’attendant que le début des hostilités pour lâcher ses troupes.
Jeudi 2 mars 2006, vers 17 heures, une dizaine d’étudiants avancent d’un pas décidé vers la préfecture. Leur public les attend depuis quelques minutes. Les manifestants investissent le bassin vide devant le bâtiment public. Près de deux mille personnes entourent la fontaine. Le silence s’installe. Puis des chuchotements parcourent la foule : «Mais que font-ils, où sont les véhicules qu’ils veulent brûler ?» Les voitures, ils les sortent de leurs sacs à dos ! Grandes comme des boîtes à chaussures, elles sont en carton. Un briquet prestement dégainé, et le forfait est commis. Les rires fusent, les caméras s’empressent d’immortaliser ce feu de joie. Baptisées «Sarkozynettes» et «Villepinettes», en hommage à Majorette, la célèbre marque de modèles réduits, les petites voitures se consument en quelques secondes.

Mobilisation contre le CPE
En ce printemps 2006, la France assiste à un sursaut protestataire. La révolte étudiante contre le contrat première embauche (CPE) du gouvernement Villepin bat son plein. Dans les grandes et moyennes villes, les rues se transforment en tribunes. Défilés et banderoles monopolisent l’espace médiatique. Certaines universités sont bloquées, voire occupées. C’est le cas de la Sorbonne, à Paris. Le symbole est fort. La référence aux événements de Mai 68 est évidente. Trop, même. Au-delà des apparences, les manifestations contre le CPE ne se résument pas à un «copier-coller» de l’histoire contestataire. Ici et là émergent des pratiques innovantes. La capitale régionale de Poitou-Charentes en est un bel exemple. «Poitiers réinvente la contestation», titre Libération le 10 mars 2006. Deux semaines plus tard, Le Monde évoque «le modèle poitevin» sur une double page. 
Dan29000

Tag(s) : #lectures
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