Le nouveau film de Tony Gatlif est en salles depuis le mois dernier. Créateur aussi indépendant qu'attachant, l'ami Gatlif nous donne un de ses meilleurs films. Liberté met un coup de projecteur sur l'internement dans 40 camps de concentration des gens du voyage durant la seconde guerre mondiale en France. Les roms ou tziganes sont alors Français, mais Français de seconde zone, pas vraiment citoyens. Dès qu'une de leurs modestes caravanes arrivent quelque part, elle se trouve face à l'hostilité des habitants des villages. Ils doivent faire remplir un carnet de circulation en arrivant, et un jour, dans le film en 1943, ils vont être enfermés comme des chiens.
Tony Gatlif est un cinéaste engagé. Il s'agit pour lui de faire du bruit sur le sujet afin de sortir ces faits du silence.
La mission est accomplie, et avec réussite, les portraits de ces gens libres comme le vent sont magnifiques.
Théodore, vétérinaire et maire d’un village situé en zone occupée pendant la seconde guerre mondiale, a recueilli P’tit Claude, neuf ans, dont les parents ont
disparu depuis le début de la guerre. Mademoiselle Lundi, l’institutrice fait la connaissance des Tsiganes qui se sont installés à quelques pas de là. Ils sont venus pour faire les vendanges dans
le pays. Humaniste et républicaine convaincue, elle s’arrange, avec l’aide de Théodore, pour que les enfants Tsiganes soient scolarisés. De son côté, P’tit Claude se prend d’amitié pour Taloche,
grand gamin bohémien de trente ans qui se promène partout avec son violon sur l'épaule. Mais les contrôles d’identité imposés par le régime de Vichy se multiplient et les Tsiganes, peuple nomade,
n’ont plus le droit de circuler librement : Théodore cède alors un de ses terrains aux bohémiens, désormais sédentarisés. Tandis que les enfants Tsiganes suivent les cours de Mademoiselle Lundi,
P’tit Claude est de plus en plus fasciné par le mode de vie des Bohémiens – un univers de liberté où les enfants sont rois. Mais la joie et l’insouciance sont de courte durée : la pression de la
police de Vichy et de la Gestapo s’intensifie et le danger menace à chaque instant. Comme ils l’ont toujours fait depuis des siècles, les Tsiganes devront reprendre la route…
Le film ne juge pas et c'est l'une de ses forces. Ton juste, musique émouvante comme d'habitude chez Gatlif, sobriété de la mise en scène et casting formidable,
bref une réussite qui doit trouver son public sur le long terme.
Sans nul doute le meilleur film de ce premier trimestre 2010, à voir en priorité, pour la qualité de ce cinéma, mais aussi pour ne pas oublier, en ces temps où
Besson fait la chasse aux sans-papiers et où les préfets traquent les roms un peu partout dans l'hexagone.
Il n'y a plus de camps de concentration en France, mais il y a des centres de rétention insalubres où le droit est souvent absent.
Merci à Gatlif de sa générosité et de son talent, il est sans prix.
INTERVIEW DE TONY GATLIF / 9'21