Centrales nucléaires | Alors que l’Europe chipote sur les tests
des sites nucléaires, l’Allemagne a déjà fait son devoir. Le bilan ne rassure pas
Quels critères doivent être retenus pour déterminer si une centrale nucléaire est sûre ou non? Sur cette question, liée à des tests auxquels doit se soumettre l’ensemble du parc européen de centrales (143 sites), selon la volonté de la Commission à l’énergie de l’UE, les Etats européens n’arrivent pas à se mettre d’accord. Hier, une réunion qui doit s’étendre sur deux jours a débuté à Prague pour tenter d’aplanir les divergences. Tandis qu’on se chamaille, notamment quant à savoir s’il faut intégrer le risque terroriste dans ces tests, certains Etats ont pris les devants. En Allemagne, des «stress-tests», comme on les appelle, ont rendu leur verdict cette semaine déjà. Réclamés par Angela Merkel au lendemain du drame de Fukushima, ils se révèlent tout sauf rassurants.
Mauvais calculs?
Si un avion gros-porteur s’écrasait sur une centrale nucléaire allemande, aucun des 17 établissements en fonction ne résisterait a reconnu mardi le ministre de l’Environnement démocrate-chrétien, Norbert Röttgen. Les centrales les plus fragiles et les plus anciennes seraient même menacées par la chute d’un aéronef léger.
Même les centrales qui se croyaient «à l’abri» sont menacées. Dont celle de Gundremmingen, dans la région d’Augsburg, pourtant réputée pour être la centrale allemande la plus performante. Sa construction avait d’ailleurs pris en compte le danger aérien.
L’épaisseur de 1,8 mètre des parois de béton et d’acier des salles des réacteurs, comme celles des conteneurs de sécurité, avait été calculée pour tenir le choc.
Attentat redouté
Raimund Kamm, écologiste et président de l’association Ensemble contre les sites provisoires de déchets nucléaires, n’est guère étonné: «Des tests de sécurité avaient déjà été entrepris au lendemain des attentats du 11 septembre à New York, selon lui, et l’on savait que Grundremmingen ne résisterait pas.» Un attentat terroriste serait «plus à redouter encore» qu’un hypothétique détournement d’avion qui se terminerait sur une centrale, confie-t-il au quotidien régional Augsbürger Zeitung.
Risque résiduel
Autant de risques qui ne font pas partie, évidemment, des risques «naturels» du nucléaire si l’on peut dire. Reste le «risque résiduel», celui qui provoque la catastrophe inattendue, dans un enchaînement d’événements imprévisibles, à l’instar de Fukushima. Angela Merkel expliquait elle- même cette semaine dans l’hebdomadaire Die Zeit, que le risque «résiduel» n’est plus une simple théorie aujourd’hui. Un enchaînement d’événements conduisant à la catastrophe est aussi possible en Allemagne, reconnaît-elle. Un aveu qui pèsera vraisemblablement dans la décision que prendra le gouvernement le 8 juin pour fixer une date définitive d’arrêt des centrales.
Source : la tribune de Genève