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Les anomalies de série s’accumulent sur les plus vieilles centrales françaises
Dernier ajout : 18 février.
Nouvelle découverte par EDF d’anomalies de série compromettant la sûreté nucléaire sur 19 réacteurs...
Elle fait suite aux précédentes révélations du Réseau "Sortir du nucléaire" : suite à de récentes études, EDF vient de "découvrir" une inquiétante "anomalie" de série sur 34 de ses réacteurs : sur tous les réacteurs de 900 MW, en cas de fuite importante du circuit primaire, le circuit d’injection d’eau de sécurité pourrait s’avérer incapable d’empêcher la fusion du coeur.
Citation de M. Andre-Claude Lacoste en 2005, alors Directeur Général de la sûreté Nucléaire et de la radioprotection (DGSNR) et aujourd’hui président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) : "L’obsession est l’apparition d’un problème de sûreté générique grave, je serais conduit à aller voir le Premier Ministre et lui dire : « Monsieur le premier Ministre, vous avez le choix entre deux décisions possibles : première version, on coupe l’électricité ; deuxième version, on continue à faire fonctionner le parc nucléaire d’EDF dans un mode dégradé. » Ce n’est vraiment pas le genre de circonstances dans lesquelles je souhaite que moi-même ou mon successeur, nous nous trouvions."
18 février 2011 : Avalanche d’anomalies de série sur 19 des plus anciens réacteurs français : rien ne va plus !
Notre communiqué de presse du 18/02/2011
Nouvelle découverte par EDF d’anomalies de série compromettant la sûreté nucléaire sur 19 réacteurs...
Nouvelle découverte d’anomalies de série
Probablement échaudée par l’alerte lancée vendredi dernier par le Réseau « Sortir du nucléaire » sur une grave anomalie sur le système principal de prévention de fusion du cœur en cas de fuite importante du circuit primaire(i), EDF se voit obligée de révéler une nouvelle anomalie qui met en péril la sûreté nucléaire (ii). Il s’agit d’une usure prématurée des « coussinets » des groupes électrogènes de secours, usure qui peut entraîner leur défaillance. Ces groupes électrogènes sont censés prendre le relais en cas de perte d’alimentation électrique extérieure, pour continuer à assurer les « fonctions vitales » de la centrale. La perte d’alimentation électrique d’un réacteur est un facteur de risque d’accident nucléaire majeur. C’est la deuxième génération de coussinets qui pose des problèmes depuis 2009. Comme EDF n’a pas encore conçu de nouveaux coussinets, elle est condamnée à remplacer les coussinets usés prématurément par d’autres coussinets au défaut d’usure similaire (iii). Ce défaut concerne 19 réacteurs de 900 MW déjà fragilisés par l’anomalie non résolue sur les systèmes de refroidissement de secours. Le problème a été classé au niveau 1 de l’échelle INES sur les centrales du Blayais (Gironde), Bugey (Ain), Chinon (Indre-et-Loire), Cruas (Ardèche), Dampierre (Loiret), Gravelines (Nord), Saint-Laurent des Eaux (Loir-et-Cher). Au Tricastin (Drôme), l’anomalie a été classée au niveau 2, tous les groupes électrogènes des réacteurs 3 et 4 étant concernés, ainsi que celui de la centrale (iv). Tous ces réacteurs sont donc doublement vulnérables au risque de fusion du cœur. Rafistoler à grands frais ou fermer pour de bon ? Plus que jamais, le parc nucléaire français se révèle un colosse aux pieds d’argile. Malgré les déclarations rassurantes d’EDF, ce cocktail explosif d’accumulation de défauts de sûreté, dans un contexte de vieillissement des réacteurs, fait froid dans le dos. Combien de défauts graves pour la sécurité restent encore à découvrir ? Les centrales concernées par l’anomalie atteignent leurs 30 ans. Montrant des signes évidents d’usures, elles font l’objet de vastes projets de rafistolage généralisé. Chaque défaut générique constaté a un coût significatif, qui se rajoute à celui d’une grande campagne de renouvellement des générateurs de vapeurs vieillissants (v) ; le tout aura inévitablement des répercussions sur le prix de l’électricité nucléaire. En repoussant la fermeture de réacteurs vieillissants et à la sûreté défaillante, les autorités imposent à la population un risque inacceptable. La première priorité est d’enclencher dès maintenant un plan de sortie du nucléaire, pour doter enfin la France d’énergies vraiment propres et vraiment sûres. Le Réseau « Sortir du nucléaire » réclame donc à nouveau la fermeture préventive des réacteurs concernés, à commencer par les réacteurs 3 et 4 du Tricastin, et la mise en œuvre au plus vite d’une transition vers un avenir sans nucléaire.
Contacts :
11 février 2011 : ALERTE : grave défaillance de sûreté sur 34 réacteurs nucléaires français
Notre communiqué de presse du 11/02/2011 Le Réseau "Sortir du nucléaire" tire la sonnette d’alarme et demande à l’ASN de jouer son rôle et d’exiger d’EDF la fermeture préventive des réacteurs concernés "Découverte" récente d’une inquiétante "anomalie" de série sur 34 réacteurs
La nouvelle est restée discrètement enfouie au fond du site de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) : suite à de récentes études, EDF vient de
"découvrir" une inquiétante "anomalie" de série sur 34 de ses réacteurs. Sur tous les réacteurs de 900 MW, en cas de fuite importante du circuit primaire, le circuit d’injection
d’eau de sécurité pourrait s’avérer incapable d’empêcher la fusion du coeur. Le système d’injection d’eau de sécurité est le seul dispositif qui permette de retarder une fusion du coeur nucléaire lors d’une fuite importante d’eau du circuit primaire. Son rôle est d’injecter massivement de l’eau borée (ii) dans ce circuit pour étouffer la réaction nucléaire et refroidir le coeur. Or EDF découvre, alors que les premiers réacteurs 900 MW tournent depuis plus de 30 ans (iii) , qu’elle est incapable de mesurer si l’eau injectée par ce système se répartit uniformément dans les trois boucles du circuit primaire de ces réacteurs ; de l’aveu de l’ASN, cela "pourrait ne pas permettre de refroidir suffisamment le cœur du réacteur" (iv). EDF a donc laissé tourner 34 réacteurs nucléaires pendant un quart de siècle avant de s’assurer de l’efficacité du système principal de prévention de fusion du coeur nucléaire. Pourquoi cette découverte survient-elle si tardivement ? Il est extrêmement inquiétant qu’un problème d’une telle ampleur soit resté si longtemps ignoré par EDF...
Les centrales concernées sont les suivantes : Blayais (Gironde), Bugey (Ain), Chinon (Indre-et-Loire), Cruas (Ardèche), Dampierre (Loiret),
Fessenheim (Haut-Rhin), Gravelines (Nord), Saint-Laurent des Eaux (Loir-et-Cher), Tricastin (Drôme). Soit l’ensemble des 34 réacteurs nucléaires 900 MW, dont certains atteignent
déjà les 30 ans de fonctionnement. En vertu du principe de précaution, le Réseau "Sortir du nucléaire" demande la fermeture des réacteurs concernés Un accident provoqué par ces "anomalies" aurait des conséquences catastrophiques. Dans un contexte où les problèmes de sûreté se multiplient depuis quelques années (v), cette éventualité doit impérativement être prise en compte. D’autant plus que 21 des réacteurs concernés fonctionnent au MOX, un combustible à base de plutonium. Plus que jamais, la découverte de ces défaillances fait apparaître de manière criante la nécessité d’une décision politique de transition énergétique la plus rapide possible, pour sortir enfin du risque nucléaire imposé aux Français depuis des décennies. Au vu de ces défauts de sûreté, le Réseau "Sortir du nucléaire" demande à l’ASN de jouer son rôle, et d’exiger d’EDF, en vertu du principe de précaution (vi), la fermeture sans délai des 34 réacteurs concernés.
Contacts : Secrétariat national : 04 78 28 29 22
NOTES : i. Lien vers l’avis de l’ASN sur ce défaut majeur de sûreté : http://www.asn.fr/index.php/Les-actions-de-l-ASN/Le-controle/Actualites-du-controle/Avis-d-incidents-des-installation-nucleaires/2011/Anomalie-generique-concernant-le-systeme-d-injection-de-securite ii. L’eau borée a pour fonction de modérer les réactions nucléaires dans le coeur. iii. Le tout premier des réacteurs de 900 MW a été connecté au réseau électrique en avril 1977, à la centrale de Fessenheim (Alsace). Le dernier des 34 réacteurs 900 MW a été connecté au réseau électrique en novembre 1987 à la centrale de Chinon (Indre-et-Loire). v. Rapport « Le point de vue de l’IRSN sur la sûreté et la radioprotection du parc électronucléaire français en 2009 » vi. Le principe de précaution a valeur constitutionnelle depuis l’intégration de la Charte de l’Environnement dans la Constitution en 2005. |