OURS.jpgCommuniqué du WWF France,  1er juin 2011


OURS : NICOLAS SARKOZY, À L’ÉCOUTE DES LOBBIES ANTI-OURS MET UN TERME À L’AVENIR DE L’OURS DANS LES PYRÉNÉES ATLANTIQUES

 

 

Photo Roger Isoard


La réintroduction d’une ourse dans les Pyrénées-Atlantiques était une nécessité biologique pour la survie de la population d’ours des Pyrénées composée uniquement d’ours mâles en Béarn.

Cette décision aberrante est lourde d’impacts sur la biodiversité et le WWF tenait à en rappeler les conséquences autant qu’à interroger.

Pourquoi alors que le bilan de la réintroduction des ours bruns dans les Pyrénées est positif et que la sauvegarde de l’espèce ursine s’intègre tout naturellement dans la stratégie nationale pour la biodiversité de la Ministre de l’écologie Madame Nathalie Koscuisko Morizet, Nicolas Sarkozy prend la décision de condamner l’une des principales espèces déclarée « en voie d’extinction » et « prioritaire » en Europe par la directive Habitat dont la France est signataire. 

  • Un bilan incontestablement positif

Le bilan de 15 années de retour de l’ours en Pyrénées centrales s’est révélé positif :

- Les ours en provenance de Slovénie se sont bien adaptés à leur nouveau territoire pyrénéen

Pour preuve la bonne reproduction observée, y compris un cas de reproduction d’un mâle (Néré) avec la dernière femelle de souche pyrénéenne (Cannelle).

- Les Pyrénéens comme les français sont favorables à la présence de l’ours

Toutes les études d’opinion le montrent, malgré la désinformation menée par les opposants. Les6800 soutiens qu’ils revendiquent représentent moins de 2% des Pyrénéens consultés en 2011 sur le lâcher d’une ourse en Béarn.

- L’ours n’est pas dangereux pour l’homme

Aucune attaque d’ours sur un homme n’a été constatée en 15 ans, et même depuis 150 ans dans les Pyrénées.

- L’ours ne menace pas l’élevage

Les dégâts causés par les ours sont limités et baissent alors que le nombre d’ours augmente. Grâce aux mesures de protection des troupeaux, les pertes globales sont même plus réduites qu’avant 1996 ! Le retour de l’ours a aussi permis de mobiliser d’importants moyens pour moderniser les conditions de vie et de travail des bergers en montagne.

- L’ours constitue un atout économique, hélas trop souvent ignoré

Des expérimentations de valorisation économique ont démontré leur pertinence. Mais le climat de polémique et de violence créé par certains opposants en empêche le développement et prive les Pyrénées et les Pyrénéens de ressources importantes.

  • Un tour de passe-passe électoraliste

Cette décision de condamner l’avenir des ours dans les Pyrénées-Atlantiques est intolérable.

Elle est aux yeux des protecteurs de la biodiversité le choix de celui qui décrète la disparition des ours sous la dictée d’intérêts électoralistes (pression de lobbys, intérêts électoraux locaux,…).

Aujourd’hui, ce n’est pas seulement un non à la ré-introduction d’un ours que Nicolas Sarkozy décide, c’est aussi décider que les ours n’ont plus leur place dans les Pyrénées Atlantiques. Par cette décision devenue politique parce que prise par le président plutôt que par la seule ministre de l’écologie et de l’environnement, l’ours qui avait échappé à ces opposants locaux (chasseurs, élus ou éleveurs) n’aura pas survécu au tour de passe-passe qui a fait s’échapper « le dossier ours » des mains de la ministre habilitée, en terme d’expertise et de responsabilités, à juger des véritables enjeux de cette question, à savoir la survie d’une espèce déclarée « prioritaire » au niveau européen.

  • Des conséquences dramatiques

Sur une population de 20 individus, il ne reste que deux mâles adultes en Béarn. Les dernières ourses de la zone ont été tuées, Cannelle par un chasseur, Fransca dans un accident de la route.

Il faut remplacer les ours tués par l’homme. « C’était le minimum annoncé il y presqu’un an et l’on était en droit de l’attendre une semaine après le lancement de la stratégie nationale pour la biodiversité. On peut maintenant s’interroger sur l’influence de la France à demander aux pays en voie de développement de protéger leur biodiversité et leurs espèces de grandes tailles, comme l’éléphant ou le tigre, qui peuvent entrer en conflit avec les activités humaines » déclare Christine Sourd, Directrice adjointe des Programmes du WWF France en charge de la biodiversité.

Nous dénonçons cette décision qui est un non sens et une négation du travail sérieux fait par l’ONCFS pour préparer cette réintroduction. Nous refusons tout simplement que l’ours brun disparaisse.

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Communiqué de Nature Midi Pyrénées, 3 juin 2011


L’Etat abandonne l’Ours!

En refusant de lâcher une ourse en Béarn comme il s’y était engagé il y a moins d’un an, l’Etat renonce à sauver la population d’Ours brun des Pyrénées, trop faible pour pouvoir se maintenir sur le long terme sans apport de sang neuf.

L’émotion qu’a générée la mort de Cannelle est bel et bien oubliée, la page est tournée. En quelques décennies, l’homme aura donc réussi à détruire un patrimoine vieux de plusieurs millénaires. Bravo !

Au delà du cas de l’ours, cette décision vient mettre le doute sur la volonté réelle du gouvernement de préserver la biodiversité. Nous avons eu beaucoup de promesses, de discours, parfois enflammés, nous attendions les actes, nous les attendons toujours…

L’occasion était belle, mais le gouvernement a choisi de ne pas la saisir. En préférant céder aux revendications d’intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général, il envoie un message clair sur ses priorités. Nous en prenons acte et ne nourrissons désormais plus guère d’illusions quant à la Stratégie Pyrénéenne pour la Valorisation de la Biodiversité, puisque l’Etat vient d’en sacrifier un représentant emblématique sur l’autel d’ambitions électorales.

En prétextant les difficultés du monde agricole pour justifier sa position, l’Etat fait par ailleurs fausse route, la présence de l’ours ayant justement permis d’apporter des aides supplémentaires aux éleveurs, notamment en Béarn. Sa disparition pourrait donc compliquer la survie des exploitations de montagne. Du gâchis.

Au sein des associations de protection de la nature, le sentiment est à l’incompréhension et à la colère, mais le combat continue. La protection de la biodiversité n’est pas un enjeu prioritaire, il est primordial.

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Communiqué de FERUS, 1er juin 2011

Les ours béarnais abandonnés

L’Etat français a donc décidé de ne pas lâcher la femelle qu’il avait promis de réintroduire en Béarn, où ne subsistent que deux mâles. Il renie ainsi l’engagement qu’il avait pris l’an dernier de remplacer les ours tués par la faute de l’homme.  Il renonce par là même à sa décision de procéder par toutes petites étapes au soutien  d’une population d’ours pyrénéens en grande difficulté, faute d’avoir affiché sa volonté de la restaurer. 

FERUS regrette profondément et condamne ce piteux abandon au bout d’un long processus de concertation, de consultation, de recueil d’avis scientifiques. Tous globalement favorables malgré les habituels hurlements des éleveurs, et des élus de service qui veulent s’attacher leurs votes minoritaires mais encore influents.

C’est une triste nouvelle pour le Béarn d’abord, ces vallées d’Aspe et d’Ossau où ont longtemps vécu les derniers ours d’origine dans des milieux naturels  très propices. Le fils de l’ourse Cannelle les fréquente encore mais il n’aura pas de descendance. Les quelques caciques locaux qui monopolisent l’expression publique et ont dépensé tant d’énergie et d’argent public pour parvenir à ce rejet seront les seuls à applaudir.

C’est également une triste nouvelle pour la France qui a envie de nature, les Français le disent chaque fois qu’ils sont interrogés. La biodiversité française a moins besoin de stratégies successives que d’un peu de courage de la part des généraux en chef et de la mise en œuvre des  moyens nécessaires.  La France reste un pays de second rang pour l’écologie en Europe, cette affaire n’en est qu’une manifestation de plus.

Curieux pays en outre, où l’apport d’un seul animal dans le cadre d’un programme de gestion qui a déjà fait l’objet d’innombrables études, programmes, annonces et mises en œuvre est suspendu au choix du chef de l’Etat. Obama et Merkel en font-il autant ?

FERUS se battra pour que cet échec ne marque pas la fin de l’histoire, aux côtés des autres ONG qui défendent la nature et la faune sauvage, et plus largement des relations apaisées entre l’homme et un environnement dont il fait partie.

Nous travaillerons en priorité pour les ours qui s’accrochent dans les Pyrénées centrales et font preuve d’une remarquable vitalité : ils survivront à ceux qui gouvernent aujourd’hui. Nous devons continuer de préparer les conditions de leur renforcement qui sera remis en débat après 2012. Nous verrons d’ici là ce que diront les instances européennes devant le refus de la France d’ignorer son obligation de rétablir les espèces prioritaires en grand danger telles que l’ours.

 

 

Source : FERUS

Tag(s) : #environnement
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