1502-006205758.jpg"J'espère que vous rigolerez comme des enfants, sans vous prendre la tête. 
Amusez-vous bien !”
Beat Takeshi Kitano

Durant tout l'été et jusqu'au 12 septembre 2010, la Fondation Cartier pour l'art contemporain présente Gosse de peintre, une exposition qui s'installe avec finesse et impertinence dans le monde de l'enfance.

 
Depuis le 11 mars, plus de 90 000 visiteurs ont déjà découvert l'univers ludique de Beat Takehi Kitano qui transforme le musée en un parc d'attractions extraordinaire débordant d'ateliers, de leçons de choses, de jeux et de gags.

" I hope that you will laugh like children, without taking it too seriously.
Have fun!”
Beat Takeshi Kitano

 

C’est avec plaisir, humour et sérieux que Beat Takeshi Kitano s’est lancé dans
Gosse de peintre, un projet singulier qui s’installe avec finesse et impertinence
dans le monde de l’enfance. Inventée de toutes pièces par Beat Takeshi Kitano
pour la Fondation Cartier pour l’art contemporain, l’exposition Gosse de peintre
est présentée du 11 mars au 12 septembre 2010. Avec des peintures, des
vidéos, mais aussi des objets insolites, des décors, des machines fantasques
et sensationnelles, Beat Takeshi Kitano conduit le visiteur de surprise en gag,
de jeu en leçon de choses, se moquant de l’art contemporain, s’amusant avec
l’histoire et les sciences et se jouant des clichés associés à son pays, le Japon.

 

=======================================================================

kitano.jpegENTRETIEN AVEC BEAT TAKESHI KITANO

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MICHEL TEMMAN (EXTRAITs DU CATALOGUE)


MICHEL TEMAN Votre exposition à la Fondation Cartier est un nouveau pas dans votre carrière déjà très prolifique. C’est un rêve devenu réalité ?


Beat takeshi kitano : J’ai l’impression d’être un alpiniste à qui l’on aurait demandé d’escalader l’Everest sans réserves d’oxygène. Quand la Fondation Cartier m’a proposé de faire cette exposition, peut-être est-ce le manque d’oxygène qui m’a conduit à dire : « Entendu, j’accepte ! » Il me semble, en tout cas, que j’étais déshydraté. Arrivé à un stade des préparatifs où il était devenu difficile de dire : « Finalement, je ne suis plus très sûr de moi », j’étais inquiet. Un point de non-retour avait été atteint, et j’avais envie de dire à la Fondation : « Attendez une seconde ! Va-t-on vraiment monter cette exposition ? » […]


MICHEL TEMAN Quelles étaient vos priorités et quel était votre désir le plus ardent lors du processus de création de l’exposition ? Qu’aviez-vous en tête ?


Beat takeshi kitano : J’aime la peinture et le travail des
peintres de la Renaissance, comme Léonard de Vinci. Ce que
j’apprécie chez eux, c’est qu’au cours de leur vie ils n’empruntent
pas qu’une seule voie, ni ne se définissent en fonction
d’elle. De Vinci était peintre, mais il était aussi scientifique.
J’aime l’idée qu’il pouvait intervenir sur divers éléments de
tel ou tel champ d’application à la fois, et que ce tout constituait
son oeuvre artistique. Il pouvait faire sans cesse quelque
chose de nouveau avec ses mains. J’aime cette approche,
cette qualité, ce genre de versatilité propre aux artistes de la
Renaissance. Mais de nos jours, il est devenu affreusement
ordinaire de ségréguer et séparer ces champs dont on parle.
On pense de nos jours qu’il faut séparer les disciplines, les
artistes et les scientifiques. La spécialisation est plus apparente
à notre époque. Mais si on songe à l’éducation de nos
enfants – et en vérité, cela ne concerne pas que les enfants
mais tout le monde –, il est bien plus stimulant et intéressant
de mélanger les disciplines entre elles. Bien sûr, en tant que
comédien, je n’ai pu m’empêcher d’instiller dans cette exposition
des éléments qui sont ceux du registre de la comédie.
Le résultat ? On ne le connaît pas. Peut-être qu’un enfant
stupéfait par telle ou telle installation ressentira l’envie de
devenir scientifique, ou artiste ? Un autre préférera plutôt
devenir comédien ? […]


MICHEL TEMAN Le titre de l’exposition Gosse de peintre, choisi par Hervé Chandès, le directeur de la Fondation Cartier, est le surnom qui vous était donné à l’école lorsque vous étiez enfant par d’autres enfants qui se moquaient de la profession de votre père…


Beat takeshi kitano : C’est vrai, et je crois que le titre correspond
bien au message que je voulais transmettre. Parce que
j’étais un « gosse de peintre », des enfants se moquaient de
moi en effet. Lorsque j’étais à l’école élémentaire, au collège et
au lycée, d’autres enfants et adolescents me disaient : « Oh !
Tu es fils de peintre en bâtiment ! » J’entendais cela très souvent.
Et c’est pour cela qu’à l’école, je suis devenu plus distant
avec mes copains. J’ignore quelle est la situation en Europe,
mais au Japon on se moque facilement des peintres en bâtiment
serrés dans leur uniforme de travail sale et taché. Et
c’est parce qu’ils sont sales qu’ils sont la cible de moqueries.
Moi, à l’école, j’étais hors de ces petits jeux railleurs et féroces,
et content de l’être. Du coup, j’observais ces enfants de
l’extérieur, de façon, je crois, objective. […]


MICHEL TEMAN Elle [l’exposition] est la première à vous révéler comme artiste visuel. Elle aurait pu s’intituler Les Vertiges de Takeshi tant elle inclut de formes diverses de votre expression artistique. Après Beat Takeshi l’animateur télé et Kitano le cinéaste, un nouveau Takeshi est né ?


Beat takeshi kitano : Quand je travaille à la télévision ou sur
des films destinés au grand écran, il y a, inévitablement, un
certain nombre de limites. C’est le cas dans mes shows télévisés,
en termes de contenus. Bien sûr, les directeurs de chaînes
et les producteurs me disent que je peux faire ce que je veux.
Mais vous êtes bien obligé, à un certain stade, de considérer
les implications commerciales de ces shows diffusés sur des
chaînes privées, et la présence inévitable des annonceurs. Il
vous est impossible, par exemple, de les critiquer durant ces
shows. Ce genre de limites existe aussi au cinéma, soumis à
d’autres types de contraintes. Mais c’est vrai qu’à l’inverse,
en termes de direction, il n’y avait, dans cette exposition,
aucune limite – je ne parle pas de celle de l’espace, limité par
définition –, et cela était assez nouveau. Tout ce qu’on peut
y voir reflète cette liberté. Cette exposition voyage aussi loin
que je l’ai voulu, dans mon univers.

Infos pratiques

Comment venir
Métro Raspail ou Denfert-Rochereau (lignes 4 et 6)
Bus 38, 68, 88, 91 / RER : Denfert-Rochereau (ligne B)
Vélib’ 2, rue Victor Schoelcher
Stationnement réservé aux visiteurs handicapés moteur devant le 2, rue Victor Schoelcher

Exposition
Tous les jours, sauf le lundi, de 11h à 20h.
Nocturne le mardi jusqu’à 22h.

Tarifs
Droit d’entrée : 7,50 €
Tarif réduit : 5 € (étudiants, moins de 25 ans, carte Senior, Amis des Musées, demandeurs d’emploi, Maison des artistes)
Gratuit : Laissez-passer, Cercle des amis, moins de 10 ans, ICOM.

 

+CATALOGUE / Publication Beat Takeshi Kitano, Gosse de peintre
Cet ouvrage propose une immersion dans l’univers de Kitano et présente l’envers du décor de l’exposition. À travers des croquis d’objets, des plans d’installations, des peintures de l’artiste, il revient sur la genèse d’un projet hors du commun. Une riche iconographie consacrée à ses films et ses principales émissions télévisées permet également de retracer en images la carrière exceptionnelle de Kitano. Une édition limitée de 150 exemplaires sous coffret, accompagnés d’une lithographie et signés par l’artiste, est disponible en exclusivité à la librairie de la Fondation Cartier et sur fondation.cartier.com. Prix sur demande.
Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris / Actes Sud, Arles
Broché, 264 pages, 24 × 30 cm,
200 reproductions couleur, 43 €
 

 

Source : Fondation Cartier.com 

Tag(s) : #arts
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :