Déclaration
Nous démissionnons du conseil national du PCF
Nous tirons aujourd’hui les leçons du fonctionnement de la direction nationale du Parti
communiste français depuis son congrès de décembre 2008.
Lors de la préparation de ce congrès, pour la première fois depuis de nombreuses
années, la direction sortante avait décidé de présenter une liste pour le Conseil national
dont étaient éliminés la plupart des camarades en désaccord politique.
En présentant une liste alternative1 en faveur de la transformation du PCF - une
première dans son histoire -, nombre d’entre nous avaient voulu tenter une fois encore
de contribuer à la vie du parti, à son évolution, en réfutant l’idée que la diversité n’a pas
sa place au sein de ses directions et en refusant que cette place dépende du bon vouloir
du noyau dirigeant.
Malgré les logiques d’exclusion à l’oeuvre depuis l’échec de la candidature unitaire en
2007 - alors que 10 000 communistes s’étaient prononcés pour le retrait de la
candidature de Marie-George Buffet à l’élection présidentielle -, nous avons alors choisi
de jouer le jeu de l’effort de conviction et du débat, en sachant que nos points de vue ne
seraient pas nécessairement majoritaires.
Nous ne constatons pas seulement que la récente période se caractérise par une
incohérence stratégique inédite ; nous constatons un recul de la vie démocratique en
interne et une opacité croissante du fonctionnement de la direction.
Le Collège exécutif et le Conseil national ne sont pas des vrais lieux de décision ; le
parti est dirigé par un groupe restreint non statutaire, qui s’affranchit de toute règle,
notamment celle de la parité (la coordination nationale compte 8 hommes sur 9
membres). Ils accaparent le pouvoir, motivé d’abord par le maintien de l’appareil.
La vie du Conseil national est atone. Les ordres du jour sont le plus souvent déconnectés
des enjeux du pays : absence de CN sur la crise ; annulation du CN sur la jeunesse ;
réflexion en jachère sur les banlieues ; annulation de la séance prévue sur les modes de
développement et les enjeux écologiques, etc.
Les rapports d’introduction n’ont jamais exposé clairement les points de vue en
présence et les rapporteurs sont toujours « de toute confiance » pour le noyau dirigeant.
Lors des réunions du Conseil national, la secrétaire nationale bénéficie d’un temps de
parole sans limites ; l’ordre des prises de paroles est à la discrétion de la présidence ; les
interventions de ses membres n’ont aucun impact sur les résolutions…
1 Cette liste, composée de militants aux points de vue très variés mais favorables à la transformation du parti
communiste, a obtenu 17 % des voix des congressistes.
Le successeur de Marie-George Buffet au poste de secrétaire national est décidé et
annoncé par elle-seule.
Le congrès avait annoncé la transformation du parti. Une commission avait été créée…
Elle est restée sans suite.
La diversité dans le parti n’est même plus énoncée comme une richesse ; elle est
étouffée quand elle n’est pas ouvertement considérée comme une entrave, en
contradiction avec la nécessité d’espaces politiques pluralistes, avec le besoin
d’horizontalité et avec l’enjeu d’inventer une nouvelle façon d’animer l’action politique.
Enfin, lors des élections régionales, la mise à l’écart des Unitaires et celle d’autres
communistes de différentes sensibilités a été systématique.
Nous ne voulons plus faire semblant d’être membres de la direction du parti.
Indépendamment de nos choix concernant l’avenir de notre engagement au sein du PCF,
nous quittons le conseil national.
9 avril 2010
Julien Alapetite, Gilles Alfonsi, Cendrine Berger,
Patrick Braouezec, Bernard Calabuig, Christian Hervy,
Sylvie Larue, Patricia Latour, David Proult,
Rosita Jaouen, Anne Jollet, Philippe Stierlin,
Catherine Tricot, Sylvie Tricot-Devert.