En nous promenant sur des sites amis ce matin du premier mai, nous sommes tombés en arrêt sur cet article sur BELLA CIAO sur l'actuelle signification du premier mai, celui dont Thibault nous disait cette semaine qu'il ne serait pas rituel !!!
Sans rire !
Comme cet article nous semble particulièrement fiable et lucide, nous le publions ce matin.
Que ceux qui ont peur de la lucidité en politique évitent de le lire ! Cela pourrait troubler leur sommeil !
Merci à l'auteur, cela fait plaisir parfois de ne pas être seul à partager certaines idées.
Pour voir le site de l'auteur :
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Morne 1er mai : ce texte est une provocation utile ...
samedi 1er mai 2010
(09h14)
MORNE 1er MAI
(Patrick Mignard)
La tradition a la vie dure, et nous mène durement la
vie. Il y aurait/a des « passages obligés » par lequel, en fonction de ses convictions et de ses engagements, l’on doit passer au risque de se « dédire », de « trahir » et de « culpabiliser
».
Il est toujours difficile de se dégager, libérer de la tradition, même
quand celle-ci apparaît comme obsolète. Abandonner le tradition, c’est abandonner une partie de soi, de son histoire, de son engagement… et ça on le vit mal, de même que les autres vivent mal
notre retrait et nous le font sentir. C’est même tellement douloureux chez certains, qu’ils préfèrent vivre dans le déni et refuser de voir la réalité……
Alors, soit on se défile subrepticement, sur la pointe des pieds, soit on assume
publiquement au risque de se faire montrer du doigt.
UN PEU
D’HISTOIRE
La création du 1er Mai est incontestablement une conquête
politique et un moment important de la prise de « conscience de classe » de la classe ouvrière.
Tout cela se passait à une époque de montée « triomphante » du capitalisme, dans quelques pays qui allaient dominer l’économie
mondiale durant un siècle. Dominant par la puissance de leur technologie, la possession des capitaux, le contrôle mondial des matières premières et des énergies, une force de travail abondante,
un contexte politique et idéologique susceptible d’asservir « démocratiquement » - et par la violence si nécessaire (fascismes) - le plus grand nombre.
Cette classe ouvrière, déclarée « fossoyeuse du capitalisme » était indispensable aux grands
patrons de l’industrie et de ce fait capable de leur faire lâcher de substantiels avantages.
La résultante des luttes entre le Capital et le Travail a été, historiquement une côte mal taillée dont on paie aujourd’hui les conséquences, ou plutôt les inconséquences : des
avantages sociaux pour les uns, la conservation du système marchand pour les autres. Les « expériences soviétiques » ont toutes sombré dans la catastrophe avec retour au
capitalisme.
Lorsque les cartes, au niveau des États ont été redistribuées
(décolonisation), que le progrès technique a remplacé massivement l’homme par la machine, que les moyens de communication ont permis une explosion de la valorisation du capital (mondialisation),
que le marché du travail est devenu mondial,… le Capital s’est adapté,… c’est même lui qui a façonné la mondialisation. La mondialisation c’est sa mondialisation. Le Travail, lui, est resté sur
ses positions ambiguës - réformer plutôt que renverser - et sur ses formes de luttes.
Ainsi, cette « classe ouvrière des pays industriels qui devait anéantir le capitalisme » s’est retrouvée en position défensive, de faiblesse et même en liquidation dans ses
bastions les plus puissants. L’ « internationalisme prolétarien s’est volatilisé », les luttes sont devenus obsolètes devant un Capital qui peut les contourner, le refus de l’exploitation a été
remplacé par la crainte de l’exclusion.
On ne se bat plus contre le
patron, mais pour qu’il nous garde. On ne se bat plus « pour l’abolition du salariat » (article 2 des statuts de la CGT en 1906),… on en redemande.
Le chômage s’est envolé, les services publics sont liquidés, de même que, progressivement,
les acquis sociaux. Le système des retraites est peu à peu liquidé,… Seuls, les gardiens de musée de l’orthodoxie prolétarienne osent ânonner les vieux slogans qui sentent bon la naphtaline !
Nostalgie quand tu nous tiens !
Des manifestations, des pétitions, des
occupations, des séquestrations, des lamentations,… il y en a tous les jours… Certains vont même jusqu’au suicide. Résultat : NEANT Rien n’y fait, le Capital sûr de lui continue à prospérer se
payant même le luxe de faire payer ses erreurs à ses victimes.
QUE
FETE-T-ON EXACTEMENT AUJOURD’HUI ?
A risque de passer pour hérétique, on
est en droit de se poser la question.
Jamais un 1er mai n’a été
révolutionnaire, point d’orgue ou point de départ de renversement du capitalisme. Tout s’est toujours joué au niveau du discours, des slogans et des symboles. Revendicatif oui. Révolutionnaire
non.
Ceci est encore plus vrai aujourd’hui qu’hier.
Hier, manifester, c’était montrer sa force – qui était réelle – c’était arracher des
concessions, des avantages au Capital. Aujourd’hui, manifester c’est protester sachant que l’on ne fait qu’accompagner la liquidation des acquis sociaux, des entreprises.
Hier manifester et faire grève c’était mettre le couteau sur la gorge du Capital.
Aujourd’hui le Capital se fout royalement de nos mobilisations,… et le dit ouvertement. On manifeste et l’on fait grève pour que les licenciements soient le moins douloureux
possibles.
Un 1er Mai sur fond de régression sociale, d’accroissement des
inégalités, de liquidations d’un siècle d’acquis sociaux et… d’impuissance dans les luttes.
Hier on montrait sa force. Aujourd’hui on étale sa faiblesse.
C’est dur à admettre, mais il faut bien le reconnaître : nous sommes passés du 1er Mai triomphant au 1er Mai de la soumission et de la capitulation.
Le poids de la tradition, allié à l’hyper bureaucratisation des organisations ouvrières a
fait du 1er Mai un véritable mythe intouchable… toute remise en question tenant du sacrilège.
Le 1er Mai fait parti d’un folklore désuet, qui ne correspond plus à la situation stratégique des salariés dans le système
marchand.
Ce mythe est tenace,… et on y tient d’autant plus qu’il n’y a
rien – ou pas grand-chose - à côté pour exprimer l’aggravation de la condition salariale. Le 1er Mai devient une sorte au messe ou toutes et tous communient, se donnant l’impression de l’unité,
de la solidarité et… de l’efficacité. Un exutoire sans lendemain qui se base sur des formes de luttes aujourd’hui dépassées et un avenir politique et social incertain et plus que
sombre.
Qui peut croire aujourd’hui, que dans les conditions d’existence
du Capital, de son existence multiforme, de ses capacités d’adaptation et de nuisance, fondé sur un système politique démagogique et manipulateur, des démonstrations de rues peuvent le faire
reculer ?
Le 1er mai devient le chant du cygne du mouvement social avant
le « grand silence » de l’été.
Ne nous faisons aucune illusion… les
gestionnaires du Capital, et leurs marionnettes politiques, se foutent complètement de nos mobilisations, sachant qu’elles ne débouchent sur rien. Ce 1er Mai, pas plus que ceux qui l’ont précédé
ces dernières années ne changera quoi que ce soit à la situation qui va aller en empirant.
« Mais si on ne manifeste pas le 1er Mai, qu’est ce qui nous reste pour nous exprimer ? »
Excellente question à laquelle on peut répondre à deux niveaux.
1 - Le peuple a pour s’ « exprimer » les élections dont il n’est plus à démontrer qu’elles ne servent à rien… Tout le monde n’en est
pas encore convaincu mais, petit à petit, l’idée fait son chemin….
2 –
S’il ne nous reste plus que le 1er Mai, et autres défilés folkloriques,… alors on peut légitimement en conclure que « les carottes sont cuites », et qu’aucun changement social et politique n’est
possible.
Y a-t-il une autre alternative ?… certainement, mais encore
faut-il ne pas rester le « nez dans le guidon » et suivre bêtement les organisations politiques et syndicales qui « font leur beurre » de la situation dans laquelle nous sommes. Encore faut-il
prendre des initiatives qui aillent dans le sens concret d’un changement…
Alors, le 1er Mai c’est vraiment la « lutte finale » ? On peut en douter.
1er Mai 2010 Patrick MIGNARD
Voir aussi
:
« SYNDICATS, LA FIN ? »
« ILS NE CEDERONT PLUS RIEN »
« ACQUIS SOCIAUX : RIEN N’EST JAMAIS ACQUIS »
Et en particulier pour celles et ceux qui me diront « OK qu’est ce que tu proposes ? »
« QU’EST-CE QUE CONSTRUIRE UNE ALTERNATIVE ? » (1) (2) (3) (4)
MANIFESTE POUR UNE ALTERNATIVE Mis en ligne par Patrick Mignard
pour les liens : http://endehors.net/news/morne-1er-mai
De : pilhaouer
samedi 1er mai 2010