La campagne électorale des élections régionales 2010 va démarrer. Selon les derniers sondages, les urnes seront boudées par la moitié des électeurs.
Une enquête sur la notoriété réalisée par LH2 le 3 décembre 2009 montre que les deux tiers des électeurs sont incapables de citer le nom de leur président de région, et que plus d’un tiers n’en connaît même pas l’orientation.
- Les électeurs sont-ils responsables de leur ignorance ?
- Les médias ont-ils une part de responsabilité ?
- Présentent-ils clairement l’offre politique des partis en présence ?
Les électeurs ne pourront s’intéresser à une élection que s’ils en comprennent l’enjeu. Pour cela, les hommes politiques devraient les informer sur les sujets importants, et tenter de les convaincre en faisant des propositions. Un accès équitable aux médias est un pré requis indispensable en démocratie.
Arbitrage de l’accès équitable aux médias audiovisuels par le CSA.
Le CSA est l’arbitre et le garant du pluralisme et de l’honnêteté de l’information sur les ondes. Cette mission est permanente, et particulièrement encadrée par la loi durant les périodes électorales. Les statistiques de « temps d’intervention des personnalités politiques » sont consultables sur Internet malgré un gros retard de publication. L’analyse de ces chiffres révèle quelques surprises.
Temps d’intervention, journaux de TF1, mois d’août 2009 :
- Union pour un Mouvement Populaire : 0H01m27s
- Président de la république : 0H00m57s
- Gouvernement : 0H10m15s
Ce temps total attribué à la majorité représente moins de 10 secondes par journal de TF1. À lire ce chiffre, il paraît évident que l’indicateur choisi ne représente que très partiellement le temps réellement alloué à la promotion des idées de la majorité. Comment le CSA peut-il remplir sa mission avec un tel indicateur ?
Évaluation empirique de l’accès équitable à la presse écrite.
Il n’existe pas de CSA pour la presse écrite, mais il est relativement facile de définir un indicateur empirique pour évaluer grossièrement la visibilité des différents partis. Il suffit de taper des mots-clefs dans le moteur de recherche Yahoo.fr sous la rubrique « Actualité ». Cette rubrique indexe les articles parus dans les sources importantes de la presse écrite sur une durée d’un mois, en limitant les blogs et les articles de presses diffusés exclusivement sur Internet, elle est donc assez représentative de ce que perçoit l’opinion. Voici les résultats obtenus le 27 février 2010 pour les personnalités les plus représentatives des partis candidats aux élections régionales. Les partis sont classés par ordre d’importance selon le résultat des 4 sondages parus en février sur wikipédia le 27 février 2010.
Mot clef Liste Popularité Nombre de liens trouvés sur l’actualité de Yahoo.fr
Sarkozy Majorité présidentielle 30,6% 669
Aubry PS et alliés 27,8% 92
Cohn Bendit Europe Écologie 11,8% 25
Le Pen FN 8,6% 43
Mélenchon Front de Gauche 5,6% 4
Bayrou MoDem 5% 48
Besancenot NPA 3.3% 18
Les résultats sont très révélateurs du déséquilibre entre popularité et visibilité dans la presse écrite, il y a une très nette sur représentation de Nicolas
Sarkozy, et une censure quasi complète de Jean-Luc Mélenchon. Si l’on affine l’analyse, le déséquilibre est encore plus grand, la très grande majorité des liens obtenus pour Nicolas Sarkozy sont
des articles de fond sur sa politique, il apparaît dans le titre. Pour Jean-Luc Mélenchon c’est le contraire, il est juste cité dans un article centré sur un autre sujet. Comment expliquer
l’absence totale de visibilité du projet de Jean-Luc Mélenchon dans la presse écrite française du mois de février indexée par Yahoo ?
Quelle serait la popularité de chacun si les médias étaient équitables ?
Sans présumer le résultat d’un sondage si les médias étaient équitables, on peut calculer une tendance en supposant que chaque candidat gagne une petite part de popularité à chaque apparition médiatique, certains candidat sont plus efficaces que d’autres pour convaincre.
Voici un graphique basé sur le rapport : popularité actuelle / accès aux médias
Ce graphique représente une tendance vers ce que pourrait être le paysage politique en France si les médias étaient équitables.
Il représente également les personnalités qui pourraient bénéficier le plus d’un accès médiatique impartial, et donc celles qui représentent un danger pour le pouvoir en place.
Il pourrait expliquer l’inégalité de traitement de certains candidats devant les médias.
Définir un indicateur de censure à l’usage des médias
Dans une démocratie idéale, chaque force politique présente devrait pouvoir informer les électeurs de façon équitable. Le terme équitable est adaptable suivant le moyen de communication, il peut varier de l’égalité stricte, par exemple pour l’envoi des professions de foi aux électeurs et les clips de campagne, ou comprendre une part proportionnelle à la popularité pour les journaux d’informations qui doivent arbitrer l’importance des sujets à traiter. Une sous représentation des forces politiques les plus faibles sera considérée comme inéquitable, comme une censure.
Un indicateur de censure peut donc être défini comme le rapport entre la réalité et un accès strictement proportionnel à la popularité.
Selon cet indicateur, nous pouvons déterminer le palmarès de la censure.
Mot clef Liste Popularité Nombre de liens trouvés sur l’actualité de Yahoo.fr Nombre de liens minimum pour être équitable Indicateur de censure
Mélenchon Front de Gauche 5,6% 4 55 93 %
Cohn Bendit Europe Écologie 11,8% 25 114 78 %
Aubry PS et alliés 27,8% 92 269 66 %
Le Pen FN 8,6% 43 84 49 %
Besancenot NPA 3.3% 18 32 43 %
Bayrou MoDem 5% 48 49 1 %
Sarkozy Majorité présidentielle 30,6% 669 297 - 125 %
La censure négative de Sarkozy correspond à une sur représentation de + 125 %.
Le maintien du peuple français dans l’ignorance avant une élection est-il fortuit, ou calculé pour figer le paysage politique sur une alternance UMP/PS ?
Sources :
Source pour les sondages
Source des données du CSA
Sondage LH2
Discours de Jean-Luc Mélenchon commençant par le sujet de la censure médiatique.
SOURCE / AGORAVOX