Obligation vaccinale et le puçage électronique.
Invitation aux paysans opposés à la vaccination FCO obligatoire et au puçage électronique des troupeaux, à une discussion avec le mouvement des chômeurs et précaires de Rennes, autour d’une proposition d’action commune
Ce n’est un secret pour personne, l’agriculture subit toujours plus durement l’offensive du rationalisme économique. De la crise du lait en passant par la chute des revenus généralisée, chacun peut mesurer combien s’opacifie l’avenir pour celles et ceux qui tiennent encore à leur vie « paysanne ». Mais nombreux sont ceux qui pensent que nous aurions tort de nous focaliser uniquement sur cette situation de non rémunération de nos activités, au risque de ne pas voir ce qu’il advient de l’agriculture par ailleurs. Par ailleurs, c’est-à-dire l’offensive lancée à l’égard des paysans à travers les normes sanitaires qui se multiplient. Nous faisons allusion en particulier à la vaccination obligatoire contre la FCO et au puçage électronique des brebis dès 2010 et d’ici peu pour les bovins.
Pour celles et ceux qui pensent que l’agriculture reste encore l’endroit d’une aventure avec le vivant, ces normes n’ont de raison d’être que pour mieux nous enfermer dans une logique industrielle qui n’a de cesse que de considérer le vivant comme une machine réductible à quelques paramètres maîtrisables à merci. Cette « aventure avec le vivant » est sans doute ce que la politique en matière agricole a trop facilement abandonné aux passions technicistes pour sentir l’impérieuse nécessité de s’en emparer sérieusement.
Pour beaucoup l’arrivée du puçage n’est qu’une modernisation anecdotique du vieux système de traçabilité qu’était l’étiquetage auriculaire. En rester là, c’est ne pas voir que ce qui nous est vendue comme une nécessité n’est en fait qu’une nécessité industrielle qui n’a rien à voir avec nos réalités d’éleveurs. Accepter ce fait sans broncher c’est donc faire allégeance une fois de plus à l’industrie et avancer toujours plus vers notre devenir « sous-traitant de l’agro-industrie ». Pour celles et ceux qui se vivent « éleveurs » autrement que comme « producteurs » d’animaux, c’est-à-dire qui « avouent » des relations avec leur troupeau bien ailleurs que sous le règne du rationalisme économique et industriel il y a une agression qui ne peut rester sans réaction au risque de nier le sens de ce que nous vivons.
De même, quant à l’obligation vaccinale qui nous est faite, nous mesurons combien ce que la logique industrielle bureaucratisée néglige c’est tout autant l’autonomie de l’éleveur dans sa capacité à faire des choix, que l’autonomie même des animaux en matière d’immunité. Nous ne ferons pas semblant de découvrir seulement aujourd’hui que l’enjeu industriel est bien d’éteindre cette autonomie en tant que potentialités créatrices, qui fait que la vie se distingue fondamentalement d’un logiciel et qu’elle vaut encore la peine d’être vécue.
En tant que paysans qui tenons encore à nos formes de vie, nous ne sommes donc pas uniquement sous la menace de l’économie, mais bien aussi sous la menace d’une bureaucratie qui a trouvé sa nouvelle légitimité dans la gestion de la catastrophe désormais acceptée par tous pour mieux maîtriser ce que les « lois du marché » ne contrôlent plus.
L’organisation d’une opposition à la vaccination obligatoire laisse espérer que cette analyse est encore partagée, au moins partiellement, malgré l’industrialisation déjà bien avancée de l’agriculture. Mais nous savons tous en tant que paysans que nous ne pouvons que difficilement compter sur notre capacité à installer un rapport de force suffisamment conséquent pour être efficient, sinon à enfermer nos luttes dans l’enceinte des tribunaux qui ne manqueront pas de se rappeler à nos bons souvenirs. Cette lettre constitue donc une proposition de lier à notre lutte un mouvement social en cours, celui des chômeurs et précaires, avec lequel nous partageons au moins un regard critique sur ce qu’est le travail aujourd’hui. La manière dont les chômeurs subissent le contrôle social et se voit dicter leur vie par la bureaucratie sociale n’est pas non plus sans point commun avec la réalité paysanne. L’intérêt à se réapproprier nos vies (pour le dire vite et trop simplement) n’est pas non plus la moindre des choses qui nous rapproche.
Au-delà de ces premiers mots, nous sommes quelques uns, éleveurs et chômeurs, à avoir envie d’une discussion autour de ces enjeux, avec dans l’idée de déboucher sur des actions communes à l’encontre notamment des institutions chargées d’appliquer l’obligation vaccinale et le puçage électronique.
Si cette perspective d’action va de soit pour des paysans en lutte contre ses obligations, du côté des chômeurs la manière dont il est envisagé de s’emparer de ces questions est un détournement d’une des multiples injonctions que subit un chômeur. Celui-ci est notamment incité en permanence à réévaluer ses compétences et son adaptation au monde du travail. On lui propose pour ça ce qu’ils appellent une « Evaluation en Milieu de Travail », à savoir un travail de merde, bénévole, au profit d’une ignoble entreprise. En tant que chômeurs, nous entendons refuser de répondre à ses injonctions et élaborer notre rapport au travail de manière autonome. Cela prendrait la forme d’enquêtes critiques en milieu de travail. Ce serait l’occasion autant de réfléchir sur les conditions d’un travail désirable que d’instaurer des espaces conflictuels tout en s’organisant collectivement. A ce titre ce qu’il advient du travail paysan et les luttes qui sont menées contre son intégration aux logiques industrielles intéressent largement un mouvement de chômeurs en lutte.
Pour toutes ces raisons, nous vous proposons de nous retrouver
Samedi 6 mars 2010 , à 16h00 (suivi d’un repas en soirée)
A la cantine populaire à Rennes, 244 rue de Nantes (environ 800m au Sud de la place de Bretagne, en face du magazin Azur bio)
Quelques éleveurs opposés à la mécanisation de la vie
et membres du mouvement des chômeurs et précaires en lutte de Rennes (mcpl)
contacts : mcpl2008@gmail.com
02.99.07.85.06
Source : Rennes info
Invitation aux paysans opposés à la vaccination FCO obligatoire et au puçage électronique des troupeaux, à une discussion avec le mouvement des chômeurs et précaires de Rennes, autour d’une proposition d’action commune
Ce n’est un secret pour personne, l’agriculture subit toujours plus durement l’offensive du rationalisme économique. De la crise du lait en passant par la chute des revenus généralisée, chacun peut mesurer combien s’opacifie l’avenir pour celles et ceux qui tiennent encore à leur vie « paysanne ». Mais nombreux sont ceux qui pensent que nous aurions tort de nous focaliser uniquement sur cette situation de non rémunération de nos activités, au risque de ne pas voir ce qu’il advient de l’agriculture par ailleurs. Par ailleurs, c’est-à-dire l’offensive lancée à l’égard des paysans à travers les normes sanitaires qui se multiplient. Nous faisons allusion en particulier à la vaccination obligatoire contre la FCO et au puçage électronique des brebis dès 2010 et d’ici peu pour les bovins.
Pour celles et ceux qui pensent que l’agriculture reste encore l’endroit d’une aventure avec le vivant, ces normes n’ont de raison d’être que pour mieux nous enfermer dans une logique industrielle qui n’a de cesse que de considérer le vivant comme une machine réductible à quelques paramètres maîtrisables à merci. Cette « aventure avec le vivant » est sans doute ce que la politique en matière agricole a trop facilement abandonné aux passions technicistes pour sentir l’impérieuse nécessité de s’en emparer sérieusement.
Pour beaucoup l’arrivée du puçage n’est qu’une modernisation anecdotique du vieux système de traçabilité qu’était l’étiquetage auriculaire. En rester là, c’est ne pas voir que ce qui nous est vendue comme une nécessité n’est en fait qu’une nécessité industrielle qui n’a rien à voir avec nos réalités d’éleveurs. Accepter ce fait sans broncher c’est donc faire allégeance une fois de plus à l’industrie et avancer toujours plus vers notre devenir « sous-traitant de l’agro-industrie ». Pour celles et ceux qui se vivent « éleveurs » autrement que comme « producteurs » d’animaux, c’est-à-dire qui « avouent » des relations avec leur troupeau bien ailleurs que sous le règne du rationalisme économique et industriel il y a une agression qui ne peut rester sans réaction au risque de nier le sens de ce que nous vivons.
De même, quant à l’obligation vaccinale qui nous est faite, nous mesurons combien ce que la logique industrielle bureaucratisée néglige c’est tout autant l’autonomie de l’éleveur dans sa capacité à faire des choix, que l’autonomie même des animaux en matière d’immunité. Nous ne ferons pas semblant de découvrir seulement aujourd’hui que l’enjeu industriel est bien d’éteindre cette autonomie en tant que potentialités créatrices, qui fait que la vie se distingue fondamentalement d’un logiciel et qu’elle vaut encore la peine d’être vécue.
En tant que paysans qui tenons encore à nos formes de vie, nous ne sommes donc pas uniquement sous la menace de l’économie, mais bien aussi sous la menace d’une bureaucratie qui a trouvé sa nouvelle légitimité dans la gestion de la catastrophe désormais acceptée par tous pour mieux maîtriser ce que les « lois du marché » ne contrôlent plus.
L’organisation d’une opposition à la vaccination obligatoire laisse espérer que cette analyse est encore partagée, au moins partiellement, malgré l’industrialisation déjà bien avancée de l’agriculture. Mais nous savons tous en tant que paysans que nous ne pouvons que difficilement compter sur notre capacité à installer un rapport de force suffisamment conséquent pour être efficient, sinon à enfermer nos luttes dans l’enceinte des tribunaux qui ne manqueront pas de se rappeler à nos bons souvenirs. Cette lettre constitue donc une proposition de lier à notre lutte un mouvement social en cours, celui des chômeurs et précaires, avec lequel nous partageons au moins un regard critique sur ce qu’est le travail aujourd’hui. La manière dont les chômeurs subissent le contrôle social et se voit dicter leur vie par la bureaucratie sociale n’est pas non plus sans point commun avec la réalité paysanne. L’intérêt à se réapproprier nos vies (pour le dire vite et trop simplement) n’est pas non plus la moindre des choses qui nous rapproche.
Au-delà de ces premiers mots, nous sommes quelques uns, éleveurs et chômeurs, à avoir envie d’une discussion autour de ces enjeux, avec dans l’idée de déboucher sur des actions communes à l’encontre notamment des institutions chargées d’appliquer l’obligation vaccinale et le puçage électronique.
Si cette perspective d’action va de soit pour des paysans en lutte contre ses obligations, du côté des chômeurs la manière dont il est envisagé de s’emparer de ces questions est un détournement d’une des multiples injonctions que subit un chômeur. Celui-ci est notamment incité en permanence à réévaluer ses compétences et son adaptation au monde du travail. On lui propose pour ça ce qu’ils appellent une « Evaluation en Milieu de Travail », à savoir un travail de merde, bénévole, au profit d’une ignoble entreprise. En tant que chômeurs, nous entendons refuser de répondre à ses injonctions et élaborer notre rapport au travail de manière autonome. Cela prendrait la forme d’enquêtes critiques en milieu de travail. Ce serait l’occasion autant de réfléchir sur les conditions d’un travail désirable que d’instaurer des espaces conflictuels tout en s’organisant collectivement. A ce titre ce qu’il advient du travail paysan et les luttes qui sont menées contre son intégration aux logiques industrielles intéressent largement un mouvement de chômeurs en lutte.
Pour toutes ces raisons, nous vous proposons de nous retrouver
Samedi 6 mars 2010 , à 16h00 (suivi d’un repas en soirée)
A la cantine populaire à Rennes, 244 rue de Nantes (environ 800m au Sud de la place de Bretagne, en face du magazin Azur bio)
Quelques éleveurs opposés à la mécanisation de la vie
et membres du mouvement des chômeurs et précaires en lutte de Rennes (mcpl)
contacts : mcpl2008@gmail.com
02.99.07.85.06
Source : Rennes info