En ces temps de crise, les gouvernements en Europe aiment à pratiquer la politique du bouc émissaire, cela fut le cas pour la France l'an passé où l'été fut marqué par une insupportable "chasse" aux Roms. La solidarité entre peuples tenta bien de s'activer mais notre pays subit un déficit d'informations, que les grands médias dominants ne souhaitent d'ailleurs pas combler. De tout temps il est plus facile de désigner des minorités sur un territoire donné que de tenter de résoudre les problèmes posés.
Alors qu'en est-il de ces Roms vivant dans de multiples bidonvilles. Un habitat aussi précaire que souvent caché, dans les zones périphériques de nos cités, là où personne ne devrait vivre. Sont-ils des migrants comme les autres ? Comprenons-nous bien les difficultés auxquelles ces populations sont confrontées ?
C'est à quelques questions de cette problématique que tentent de répondre ce petit livre, qui est en réalité la transcription d'une conférence-débat initiée par l'Association Emmaüs. Le but étant de rapprocher la réflexion universitaire et l'action sociale sur le terrain. Très louable intention qui est ici parfaitement réalisée avec les propos de Martin Olivera, ethnologue et docteur de l'université Paris Ouest-Nanterre. Il est membre par ailleurs de l'Observatoire européen Urba-rom, fondé en 2009. Quelqu'un qui manifestement connaît bien le sujet, d'autant plus qu'il est formateur dans le 93 auprès des professionnels du secteur social (Rues et cités) et qu'il a déjà publié "Roms de Roumanie, la diversité méconnue" en 2009 et "La tradition de l'intégration, une ethnologie des Roms Gabori" en 2011, aux éditions Petra. Editeur dont nous vous parlions déjà l'an passé.
La conférence débute sur un rapide et utile historique de l'histoire des bidonvilles. Cela est d'autant plus nécessaire que cette période nous semble déjà lointaine, alors qu'ils sont de retour depuis les années 90. Puis l'auteur répond à la question que beaucoup se posent, Roms et Tsiganes sont-ils une population problématique ? Donc mise au clair des différences entre les deux, et rappel de la nouvelle donne issue de la chute des régimes staliniens en Bulgarie et Roumanie.
Sont ensuite passées en revue les politiques de rejet avec les freins à l'insertion des familles, mais aussi les projets d'accueil, avec toujours l'épée de Damoclès des expulsions de terrain qui se multiplient depuis deux ans.
A lire cet édifiant petit livre, l'on comprend que les Roms sont avant tout des migrants économiques, que cette présence dans l'hexagone ne peut pas être considérée comme un problème franco-français,mais européen, et surtout qu'il ne s'agit pas d'un problème ethnique comme voudraient nous le faire croire certains.
En conclusion, on ne peut que recommander cette lecture. Brève, claire, compréhensible, argumentée où l'on ressent une forte expérience de la part de l'auteur. En fin de volume, quelques pages sont réservées à un rapide dialogue avec l'auditoire.
Dan29000
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Roms en (bidon)villes
Martin Olivera
Editions de la rue d'Ulm
2011 / 84 p / 5 euros
Cet article parait aussi sur le site des Agents littéraires que nous vous conseillons.
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