Une effarante accumulation de scandales autour du pouvoir et de Sarkozy
Médiapart devient un poids lourd dans la révélation des scandales qui entourent le président. Il y a bien sûr l’affaire Karachi, dont on va un peu
parler, avec leur livre en plus de leurs révélations, mais il y a tout récemment une autre bombe, ce matin-même à propos de la possible évasion fiscale de Liliane Bettencourt aidée en cela par
la femme d’Eric Woerth, sa gestionnaire de fortune, et des liaisons, selon Médiapart, avec l’ex ministre du budget, - il faut rappeler qu’il est aussi trésorier de l’UMP, j’y
reviendrai - ainsi qu’une possible intervention élyséenne dans le procès intenté par la fille à sa mère.
Pour bien nous rafraîchir la mémoire faisons une petite liste des quelques indélicatesses :
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la nuit du Fouquet’s offerte par Desmarais
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le Paloma (plusieurs centaines de milliers d’euros pour 4 jours) payé par Bolloré
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Air Bolloré pour le voyage en Egypte
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la villa à Wolfeboro offerte par des amis de Prada et Tiffany
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le voyage mexicain dans une villa d’un banquier condamné aux USA pour blanchiment d’argent de la drogue
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5 Nissan 4X4 mis à disposition gracieuse pour la famille Sarkozy Bruni à Megève quand on licenciait 20 000 personnes
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cocktail à New Tork qui a coûté 200 000 €
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concert payé à Jaunni pour le 14 juillet, l’évadé fiscal et ami du couple présidentiel (1 et quelques millions d’euros)
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le repas de l’UPM à 1 million d’euros et une douche
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le salaire de Boutin
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les 12 000 euros de cigares de Christian Blanc en un an payé par l’Etat, puis contrôle fiscal avec suspicion de dissimulation
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les repas bi-tri hebdomadaires du chef de l’Etat au Bristol (menu à 200 €) alors qu’il y a un chef payé à l’année à l’Elysée
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les invitations permanentes des élus UMP à des cocktails, repas, déjeuners, petits déjeuners dîners à l’Elysée par centaines d’invités et par dizaines
d’invitations
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le budget voyage de l’Elysée explosé
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l’aménagement de Air Sarkozy One plusieurs centaines de millions d’euros
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le fils Bachelot et son poste dans un organisme dépendant du ministère de sa mère
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la fameuse affaire de l’Epad
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le fils Pierre emmené, comme le fils Louis, dans des voyages officiels d’agrément comme le Maroc, le Mexique, l’ONU ou les jeux Olympiques, quand ils n’ont aucune
charge de responsabilité politique ni industriel
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la réservation de la suite junior pour Rama Yade (plus de 600 € la nuit) pour son voyage en Afrique du sud
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l’affaire des préfets saqués (pour des sifflets et pour crime de lèse pelouse)
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le coût astronomique des voyages sécurisés du Président de la République, coûts directs et indirects par paralysie des villes
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les sondages et les rémunérations illégales et énormes des conseillers en « sondagistique » Giacometti et Buisson (enquête refusée par le parlement
UMP)
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déclaration new yorkaise concernant la culpabilité avant procès, procès qui a relaxé Villepin
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l’affaire Tapie avec 45 millions d’euros d’indemnités
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conseil donnés au Président de la République par un conseiller du ministère de la justice dans l’affaire Clearstream
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Président attaquant en justice alors qu’il est protégé par son immunité ce qui crée une distorsion devant la justice et une inégalité certaine et
préjudiciable
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le voyage d’Estrosi en jet privé depuis New York payé par l’Etat,
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l’appartement de fonction de Fadela Amara illégalement mis à disposition de sa famille
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Pérol nommé à la tête du regroupement des Caisses d’Epargne et des Banques populaires
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Richard nommé à la tête d’Orange, Richard condamné pour fraude fiscale, qui a reversé au trésor public 660 000 € en septembre 2007, alors directeur de cabinet du
ministère de l’économie (on croit rêver) dont 5 % pour mauvaise foi
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Michèle Laroque, compagne d’un certain Baroin, ex Chiraquien reconverti, revient d’urgence se fiscaliser en France après une évasion de plusieurs années aux USA
dans l’Etat du Nevada le moins fiscalisé,
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rémunération illégale du Président de la République de septembre 2007 au 31 décembre 2007
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les légions d’honneur distribuées comme des petits pains aux amis du pouvoir dont le Belge Frère et le Canadien Desmarais, les amis couturiers de Clara, les
copains Clavier et Réno…
etc
Venons aux trois gros morceaux.
1- Tout d’abord l’affaire Clearstream. Instrumentalisation de la justice, justice qui passe étrangement à côté d’une certaine Michèle Alliot Marie, ministre de la
défense à l’époque des faits, ministre proche de l’espion Rondot, ministre qui donc savait mais n’a même pas été interrogée, ministre étrangement impliquée dans d’autres affaires comme l’affaire
Boulin où elle savait avant même que la justice ne rejette pour une troisième ou quatrième fois la demande de révision du procès, les courriers et enveloppes ayant judicieusement disparu en mars
2010. Etrange affaire Clearstream où le principal accusé et accusateur Imad Lahoud avait rencontré de très nombreuses fois un certain Pérol, très proche collaborateur de Nicolas Sarkozy, dont la
femme était amie d’une certaine madame Woerth et avait travaillé avec ce même Woerth dans son cabinet (20 minutes) : Imad Lahoud
aurait également, selon les policiers, organisé le 25 février 2004, quelques semaines avant l’envoi de listings falsifiés à la justice, une réception à laquelle participait François Pérol, Gilles Grapinet, conseiller de Jean-Pierre Raffarin à Matignon et le beau-frère de Dominique de Villepin, Michel Piloquet.
Plus loin, on apprend que le 5 mai 2005, c’est l’actuel ministre du Budget, Eric Woerth, qu’invite Imad Lahoud,
dont l’épouse, Anne-Gabrielle Heilbronner, dirige alors le cabinet. De même, l’actuelle secrétaire d’Etat à l’Economie numérique, Nathalie
Kosciusko-Morizet, a partagé à deux reprises avec son époux, à l’époque cadre chez EADS, la table d’Imad Lahoud.
Le rapport révèle enfin que le faussaire présumé a également déjeuné avec Bernard Casanova, alors proche de Bernard
Squarcini, l’actuel patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et Brigitte Henri, qui travaillait alors avec le directeur central des Renseignements généraux (DCRG),
Yves Bertrand.
On le voit ce cher, très cher Woerth se retrouve partout. Il est évident que dans une démocratie qui se respecte le ministre du budget ne peut en même temps être le
trésorier du parti au pouvoir, mais cela est possible en Sarkoland. Ce même Woerth qui est allé en Suisse chercher des financements pendant la campagne électorale d’un candidat, un certain
Nicolas Sarkzoy (Le Matin) : Ce 23 mars 2007, Eric Woerth, alors trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, était
venu en ami à Genève. Patrick Devedjian, à l’époque député des Hauts-de-Seine, l’accompagnait. Cette visite en Suisse avait un but : récolter de
l’argent pour financer l’« effort de guerre » du candidat de la droite, opposé à sa rivale socialiste, Ségolène Royal. Le comité de soutien UMP Suisse avait vu grand pour
accueillir les émissaires de Sarkozy : une réception à l’Hôtel Crowne Plaza en début de soirée, suivie d’une réunion au Caviar House, dans la très chic rue du Rhône, avec le « premier
cercle », autrement dit, les donateurs les plus fortunés.
Banquier français amer
« Eric Woerth ne cherchait pas alors à savoir si les chèques qu’on lui remettait étaient prélevés sur des comptes
suisses non déclarés au fisc français », raconte un banquier français opérant dans une banque genevoise. S’il parle au « Matin Dimanche » aujourd’hui, c’est qu’il est
dégoûté par les « techniques peu glorieuses » employées en ce moment par le même Woerth pour faire plier les évadés fiscaux.
En 2007, les Français ayant placé illégalement leur fortune en Suisse, « pouvaient espérer qu’une fois élu, Nicolas Sarkozy ferait voter une amnistie
fiscale, poursuit le banquier désenchanté. Mais le président de la République préfère écouter la rue, qui lui demande de punir les riches. »
[…] Avant de devenir président de la République, Nicolas Sarkozy fut, notamment, avocat d’affaires. A ce titre, il
accompagnait des clients à Genève et les introduisait auprès de financiers, rapporte le site Rue89 en date du 2 avril 2009.
2- De ce lourd scandale de Clearstream il faut se souvenir que cela a un lien avec le Luxembourg et au départ avec l’affaire des frégate de Taïwan, Luxembourg qui
par sa police a fait savoir qu’elle soupçonnait Nicolas Sarkozy d’être clairement impliqué dans la création de la société Heine qui a reçu les commissions des ventes des sous-marins à Karachi
mais également aussi semble-t-il des ventes à l’Arabie saoudite ou a essayé. Cette société a été crée avec l’aval obligatoire du ministère du budget dont Nicolas Sarkozy était le ministre. Mais
il n’y a pas que la police qui sait. Il y a aussi un certain Boivin, dirigeant de cette société qui a continué ses activités malgré l’interdiction de toucher des commissions de vente d’arme. Ce
même Boivin, selon le Nouvel Obs (papier, de la semaine passée) aurait touché les 8 millions d’euros qu’il réclamait. Il avait envoyé des lettres qui ressemblaient fort à un chantage
déguisé à différentes personnalités dont Chirac et Sarkozy. Sarkozy qui parle de fable, mais là c’est du lourd et très lourd. Ce même Boivin a changé de nationalité pour devenir Luxembourgeois.
Il aurait déposé dans une banque des documents, une sorte d’assurance vie, qui prouveraient les implications des politiques dans les rétrocommissions en particulier le même montant que l’argent
déposé en liquide sur les comptes de campagne d’un certain Edouard Balladur avec pour proche collaborateur un certain Nicolas Sarkozy. Et c’est là où l’on retrouve à nouveau
MAM. Libération a pu consulter les documents que s’est procurés la
police luxembourgeoise. On ne peut qu’être effaré de ce qu’on apprend : Selon des documents inédits obtenus par Libération, cette société offshore a pu servir à violer la
législation anticorruption, au moins jusqu’en 2005. Tandis qu’elle a entretenu, au moins jusqu’en 2009, des relations directes avec les plus hautes
autorités politiques françaises - dont l’actuel président de la République. Un rôle étonnant pour une société implantée dans un paradis fiscal et qualifiée de « shadow company »
(entreprise de l’ombre) par l’un de ses principaux administrateurs, Jean-Marie Boivin, homme-orchestre des commissions sur les marchés de l’armement.Ainsi, dans une lettre du 29 novembre 2006, le comptable luxembourgeois de Heine, Yves Schmit, s’adresse-t-il à Nicolas
Sarkozy, pourtant ministre de l’Intérieur, pour régler un problème capitalistique touchant la société. Et en des termes révélateurs d’un lien de subordination : « Votre lettre du
28 septembre nous est bien parvenue. Mais à ce jour, elle n’a pas été suivie d’effet. Nous n’avons toujours pas reçu d’instruction de la part de l’Etat français » (voir fac-similé
ci-dessus).
Deux mois plus tard, le 16 janvier 2007, dans un courrier à en-tête de Heine, Boivin demande à Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense, devenue depuis ministre de la Justice, de lui « accorder prochainement un rendez-vous ». Une
démarche, semble-t-il, fructueuse. Car selon une décision méconnue jusqu’à ce jour émanant de la Haute cour de justice de l’Ile de Man, un accord a été passé sur cette île le 24 janvier 2009,
entre Heine et un « représentant du gouvernement français », avec la participation de deux fleurons de l’armement national, Thales et la DCNS (successeur de la Direction des
constructions navales). Il prévoit le versement de 8 millions d’euros d’honoraires à Jean-Marie Boivin. Pour prix de son
silence ?
Tutelle. Si MAM n’est que l’un des nombreux interlocuteurs de Heine, et pas forcément le plus assidu, son cas soulève un conflit d’intérêt. En 2007,
elle intervient comme ministre de la Défense, alors que la DCNS appartient à 74% à l’Etat. Deux ans plus tard, elle est mutée à la Justice, tutelle d’un
parquet qui freine des quatre fers une enquête pénale visant les relations entre Heine et la DCNS…
Cette affaire est sans doute un des plus gros scandale que la France ait eu à connaître. Non seulement à l’époque des faits des ministres semblent y être impliqués,
mais encore aujourd’hui. Les postes dont dépend la justice sont verrouillés. On oublie toujours un autre acteur majeur et pourtant il faut que cela se sache. Il s’agit d’un certain Hervé Morin. A
l’époque des faits il est directeur de cabinet de François Léotard, qui l’a impliqué, ministre de la défense. Il ne pouvait évidemment pas ignorer les transactions en cours pour les ventes
d’armes. Il était de fait impliqué. Et jusqu’au cou. Il faut également se souvenir de ce fait qui ajoute à son déshonneur. Il semblerait qu’en février 2007, en pleine campagne présidentielle, se
disant le soutien de François Bayrou, il aurait négocié sa place de ministre de la défense - à la lumière de cette affaire de Karachi on peut comprendre qu’il avait une monnaie d’échange
- auprès de Sarkozy. De nos jours, ce même Morin est ministre de la défense. Il bloque la transmission aux juges chargés de l’enquête, juges qui avec courage s’acharnent à découvrir la
vérité, des documents essentiels classés secret défense. Avec les deux postes clés, celui de la justice - on retrouve à nouveau MAM, l’épargnée du procès Clearstream, à nouveau en première ligne
- et celui de la défense, détenus par des ministres qui n’ont d’autre choix que de ralentir sinon arrêter le chemin vers la vérité, on ne peut qu’être inquiet de savoir si cela va aboutir,
sachant qu’en plus ce n’est rien de moins que le Président de la République qui semble impliqué. Ce dernier peut toujours parler de fable, mais la police luxembourgeoise, les documents saisis, la
pugnacité de l’avocat des familles, et le semble-t-il séreux des juges d’instruction finiront peut-être à ce que ce qui semble être une triste et épouvantable réalité soit enfin dévoilée.
3- Après le scandale de niveau supérieur de Clearstream où la justice a été instrumentalisée avec la bonne volonté du procureur Marin, peut-être pour cacher l’autre
immense scandale, celui de Karachi, voici un troisième scandale, celui révélé par Médiapart : Stupéfiant
rebondissement dans l’affaire Liliane Bettencourt. La fille unique de la milliardaire, convaincue que sa mère est dépouillée de ses biens, a transmis à la police judiciaire des enregistrements
pirates de conversations entre l’héritière de L’Oréal et ses principaux conseillers. Ces documents audio, dont Mediapart a pris connaissance, révèlent diverses opérations financières destinées à
échapper au fisc, des relations avec le ministre Eric Woerth et son épouse, ainsi que les immixtions de
l’Elysée dans la procédure judiciaire. Il faut savoir que la fille accuse la mère ou plutôt accuse un photographe d’avoir dépouillé la mère de près d’un milliard d’euros. Or madame
Woerth est la gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt. Il y a là peut-être danger pour elle. Sans compter que dans cet article du Post on liste le
nombre inimaginable de sociétés dans des paradis fiscaux appartenant à cette même fortunée dame conseillée pour ce faire par la femme de l’ex-ministre du budget, responsable de la lutte contre la
fraude fiscale.
En conclusion, on retrouve souvent les mêmes : MAM, Pérol, Woerth, Morin et bien évidemment Nicolas Sarkozy. Dans n’importe quel pays démocratique cette
invraisemblable accumulation de petits et gigantesques scandales aurait déclenché une explosion du pouvoir.
Vignette Wikipédia Sarkozy
Source : Imhotep / AGORA VOX