Grève du sud à la SNCF: Paris ne suit pas, Matabiau vote la poursuite du mouvement
SNCF. «Il faut faire monter le rapport de forces», tonne l’un. «Il faut que Paris suive. Si Saint-Lazare brûle, on continuera à mettre des buches», lui répond un autre.
11h30 ce jeudi 15 avril, gare Matabiau, assemblée générale des conducteurs grévistes de la SNCF. Au neuvième jour de conflit, une centaine de ces conducteurs sont réunis au dépôt Périole à
l’appel des syndicats CGT et Sud-rail pour décider de la poursuite du conflit.
Seuls les quatre TGV quotidiens au départ de Paris circulent normalement. Aucun au départ de Toulouse. Pour le reste, 30% de la ligne Bordeaux-Nice et des Trains Express régionaux (TER) sont
assurés.
Pendant que les usagers scrutent les panneaux d'affichage dans le hall de la gare, les grévistes cheminots commentent le bras de fer engagé avec la direction de la SNCF:
«A Toulouse 80% des conducteurs et 75% des contrôleurs sont en grève. C’est quasiment pareil à Marseille, Limoges et Montpellier et dans tout le Sud», indique Philippe Verdeil, secrétaire général
de la CGT cheminot Midi-Pyrénées. Le souci de ce syndicaliste, c'est la région parisienne et Lille: «Ils ne suivent pas. Si seulement 50% du personnel s’y mettait, c’est 5 millions de voyageurs
qui seraient touchés». En attendant, le président de la SNCF ne négocie toujours pas.
«La direction nous méprise», reprend Patrick, une autre des grévistes réunis devant le local de prise de service des conducteurs du dépôt Périole. Il faut arrêter la casse. Depuis 2003 il y a eu
25 000 suppressions d’emplois et en 2010. Sans compter les 600 trains supprimés rien que sur Midi Pyrénées au nom de la rentabilité».
L'heure du vote: 12h15. Les uns après les autres, les conducteurs déposent leur bulletin de vote dans l’urne. Dix minutes après les résultats sont annoncés : sur les 86 votants, 79 se sont
prononcés pour la reconduction, 3 pour l’arrêt et 4 blancs. Applaudissement général.
12h20 Le résultat du vote de la gare Saint-Charles de Marseille tombe : «Ils reconduisent le mouvement». Nouveaux applaudissements. «Les conducteurs c’est 16 000 salariés sur les 130 000 de la
SNCF, indique Philippe Verdeil. Dans ce métier, il y a une grande solidarité entre nous. C’est pour ça que lorsque on se met en grève, ça bouge».
12h30 Dans la foulée de leur AG, les conducteurs de Matabiau envahissent le poste 4, celui des aiguilleurs non grévistes.
13h. La matinée se termine par une sardinade sous les bureaux de la direction régionale. «Si Paris ne suit pas nous allons finir par négocier au niveau régional, reprend le leader des cheminots
CGT. On se battra pour obtenir l’abandon du plan de réorganisation dans tout le Sud. On aura mis une poutre dans l’engrenage».
J-M.E
SOURCE / LIBERATION TOULOUSE