arton29025-aea9bVoici le plan des écolos pour sortir la France du nucléaire en 2035
 

Le ministre de l'Energie, Eric Besson, a mis au défi les écologistes de présenter un plan crédible. Voici ce qu'ils proposent concrètement... et ce que cela changerait en terme d'emploi ou de pouvoir d'achat.

 


La catastrophe nucléaire japonaise a ravivé le débat sur le nucléaire en France entre les partisans de l'atome et les écologistes.

Nicolas Sarkozy a encore répété mercredi en conseil des ministres qu'il n'était "pas question pour la France de sortir du nucléaire", soulignant la "pertinence" du choix de l'énergie nucléaire par la France comme "élément essentiel" de son indépendance énergétique.

De leur côté, les écologistes réclament un débat national sur le sujet avant 2012 en France, qui possède le deuxième parc nucléaire au monde, avec 58 réacteurs répartis sur 19 sites.

"Opposés au nucléaire depuis 35 ans"
, les écologistes militent pour un changement de stratégie de la politique énergétique de la France, qui aboutisse, à terme, à une sortie du nucléaire.



D'accord mais comment ? Concrètement, quel est le plan des écolos pour se passer du nucléaire, qui fournit environ 80 % de l'électricité du pays ?

Le ministre de l'Industrie et de l'Energie, Eric Besson, a d'ailleurs mis les écologistes au défi, mardi. "Il  faut que ceux qui prônent la sortie du nucléaire disent exactement comment ils entrevoient cela et surtout quelles seraient les conséquences économiques, financières, sociales pour les Français", a-t-il déclaré sur RTL.

Piqués au vif, les leaders écologistes exposent leurs solutions pour sortir du nucléaire. La parole est donnée à Cécile Duflot, Noël Mamère, Noël Mamère et
Yves Cochet, interrogé par Le Post.



Un plan sur 20 ou 25 ans

Les leaders écologistes s'accordent sur un délai de 20 à 25 ans pour que la France puisse se passer du nucléaire, de manière progressive et en jouant sur plusieurs élements en même temps.

L'idée générale de ce plan ? "Le risque de l'exploitation du nucléaire est tellement extrême qu'il faut choisir de développer d'autres énergies -comme les énergies renouvelables- et pousser simultanément à une politique d'économie d'énergie", a résumé la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, Cécile Duflot, mardi, sur France Info.

 

Fermer ou ne pas prolonger la vie des centrales actuelles


"La priorité est de ne pas prolonger la vie des centrales actuelles et de 'mettre le paquet' sur une alternative", indique Noël Mamère, dans un chat au Monde.fr.

"Qu’est-ce que ça veut dire sortir du nucléaire en France ? C’est décider de ne pas renouveler le parc nucléaire et de ne pas prolonger les centrales", renchérit Daniel Cohn-Bendit dans une interview à Libération, publiée mardi.

Faire la chasse au gaspi et améliorer l'efficacité énergétique

 Pour Yves Cochet, la France peut diviser par deux sa consommation d'électricité, en baissant la part consommée dans les trois secteurs les plus gourmants en la matière : l'industrie, le résidentiel et le tertiaire. Sachant qu'au total, la France consomme annuellement environ 450 milliards de kilowatt-heure d'électricité, selon l'ex-ministre de l'Environnement.

- l'industrie : le potentiel d'économie de l'électricité est à peu près de 40 % dans ce secteur, selon Yves Cochet. Comment ? En améliorant les moteurs et en jouant la production de chaleur, l'éclairage et les ondes.

- le résidentiel : On peut y faire 60 % d'économie en mettant en place des diodes électroluminescentes pour éclairer les habitats. Pour les appareils électroménagers, on peut également améliorer la performance de ces appareils. Il faut aussi supprimer les chauffages électriques au maximum, qu'ils servent à chauffer les habitats ou l'eau.

- le tertiaire : possible d'économiser 50 % d'électricité dans ce domaine. Comme dans le résidentiel, possible de faire des économies sur les chauffages, sur les ordinateurs...

Avec les mesures qu'il propose, et qui passent par une politique de sobriété, le total d'électricité nécessaire serait donc d'environ 225 milliards de kilowatt-heure.


Pour que la France puisse se passer, en 2035, de ces 225 milliards de kilowatt-heure restant, Yves Cochet prône le développement de cinq ou 6 filières renouvelables.

Développer d'autres énergies (photovoltaïque, éoliennes...)

"Il faut développer les énergies alternatives pour avoir de moins en moins besoin du nucléaire", propose Daniel Cohn-Bendit.

"Il faut mettre le paquet sur les énergies renouvelables, sur la recherche et le développement dans ces secteurs, qui restent très largement inexploités dans notre pays, à cause de la prééminence du nucléaire", selon Noël Mamère.

Yves Cochet présente sur Le Post, les cinq ou six filières d'énergies renouvelables et leurs objectifs.

- le gros hydraulique : conserver, voire développer les grands barrages (objectif de produire 70 TWh en 2035).

- le micro hydraulique : avec des petits barrages dans des ruisseaux ou des torrents, en prenant soin de ne pas perturber l'écosystème (objectif de 5 TWh).

- l'éolien :
développer cette filière (objectif de passer de 10 à 100 TWh).


- le photovoltaïque : (objectif de passer de 5 à 20-25 TWh).

- la biomasse : possible de produire de l'électricité avec la combustion du bois (objectif de passer de 5 à 20 TWh).

- la géothermie profonde : tirer de la chaleur en allant la cherche rdans le sol.


Combien coûte ce plan ?

300 milliards d'euros, selon Yves Cochet. Pour comparer, il souligne qu'entre 350 et 400 milliards ont été investis dans le programme électro-nucléaire en France, depuis 1973.

Sans nucléaire, l'électricité serait-elle alors plus chère ?

C'est l'argument massue des pro-nucléaires. "C'est grâce au nucléaire que nous avons une électricité 40% moins chère que la moyenne des autres pays européens", selon Eric Besson.

Les écolos rejettent cet argument. "L'électricité coûtera au contraire beaucoup moins cher car si on est vertueux et qu'on arrive à moins consommer, on dépensera moins en énergie", assure Yves Cochet.

"L'argument des tarifs est faux, parce que tronqué", affirme de son côté Noël Mamère. "Même certains ingénieurs pro-nucléaire reconnaissent que le prix de l'éolien ou du photovoltaïque est à peu près le même que celui du nucléaire. Pourquoi ? Parce que l'on n'intègre pas le coût du traitement des déchets nucléaires, les subventions de l'Etat visant à l'exportation de notre électricité, ni surtout, le coût du démantèlement d'une centrale, qui n'a jamais été vraiment évalué."

Quelles conséquences pour l'emploi dans l'industrie nucléaire ?
Pour Cécile Duflot, le projet de sortie du nucléaire des écolos consiste "à la fois à former et à développer une industrie des énergies renouvelables, qui permet la reconversion professionnelle et de maintenir l'emploi, voire d'en créer dans l'industrie des énergies renouvelables".

"Investir dans les économies d'énergie et l'efficacité énergétique, comme dans la recherche et développement sur les énergies renouvelables, c'est créer des emplois non délocalisables, et donc revitaliser l'économie", estime de son côté Noël Mamère.

"La France doit devenir championne du démantèlement de centrales nucléaires et exporter son savoir-faire en la matière", estime Yves Cochet.

Quels efforts demandés à la population ?

Sources : Le Post, Le Monde.fr, RTL.fr, Libération, France Info.com

Tag(s) : #environnement
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