Depuis dix ans, Greenpeace tire la sonnette d'alarme. Le thon rouge de Méditerranée est menacé d'extinction. Dans notre premier rapport sur le sujet, en 1999, nous
annoncions que le nombre de thons rouges adultes avait diminué de 80% au cours des vingt années précédentes. Aujourd'hui, la catastrophe annoncée se confirme : le stock de thon rouge de
Méditerranée va s'effondrer. Peut-être dès 2012.
Comment en est-on arrivé là ?
Le premier responsable, c'est la surpêche. On pêche tout simplement trop de thon rouge en Méditerranée, et on les pêche trop jeunes, les empêchant de se reproduire.
Le secteur de la pêche au thon rouge fait ce qu'il veut, sans aucun respect pour l'avenir des ressources marines. Il s'est doté d'un matériel extrêmement performant. Parfois, il ne respecte pas
les quotas de pêche qui lui sont attribués, n'hésite pas dans certains cas à cacher ou à falsifier les chiffres. Il est même aidé par les Etats et l'Union Européenne qui ont subventionné le
secteur sans aucune réflexion sur le long terme.
Les fermes de thons rouges sont un des éléments majeurs de ce système. Le principe consiste à capturer un banc de thons vivants, le transférer dans une cage de transport, remorquer cette cage
jusqu'à la ferme pour y transférer les poissons. Là, ils sont gavés pendant plusieurs mois (parfois deux ans) avant d'être vendus sur le marché japonais. Il existe ainsi près de 60 fermes de ce
genre sur le pourtour méditerranéen. D'où encore plus de prises de thon, mais aussi d'autres poissons destinés à nourrir ces thons élevés en ferme. D'où plus de surpêche. Et tout cela avec la
bénédiction financière de l'UE !
Puisque les gouvernements subventionnent ce massacre, il n'est pas étonnant que l'ICCAT traîne les pieds. L'ICCAT (International Commission for the Conservation of Atlantic Tunas) est
l'organisation intergouvernementale chargée de gérer les stocks de thon rouge dans l'Atlantique Nord et en Méditerranée. Pour préserver le thon rouge, elle devrait décréter un moratoire immédiat
sur la pêche au thon rouge. Au lieu de cela, lors de sa dernière réunion en novembre 2009, elle a autorisé un quota total de 13 500 tonnes pour la saison de pêche de 2010 ! Quand on sait en plus
que ces quotas ne sont jamais respectés (60 000 tonnes de prises réelles en 2007 contre les 30 000 autorisées), on réalise à quel point l'ICCAT se montre irresponsable. Elle est incapable de
dépasser les intérêts à court-terme de l'industrie de la pêche.
Comment réagir?
Face à cette catastrophe, il faut de toute urgence :
décréter un moratoire sur la pêche du thon rouge
interdire le commerce international du thon rouge dans le cadre de la " Cites " (la convention chargée de réglementer le commerce des espèces menacées) lors de sa prochaine réunion en mars 2010
au Qatar
créer des réserves marines dans les zones de reproduction du thon rouge en Méditerranée (notamment dans les Baléares)
réduire la surcapacité (il y a trop de bateaux, trop de fermes d'engraissement)
respecter pleinement les avis scientifiques et les règles fixées par l'ICCAT.
Ainsi, on pourrait sauver le thon rouge de la catastrophe, mais aussi une pêche vieille de 5 000 ans. L'un ne va pas sans l'autre. Si, un jour, il n'y avait plus de poissons, que feraient les pêcheurs ?
Source : Greenpeace