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Sans nul doute ne connaissez-vous pas Kent Meyers, et c'est normal car c'est la première fois que cet auteur américain est traduit en français, et c'est un petit événement car ce roman est une belle surprise. Publié en 2009 Twisted tree prend place dans la carrière déjà bien remplie de cet écrivain originaire du Minnesota où il a grandi dans une petite ferme du sud. Il a déjà publié un recueil de nouvelles et trois romans. Comme de nombreux écrivains, il a un second métier, il enseigne la littérature et l'écriture à l' université dans le Dakota du sud.

 

 Ce roman arrive donc chez nous avec déjà une belle réputation comme on peut le constater ci-dessous. Publié en février dernier, gageons qu'il va aussi connaître un certain succès vu ses qualités et sa tonalité.

 

 Twisted tree est le nom d'une petite ville, justement dans le Dakota du sud, une petite ville comme en connaît des milliers l'Amérique du nord. Petite bourgade un peu paumée au milieu de vastes, très vastes étendues de nature sauvage. Comme presque partout aux States, l'autoroute n'est jamais très loin dans cette civilisation de la bagnole. Les highways font partie de l'histoire actuelle du pays. Ici l'autoroute 91, où sévit un tueur en série...

 

 Mais rassurez-vous, l'auteur ne nous propose pas une nouvelle version, d'un roman de serial killers, genre assez épuisé...Ici nous sommes dans une littérature de haut niveau où la construction du roman est vraiment originale.

 Un roman choral.

 Certes il y a bien un assassinat, celui d'une jeune fille, Haley Jo.

 Une jeune fille bien connue à Twisted tree.

 Alors plusieurs voix vont raconter, raconter en se racontant. Raconter la vie à Twisted tree, raconter leurs vies, plus ou moins proches de Haley Jo.

 Une douzaine de voix vont, au fil des pages, se faire entendre et pénétrer dans nos mémoires. Peu à peu le lecteur va apprendre la réalité de Haley Jo, et la réalité de chacun des protagonistes. Et surtout les réalités multiples, complexes, parfois surprenantes de ces relations humaines qui font la vie quotidienne de cette petite ville dans ce coin un peu perdu du Dakota.

 

 S'il fallait à tout prix prendre des référents littéraires, exercice toujours un peu vain, Kent Meyers serait peut-être dans le sillage du grand Russell Banks ou d'Annie Proulx. Ce qui n'est pas peu dire. Par un fort sens de la narration, Meyers nous décrit avec brio, la nostalgie des uns, la culpabilité des autres, et l'on découvre que la compassion peut parfois cacher, enfouie, la vengeance, et que la nature humaine n'est pas simple à saisir.

 

 On ne peut qu'espérer une autre traduction de Kent Meyers.


 A lire séance tenante.

 

Dan29000

 

Twisted tree

Kent Meyers

Nature writing

Editions Gallmeister

2012 / 336 p / 23,80 euros

 

Voir le site de l'éditeur, ICI

Et le site de l'auteur, LA

 

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PRESSE :

 

Impressionnant...         

NEW YORK TIMES

 

Magnifiquement lyrique… Une fois que vous aurez pénétré dans Twisted Tree, vous serez envoûté.

PEOPLE

Tout comme Russell Banks dans De beaux lendemains, Kent Meyers déroule ses histoires intimes au cœur de la tragédie qui frappe une petite ville.
Stewart O’nan

 

C’est un roman sombre, ses personnages sont habités par la douleur, mais Kent Meyers raconte leurs histoires de manière émouvante, avec chaleur et un sens du détail finement aiguisé.
THE WASHINGTON POST

 

Twisted Tree est un livre magnifiquement conçu et écrit. Kent Meyers a réussi à créer un territoire habité par le regret, la nostalgie et la culpabilité.

Jess Walter

 

 

EXTRAIT :

 

Plus il roule vite, plus les bandes blanches de l’autoroute
s’amincissent. Il pense, Si j’allais encore plus vite, je pourrais les
réduire à de simples fils. Dans les films de science-fiction, il aime cet
instant qui précède la distorsion spatiale, lorsque même les étoiles se
meuvent en de fins rubans avant de disparaître. Les insectes se sont
massés autour de lui, gavés de lumière, quand il a fait le plein de sa
Continental à Chamberlain, juste au-dessus du Missouri. À présent,
tandis qu’il accélère sur la bretelle d’insertion, ils filent dans la nuit
comme des météorites et s’écrasent, énormes, contre son pare-brise.
Il appuie sur l’accélérateur, la voiture rugit au changement de vitesse
et il se sent plaqué de tout son poids contre le siège. Mais quand
son indicateur atteint cent vingt-sept kilomètres/heure, il enclenche
le régulateur de vitesse et se fond dans l’anonymat de la circulation
ordinaire, enfreignant à peine la loi.
Le faisceau de ses phares se dilue en un bouillon dans le fossé,
traversant l’herbe sèche et les brindilles cassantes. Arrivé au vaste
lac de barrage, il disparaît dans le néant. Il imagine un homme sur
un bateau au milieu de l’obscurité, qui aperçoit ses phares sur le
pont : une main dans l’eau et la propagation noire des vaguelettes.
Puis ses pneus cessent leur raffut, il a traversé le pont, passe aux
abords d’Oacoma et de son immense bison en béton peint, dressé
devant Al’s Oasis. Un moustique bourdonne à son oreille. Il
laisse le son s’élever dans les aigus, l’entend qui s’interrompt et
attend la piqûre sur son lobe. Puis, sachant l’insecte prisonnier de
sa goinfrerie, il lève la main et l’écrase sans précipitation.

Tag(s) : #lectures
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