L'Etat a attaqué en justice la décision du maire de Vallauris (Alpes-Maritimes) de fermer le musée national Picasso de cette ville parce qu'il présentait une vidéo de l'artiste Zineb Sedira qui mécontente des associations de harkis.


Le maire UMP de la ville, Alain Gumiel, a fermé depuis fin avril le musée national Picasso - La Guerre et la Paix de Vallauris, à la suite de protestations d'associations de harkis et d'anciens combattants contre une vidéo de Zineb Sedira, dans laquelle la mère de l'artiste raconte en arabe ses souvenirs de la guerre d'Algérie et évoque les harkis.
Le maire a pris officiellement un arrêté de fermeture du musée en avançant le risque de "trouble à l'ordre public".
Le préfet des Alpes-Maritimes, Francis Lamy, vient de déposer auprès du tribunal administratif un recours en annulation de la décision du maire, estimant que l'ordre public n'est pas menacé, selon cette source.

Le préfet a déposé simultanément un recours en référé afin qu'une issue soit trouvée rapidement.

Le ministère de la Culture "déplore la fermeture de ce musée car c'est une atteinte à la liberté d'expression", souligne-t-on au cabinet du ministre Frédéric Mitterrand, resté silencieux jusqu'alors.

"Soucieux de la bonne compréhension" de l'oeuvre de l'artiste, le ministère a demandé à la direction du musée de rédiger un "texte de commentaire".

L'exposition temporaire de Zineb Sedira, artiste de réputation internationale, qui vit à Londres, présente notamment une vidéo intitulée "Histoires re-racontées, et ma mère m'a dit" dans laquelle sa mère évoque ses souvenirs de la guerre d'Algérie et des harkis.

Dans un premier temps, l'artiste avait traduit le mot harki par "collaborateur". Ayant appris par la direction du musée que cela suscitait une controverse, elle a accepté rapidement de le remplacer simplement par "harki".

Mais la mairie de Vallauris a décidé malgré tout le 27 avril de fermer le musée et son exposition temporaire.

Le musée est placé sous la tutelle de l'Etat mais la ville est chargée par convention de l'ouverture et de la surveillance des espaces.

Une médiation menée par le sous-préfet de Grasse pendant plusieurs jours a échoué. D'où la décision de l'Etat de saisir la justice.

L'association Botoxs, qui regroupe des lieux de diffusion d'art contemporain à Nice et dans sa région, a dénoncé récemment une "censure inacceptable" après la fermeture de l'exposition.

Le galeriste Kamel Mennour, qui représente en France cette artiste, a fait part de sa "tristesse", devant la persistance de la fermeture du musée. (AFP)

Source : Libération

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