Les rapports des experts n'en finissent plus d'expliquer qu'installer des caméras sans personnel suffisant pour regarder les images ne sert à rien. Les images sont perdues et pire, la police se repose et la délinquance augmente de facto. Un rapport de l'Inspection générale de l'administration (IGA) est le seul vantant l'efficacité de la vidéoprotection. Méthodologie simpliste : on a regardé les statistiques de la délinquance dans les zones équipées de caméras et on en a déduit que… Sauf que ces statistiques sont elles-mêmes très largement décriées et fausses. Autre problème, le rapport avait initialement été confié à Philippe Melchior, président du comité de pilotage pour le développement de la vidéoprotection. Cherchez l'erreur ! 
Hortefeux veut doubler le parc des caméras dans le pays dans les deux années prochaines, il parait que la France est en retard sur les anglais. Il est vrai que Londres est totalement truffée de caméras, sans pour autant être devenue une ville paradisiaque, cela se saurait !
L'examen du travail de ce comité de pilotage au sein du ministère de l'intérieur est très instructif sur les véritables objectifs du plan de triplement des caméras. Ils ont édité un petit guide. En préambule, une petite histoire destinée à illustrer « à qui est destiné ce guide et comment on doit le lire ». Du terrorisme ? Un horrible enlèvement d'enfant ? Pas du tout : un propriétaire de jardinerie qui s'est fait fracturer la porte de son hangar et qui veut se protéger.

Non seulement le guide mais l'ensemble des FAQ et des documents du site, en fait tout le travail de ce comité, consiste à encourager, conseiller, orienter et faciliter les démarches des particuliers ou entreprises souhaitant s'équiper. Confirmé par Brice Hortefeux lorsqu'il parle « d'étendre ces dispositifs de vidéoprotection [aux sites industriels et commerciaux], aux commerces de proximité ou encore aux logements sociaux. »

Le but de la manœuvre : aider le lobby de la vidéosurveillance à convaincre le petit paysan, le chef d'entreprise, le gérant de village vacances, le maire de commune. M. Melchior d'ailleurs, prend sur son précieux temps pour intervenir aux Assises nationales de la vidéosurveillance urbaine, grand événement qui met en contact les professionnels vendeurs et les clients potentiels.
Le délai de conservation des images est d'un mois maximum. Car un centre de supervision, ça coûte des fortunes en installation et en norme de sécurité et une autre fortune en personnel à former (au minimum deux par centre). Car les demandes d'accréditation au préfet ou à la Cnil sont d'une infinie complexité et que l'assistance d'un cabinet de conseil coûte en moyenne 800 euros la journée. 
L'objectif véritable est donc vendre, pas protéger. Il s'agit donc de vendre plein de caméras qui enregistrent des images que personne n'a ni le temps ni les moyens de visionner. 

Mais vendre quoi au juste ? Le numérique, c'est vraiment économique, en temps, en fonctionnement, en stockage. Une note technique très intéressante pondue par ce fameux comité nous explique d'ailleurs comment ça marche. Enfantin : il suffit d'entrer dans la barre d'adresse d'un navigateur Internet l'adresse IP de la caméra pour y avoir accès, tout simplement.
Nous sommes donc face à un gouvernement de guerre de classe qui sent bien que des luttes peuvent devenir violentes, que la crise génère chômage, désespoir et donc violence. Devant une telle montée des périls pour les possédants, une seule solution la répression, plus de flics, plus de caméras, plus de prisons, plus de gardes à vue, plus de condamnations, plus de lois sécuritaires, etc...Tout cela n'est pas limitatif, bien au contraire.
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