Comme pour la météo ou les grands crus de Bordeaux, il y a des bonnes années et des moins bonnes pour les thrillers. En France, 1991 fut une belle année, celle où nous fûmes nombreux à découvrir un très grand auteur, James Lee Burke, avec Prisonniers du ciel et Black Cherry Blues. Et ce fut donc aussi cette année-là où entra dans nos vies de lecteurs, Dave Robicheaux dont une nouvelle enquête nous est proposée par Rivages : L'arc-en-ciel de verre.

 

  Déjà le dix-huitième épisode où le lecteur est propulsé dans cet univers si particulier, celui de la Louisiane. Bien entendu nous n'allons pas ici vous raconter toute la vie de Dave, juste il est bon de savoir qu'il est revenu de la guerre du Vietnam assez mal en point, qu'il a eu affaire avec l'alcoolisme, qu'il fut inspecteur à la police criminelle de New-Orléans, traîna souvent des passages dépressifs avec lui, surtout après l'assassinat de sa femme. Enfin il a adopté, après l'avoir sauvée de la noyade, une très jeunes salvadorienne, Alafair. Qui d'ailleurs est le prénom de la fille de James Lee Burke qui écrit régulièrement des polars comme son père, et dont le premier roman est publié en France en ce moment.

 

  Aujourd'hui Dave est devenu shérif adjoint à New Iberia.

 

  Un tueur en série, encore un, sévit dans la région. Déjà sept jeunes femmes à son tableau. Si l'on s'arrête à ce thème, rien de bien nouveau dans le petit monde du thriller. Mais le charme subtil des romans de James Lee Burke est ailleurs. Il nous brosse un tableau de la société locale, avec ses clans qui souvent font la loi, au-delà des lois. Là où corruption et manipulation règnent en maître.

 

  Mais de plus, nous retrouvons les fondamentaux de la série Dave Robicheaux. A savoir, Clete Purcel, détective privé et ami indissociable de Dave durant tant d'enquêtes dangereuses... Et aussi Alafair, qui a bien grandi depuis Black Cherry blues, se permettant même d'être amoureuse, fréquentant un type pas vraiment recommandable, ce qui est un problème quand on est la fille d'un shérif adjoint. Enfin il y a, et c'est presque aussi important que ces personnages récurrents, l'atmosphère du Bayou... Un des charmes envoutants des romans Burke est son incroyable talent à décrire une brume sur le bayou, les couleurs des arbres et des levers de soleil frémissants, à jouer avec les ambiances. Le lecteur, au-delà du plaisir des retrouvailles avec la petite famille de Dave et de l'histoire elle-même, est totalement pris par la faune et la flore ambiantes qui joue toujours un rôle non négligeable dans la réussite de cette série.

 

  Pour une fois, les menaces ne pèsent pas que sur le shérif, mais aussi sur sa fille... Difficile d'échapper aux sortilèges du bayou où criminels et crocodiles nagent en eaux troubles. Le soleil tape dur et la violence parfois se déchaîne.

 

  A lire en écoutant le nouveau CD de James Cotton, en dégustant un bon Southern Comfort. Et comme les grandes vacances approchent, vous aurez ensuite envie d'en savoir plus sur la vie de notre ami Dave Robicheaux, en lisant tous les titres précédents parus en poches.

 

  Enfin on n'oubliera pas Tripod, le raton laveur, toujours fidèle au poste. Mais lui aussi vieilli depuis 20 ans, il est malade et commence à perdre la vue...

 

  Dan29000

 

L'arc-en-ciel de verre

James Lee Burke

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Christophe Mercier

Éditions Payot et Rivages

2013 / 446 p / 22 euros

 

 

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