Déclaration d’Éric Toussaint sur la très belle victoire historique du NON en Grèce

5 juillet par Eric Toussaint

 

La très belle victoire historique du NON montre une fois de plus que les citoyennes et citoyens de Grèce refusent d’accepter le chantage des créanciers. Comme le montre le rapport préliminaire de la Commission pour la vérité sur la dette grecque, l’Etat grec dispose de plusieurs arguments légaux pour suspendre le paiement ou répudier unilatéralement des dettes ilégitimes, illégales et/ou odieuses.

 

Un tel acte souverain peut se fonder sur les arguments suivants :

 

1. la mauvaise foi des créanciers (le FMI, 14 États membres de la zone euro, la BCE, la commission européenne et le FESF) qui ont poussé la Grèce à violer à partir de 2010 tant le droit interne que ses obligations internationales en matière de protection des droits humains ;

2. la supériorité des droits humains sur des accords comme ceux signés par les gouvernements précédents avec la Troïka ;

3. l’usage de la coercition par les créanciers ;

4. l’imposition de conditionnalités qui violent de manière flagrante la souveraineté de la Grèce et qui violent sa constitution ;

5. le droit international autorise un Etat à prendre des contre mesures d’autodéfense face à des actes illégaux ou illégitimes commis par ses créanciers qui ont de manière délibérée porter préjudice à sa souveraineté fiscale et l’ont obligé à assumer une dette odieuse, illégale et illégitime qui viole à la fois le droit à l’auto détermination économique et les droits humains fondamentaux.

En ce qui concerne l’insoutenabilité de la dette, les autorités grecques ont légalement le pouvoir d’invoquer la nécessité pour affronter une situation exceptionnelle afin de protéger des intérêts essentiels de sa population face à un péril grave et imminent.

Dans la situation de crise humanitaire grecque, l’État peut être dispensé d’accomplir ses obligations internationales en matière de dette car celle-ci augmente le péril, ce qui est bien le cas avec les dettes réclamées par l’Eurogroupe et le FMI. Finalement, les Etats ont le droit de se déclarer insolvables quand la poursuite du paiement de la dette devient insoutenable. Dans ce cas ils ne commettent pas d’acte illégal.

La dignité du peuple grec vaut plus qu’une dette illégale, illégitime, odieuse et insoutenable.

Eric Toussaint

Coordinateur scientifique de la Commission pour la vérité sur la dette grecque (instituée par la présidente du parlement grec)

Porte-parole du CADTM international www.cadtm.org

Voir la synthèse du rapport de la Commission pour la vérité sur la dette grecque http://cadtm.org/Synthese-du-rapport-de-la

 

Auteur

Eric Toussaint

est maître de conférence à l’université de Liège, préside le CADTM Belgique et est membre du Conseil scientifique d’ATTAC France. Il est auteur des livres Procès d’un homme exemplaire, Editions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet du livre AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège Dernier livre : Bancocratie ADEN, Brussels, 2014. Il est coordonnateur de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015.

 

 

SOURCE/ CADTM

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