La nuit tombée sur nos âmes, tel est le beau titre du nouveau roman noir de Frédéric Paulin, paru cet automne chez Agullo éditions.

 

 

Gênes, il y a vingt ans, juillet 2001. Une des grandes dates du mouvement altermondialiste, après Seattle et Göteborg. Sommet du G8. Les huit plus grands nuisibles de la planète se rencontrent, alors que 500 000 personnes venues de toute l'Europe sont rassemblées dans la capitale de la Ligurie afin de défendre un autre monde possible, une alternative à la mondialisation capitaliste. Souvent les grands rendez-vous altermondialistes furent marqués par la répression, pourtant celui de Gênes est resté dans les mémoires, la mort étant au rendez-vous. La mort de Carlo Giulani, jeune victime de la sauvagerie des flics italiens et d'une répression d’État sans précédent : un mort, 600 blessés, des centaines d'arrestations arbitraires, des tortures, des trahisons et autres manipulations, trois jours de barbarie d’État.

 

Durant plusieurs jours, le lecteur va suivre au plus près la vie de Wag et Nathalie, une confrontation entre les pacifistes et les partisans de la violence comme action légitime. A ce premier duo, viennent s'ajouter Lamar, le conseiller en communication de Chirac, un incompétent aimant envoyer les autres dans la mêlée, et Franco de Carli, conseiller en sécurité du ministre de l'intérieur de Berlusconi, responsable de la sécurité de ce G8. Terrible envie de briser du rouge, du noir... Ajoutons à cela deux flics de la DST un peu paumés en Italie, mais qui ont une emprise sur Wag, enfin Génovéfa, journaliste au JDD, suivie par un photographe rencontré sur place. Tous vont devoir subir l'état de siège, alors que les habitants ont fui la ville ou ne sortent plus de chez eux.

 

Frédéric Paulin était à Gênes, cela se ressent dans le réalisme de ce roman noir basé sur des faits réels. Il évite avec brio, l'aspect possible « ancien combattant », évite aussi le manichéisme, La nuit tombée sur nos âmes, est certes un roman, mais se lit aussi comme un reportage d'investigation, décrire le réel via une fiction, forme exigeante s'il en est, dans la lignée des plus grands, de Didier Daeninckx à James Ellroy. Si les scènes d'émeutes sont terribles, le pire est pour la fin, le quatrième jour quand les flics donnent l'assaut sur l'école Diaz où se trouvait le centre de convergence des médias alternatifs. Plus de 300 manifestants qui dormaient, furent violentés, arrêtés et séquestrés durant trois jours à la caserne de Bolzaneto, subissant de multiples violences, sévices et humiliations. Au final un très grand roman de résistance comme nous les aimons, un grand roman pour ne pas oublier, qui donne l'envie de lire, ou relire la « trilogie Benlazar » de Frédéric Paulin, un auteur couvert de nombreux prix depuis 2018. Dire, écrire, diffuser , lire pour ne jamais oublier Carlo Giulani, mort d'une balle dans la tête ce jour-là, il avait 23 ans...

 

Dan29000

 

La nuit tombée sur nos âmes, Gênes 2001

Frédéric Paulin

Agullo noir

2021 / 21,50 euros, version epub 13,99 euros / 288 p

 

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