Aujourd'hui, j'ai été MATRAQUEE !

Fin de défilé carnavalesque anti-aéroport et son monde à Rennes...

La foule se disperse. Nous en faisons partie. Nous marchons tranquillement, bras dessus-dessous, masques retirés, sur le trottoir d'une grande avenue, pour regagner notre voiture.
Tout à coup, les gens courent et nous doublent. Je ne peux pas courir, mais nous accélérons le pas. Nous devinons une charge policière avec jets de lacrymos.
Tout droit : un barrage policier. A gauche : une petite rue. Nous la prenons. Les gens ne courent plus. Nous avons ralenti notre pas.
Peut-être cinq mètres de parcourus et je reçois un (des ?) coup(s) dans le dos. Puis les coups pleuvent. Toujours par derrière, mais sur les cuisses cette fois. Je continue à marcher ? je suis arrêtée ? je ne sais pas. Je sens juste les coups acharnés qui continuent encore et encore. La douleur est là. J'ai terriblement mal. Je ne dis rien ? je ne sais pas. J'entends seulement Alain qui crie, qui crie "arrêtez ! arrêtez !". Il ne me lâche pas. Je reste accroché à son bras.
Je ne me retourne pas. Je n'ai pas vu le policier agresseur. Voulait-il me mettre au sol ? : je ne suis pas tombée. Peut-être la raison de son défouloir sur mes cuisses.
Et puis, çà s'est arrêté. Trois à quatre mètres parcourus et une terrasse de café, pleine. Les gens ont vu ? On veut me faire asseoir. J'en suis incapable. J'ai mal. Je suis debout. Je peux parler, mais difficilement. C'est l'émotion, l'incompréhension de ce qu'il vient de m'arriver...
La route a été longue pour regagner notre voiture puis notre domicile.
J'ai pu joindre au téléphone quelques proches pour les nouvelles : un camarade a eu moins de chance que moi : matraqué à la tête, il était aux urgences...
Je ne veux pas être une martyre : je témoigne et dénonce que je suis une victime.
VICTIME DE VIOLENCES POLICIERES,
VICTIME DE L'ETAT POLICIER,
VICTIME DE L'ETAT QUI REPRIME AVEC SA POLICE ET SON IN-JUSTICE.
JE DENONCE CET ETAT D'URGENCE qui sous prétexte sécuritaire terroriste, veut museler toute contestation de rue, quelle soit environnementale, sociale, économique...
Ils ne nous muselleront pas ! la rue est à nous ! NOUS CONTINUONS !
J'ai mal mais je vais bien et si mon corps met quelques jours à se remettre : je reste debout et je ne lâche rien ! RESISTANCE !

dimanche 7 février...
Merci les ami.e.s de votre soutien, de vos commentaires, mp et tél... Je n'y répondrai personnellement pas pour le moment, mais sachez que j'y suis très attentive. Un besoin de repos, de calme, que vous comprendrez, vous mes zadmi.e.s, ma famille de lutte.s. Ce matin au réveil : moral dans les chaussettes, avec des pleurs associées à ces mots dans ma tête : bastonnée, battue, punie... (çà doit faire partie du processus traumatique : de coupable à reconnaissance de victime ; moi, je passe par l'inverse !). Comme ce témoignage ne passera pas sur BFM ou OuestFrance : n'hésitez pas à le partager largement. Il faut raconter ces violences policières, échanger, débattre, pour ne pas accepter et laisser faire : surtout pas ! Aussi, pour appuyer mon témoignage face à cette lâche agression (qui aurait pu arriver à n'importe qui, mais c'est à moi que c'est arrivé) : dans vos partages, et à celleux qui ne me connaissent que par la toile, vous pouvez préciser : ce 6 fév. j'ai 60 ans -3 mois et je suis handicapée (3ans de fauteuil roulant puis 2 béquilles puis 1 béquille et une marche retrouvée avec bonheur, mais fragile). Les mots, les phrases se mêlent pour moi... A très bientôt, car bien sûr : on ne lâche rien, ni ici, ni ailleurs !
Voilà. Des bises.
 
SOURCE / FB  Berthe Lalutte
Tag(s) : #actualités
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