La campagne BDS s’articule, comme l’acronyme l’indique, en trois volets d’égale importance :
- B pour BOYCOTT, celui qui est directement à la portée de chacun d’entre nous (chaque fois que nous faisons des achats dans une grande surface, par exemple). A la fois l’occasion de manifester que les produits du régime colonial d’apartheid ne sont pas les bienvenus, et d’engager un dialogue avec les commerçants, les autres consommateurs,…
- D pour DÉSINVESTISSEMENT, qui concerne forcément au premier chef les investisseurs, gestionnaires de capitaux, etc…
- S pour SANCTIONS, celles que dans un monde civilisé la communauté des nations devraient prendre contre un “État voyou” qui viole systématiquement ses obligations découlant notamment des résolutions des Nations-Unies, des Conventions de Genève et tout simplement des lois que la conscience devrait imposer à tous.
Mais pour l’heure, nous envisagerons ici essentiellement la question du boycott, que chacun d’entre nous peut quotidiennement mettre en œuvre sans avoir à consentir de sacrifice particulier.
Pourquoi devrais-je participer au boycott préconisé par BDS ?
Les gouvernements de ce qu’il est convenu d’appeler « la communauté internationale » ne manifestent aucune volonté de mettre fin à leur soutien à la politique des gouvernements israéliens successifs, qui violent en permanence le droit international, d’innombrables résolutions des Nations-Unies et les droits de l’homme, aux dépens du peuple palestinien. Tout au plus ils « regrettent », se déclarent « inquiets » et rarement « condamnent », mais jamais ils n’envisagent la moindre sanction concrète à l’encontre d’Israël.
En participant à une campagne mondiale, coordonnée et ciblée – à savoir la campagne BDS (pour Boycott, Désinvestissement et Sanctions) initiée et conduite par les Palestiniens eux-mêmes – chacun a à sa disposition un outil stratégique puissant pour contribuer à isoler Israël afin d’exercer la pression indispensable pour arriver à une paix juste et durable.
Qui a lancé la campagne « Boycott, Désinvestissement et Sanctions » (BDS) ?
Cette campagne a été lancée en juillet 2005 par 170 organisations représentatives de la société palestinienne, qui se sont regroupées dans le « Comité National Palestinien BDS », qui comprend des organisations religieuses et laïques, des syndicats, des associations d’entraide, de femmes, de militants contre « le mur de l’apartheid » érigé par Israël, pour le « droit au retour » des réfugiés, …
Ensemble, ils ont lancé un appel à « tous les gens de conscience, partout dans le monde, à imposer des boycotts étendus et à mettre en place des initiatives de désinvestissement contre Israël, similaires à ceux appliquées contre l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid ».
Un certain nombre d’Israéliens – principalement des intellectuels conscients de l’incapacité de la société israélienne à remettre en cause la politique colonialiste et raciste suivie par tous les gouvernements successifs depuis des décennies – se sont ralliés à cet appel.
Est-ce qu’une campagne de ce genre est efficace ?
Dans le passé, cette stratégie de boycott a eu un effet considérable pour abattre le régime de l’apartheid en Afrique du Sud.
Mais il y a d’autres exemples dans l’histoire où un boycott s’est montré efficace. On peut citer :
- le boycott des autobus de la ville de Montgommery, en Alabama en 1955 : pour protester contre la politique de ségrégation raciale, les Noirs (et quelques rares Blancs) ont préféré pendant 381 jours faire des milliers de kilomètres à pied. Ce boycott a été un des événements majeurs du mouvement des droits civiques aux États-Unis.
- le boycott contre le régime raciste de la Rhodésie du Sud, décrété à partir décembre 1966 par les Nations-Unies. La résolution 253 adoptée en mai 1968 exige que tous les membres de l’ONU cessent leurs relations commerciales et économiques avec la Rhodésie (devenu aujourd’hui le Zimbabwe).
- l’Afrique du Sud, déjà citée : le boycott populaire entraîne les gouvernements à adopter des sanctions, avec au bout du chemin la chute du régime d’apartheid, en dépit du soutien que certaines des plus grandes puissances de la planète – dont les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France (qui a permis à l’Afrique du Sud d’accéder à l’arme nucléaire, comme elle le fit pour Israël) et Israël – ont longtemps apporté au régime de l’apartheid. Voir un bilan détaillé sur le site de l’Association France-Palestine.
- la Birmanie (Myanmar) : l’opposante Aung San Suu Kyi avait lancé en 1996 un appel au boycott international du tourisme dans son pays, afin d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la violation des droits de l’Homme par la junte et main-mise du pouvoir sur les infrastructures touristiques, la junte étant souvent en situation de monopole. Les États-Unis et l’Union Européenne ont par ailleurs adopté des sanctions économiques strictes contre le régime militaire. Le tout a forcé les militaires à faire évoluer le régime vers plus de démocratie et moins de répression.
Les dirigeants israéliens et leurs partisans affirment alternativement que BDS n’a aucun effet sur l’économie israélienne et que BDS représente “une menace existentielle” pour Israël. Plus sérieusement, en 2015 le grand journal financier anglo-saxon, les Financial Times, estimait à 1,4 milliard de dollars par an les dommages que BDS fait subir à l’économie israélienne (y compris l’impact de la décision de l’U.E. de faire étiqueter les produits des colonies israéliennes comme tels, ce qui n’a stricto sensu rien à voir avec BDS). L’institut de recherche “Rand Corporation” (États-Unis) a pour sa part avance une évaluation très supérieure : 47 milliards de dollars sur 10 ans.
On peut dire qu’en 2015 la campagne BDS a pris une ampleur jamais égalée auparavant, notamment aux États-Unis (ce qui est très important vu le rôle de Washington dans la perpétuation de l’occupation de la Palestine) et d’une manière plus générale dans les pays anglo-saxons. Pour une rétrospective détaillée, voir ici.
Le boycott par les consommateurs est une arme efficace quand il est ciblé, stratégique et basé sur des informations vérifiées et précises. Cela permet de gagner un large soutien dans l’opinion et force les gouvernements à agir. Les propagandistes israéliens sont obsédés par BDS, contre qui ils ne cessent de vitupérer, tout en prétendant que la campagne n’a aucun impact sur l’économie israélienne.
Ne relevons que quelques exemples récents, parmi des centaines, dans des secteurs très différents :
- en janvier 2014, le fonds d’investissement PGGM (Pays-Bas), qui pèse 150 milliards €, a annoncé sa décision de ne plus investir dans cinq banques israéliennes impliquées dans la colonisation de la Cisjordanie car ces colonies sont illégales et un obstacle à la paix.
- le groupe français Véolia (distribution d’eau, traitement des déchets, énergie, transports…) se retire d’Israël après des années de pressions et de polémique.
- en août 2014, les exportations israéliennes de mangues vers les pays scandinaves ont brutalement chuté de plus de 50% « parce que les consommateurs laissent les produits « Made in Israel » dans les rayons ».
- des groupes de pharmaciens décident de boycotter TEVA en Grande-Bretagne
- un bilan de l’année 2014 pour BDS
- octobre 2015 : Alain Platel, directeur artistique des Ballets C(ontemporains) de la B(elgique) lance un appel pour le boycott culturel d’Israël : «Ma collaboration (artistique) avec des artistes juifs et palestiniens, tant dans les Territoires occupés qu’ici en Belgique, ne me laisse cependant pas le choix», dit-il.
- en octobre 2015, l’historien, professeur d’université et écrivain israélien Shlomo Sand publie une déclaration dans laquelle il déclare rallier la campagne BDS : « … J’ai été toute ma carrière politique contre le boycott ; je pensais que le boycott n’était pas justifiable, le boycott de tout Israël, pas des colonies et des produits des colonies… L’année dernière et à cause de l’analyse que je fais aujourd’hui, je crois qu’on ne peut pas avoir de changement de la part de la société israélienne pour évacuer les territoires occupés. C’est pas possible ! […] La gauche sioniste, mentalement, vit toujours de ce mythe shoah, elle est déchirée entre la rationalité politique et les mythes bibliques. Donc, je ne crois pas que si le camp sioniste (de gauche) était au pouvoir, il pourrait faire un compromis avec les Palestiniens. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé que toute ma résistance en face des politiques de sanctions et de boycott était fausse. Si quelqu’un veut sauver Israël de soi-même, il doit se joindre et faire pression.»
- en octobre 2015, 343 professeurs et maîtres de conférence, des membres de la Royal Society et de la British Academy appartenant à 72 institutions britanniques différentes publient sur une page entière du journal The Guardian leur engagement de ne plus collaborer avec le système universitaires israélien, étant donné ses liens structurels avec la colonisation des territoires palestiniens et avec l’armée d’occupation.
- en novembre 2015, aux États-Unis, l’Association nationale des études féministes (National Women’s Studies Association – NWSA) a voté en faveur de son adhésion à la campagne BDS.
- en novembre 2015 également, toujours aux États-Unis, la Conférence générale de l’Association américaine d’anthropologie (American Anthropological Association, AAA) a adopté une résolution en faveur de BDS à une majorité écrasante de 88%
- en Grande-Bretagne, le Parti travailliste décide de boycotter la firme G4S en raison du rôle qu’elle joue dans la gestion pour le compte de l’État israélien des prisons dans lesquelles le prisonniers politiques palestiniens croupissent.
- en décembre 2015, le plus important fonds de pension commercial du Danemark a mis sur liste noire l’entreprise allemande HeidelbergCement, en raison de ses liens avec l’occupation israélienne de la Cisjordanie.
Que faut-il boycotter ?
Israël, ou seulement les colonies ?
Cette campagne de boycott ne se retourne-t-elle pas contre les travailleurs palestiniens, qui ont besoin de travailler pour vivre ?
Comment identifier les produits israéliens de consommation courante ?
Que change la décision de l’Union Européenne
sur l’étiquetage des produits des colonies ?
Quels sont les produits les plus concernés ?
Y a-t-il une liste ?
Certains prétendent que le boycott des produits israéliens est d’inspiration antisémite. Qu’en est-il ?
Israël n’est pas le seul “État voyou”. Pourquoi s’en prendre à lui plutôt qu’un autre, comme la Chine, le Soudan ou les États-Unis ?
J’ai entendu parler du boycott de McDonald’s, Coca-Cola, Starbucks, etc… qui donneraient beaucoup d’argent à Israël. Qu’en est-il ?
Et les produits des multinationales actives en Israël ?
Et le boycott culturel, sportif et/ou universitaire ?
Où peut-on trouver une information fiable concernant BDS et les « profiteurs de guerre » ?
Vous trouverez sur ce site des dizaines d’articles où il est question de la campagne mondiale BDS, de son évolution dans le monde entier et des réactions qu’elle suscite, ainsi que sur le boycott en dehors de la campagne BDS.
SOURCE/ POURLAPALESTINE.BE