Pour cette nouvelle livraison, Altermondes nous offre un copieux dossier en rapport avec le sommet de Rio + 20 qui vient de s'achever la semaine dernière. Dossier réalisé avec l'AITEC, l'association 4D, ATTAC, la CGT, le CRID, le Collectif RIO +20 et Les petits débrouillards.
Nous ne reviendrons pas en détails sur ce sommet, ayant déjà consacré plusieurs articles à ce sujet. L'objectif central, vingt ans après le Sommet de la Terre de Rio, était le développement durable et la promotion de leur économie verte, véritable sas d'entrée des firmes transnationales. Parmi plusieurs articles passionnants, le plus édifiant est celui consacré à la triple crise d'un modèle insoutenable, écrit par le député européen et économiste, Alain Lipietz, de la crise des subprimes en 2008 à la crise totale du libéral-productivisme. Autre clarification nécessaire, la bonne question posée par le journaliste Benjamin Sourice : Quelles valeurs pour l'économie verte ? Indispensable également, comprendre les liaisons dangereuses entre Etats et multinationales, dans un cadre bien plus vaste, celui d'une volonté générale de repeindre d'une belle couleur verte le capitalisme, afin de faire perdurer les ravages des profits qui dévastent la planète. Pierre Coutaz de la CGT écrit sur ce sujet primordial en posant donc la responsabilité sociale et environnementale des grandes entreprises. Dans ce dossier sont également abordés les biens communs, la vigilance nécessaire sur les droits et la méfiance envers les remèdes miracles issus de la technologie. Enfin nous ne pouvons qu'être en pleine adéquation avec Pablo Solon, ancien ambassadeur de la Bolivie à l'ONU où il fit reconnaître le droit à l'eau. Dans un entretien, le directeur actuel de l'ONG, Focus on the global South pense, à juste titre, que le changement viendra de la société :
"Au final, je pense que le changement viendra progressivement de la société, grâce aux actions des ONG. Les peuples vont faire pression non pas pour que les gouvernements concèdent le développement durable, mais pour élire de nouveaux gouvernements conscients des enjeux."
Egalement au sommaire de ce numéro, un gros plan particulièrement complet sur les Centres de rétention administrative, et l'urgence d'agir. En 2010, 30 000 personnes, oui, vous avez bien lu, 30 000 personnes furent placés par l'Etat dans les centres de rétention (CRA), et cela sur le territoire métropolitain. Il faut y ajouter encore le même chiffre si l'on compte les personnes enfermées dans les territoires d'Outremer. Les conditions d'accueil étant particulièrement indignes pour ces derniers centres. En illustration de cette situation, un entretien avec Eva Ottavy, coordinatrice de Migreurop.
Sans oublier, un reportage en Haïti, deux ans après le séisme, sur la formation avec les Jules Verne, ou une belle rencontre avec Aminetou Mint El Moctar, qui dirige l'Association des femmes chefs de famille, luttant contre l'esclavage qui existe encore, malgré les lois votées en Mauritanie.
Et plein d'informations, de "brèves" culturelles, et d'infos du monde entier, toujours sous un signe indispensable, celui de la solidarité internationale.
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ALTERMONDES
JUIN 2012 / N° 30 / 5 euros
52 pages
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Edito - "Je pense à ces petits enfants..."
Soyons sincères un instant ! Par goût de la provocation, pour briser la monotonie du quotidien ou par envie de se faire peur en bravant les interdits, on
s’est toutes et tous imaginé un jour sortir des énormités en public. Sachant, évidemment, que plus c’est énorme, mieux c’est. Or, trop souvent, au dernier moment, après un petit frisson
d’excitation, rares sont celles et ceux qui franchissent le pas. On peut le comprendre.
Les politiques, de gauche comme de droite – nul besoin ici d’être partisan –, n’ont pas tant de pudeur. Dans une interview publiée le 25 mai dans le très
respectable quotidien britannique The Guardian, Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) – excusez du peu – déclarait : « Je pense que [les
Grecs] devraient s’aider mutuellement (...) en payant tous leurs impôts », fustigeant « tous ces gens qui tentent en permanence d’échapper à l’impôt ». On la
comprend, elle qui, victime de son statut de fonctionnaire internationale, n’en paie pas… « Je pense davantage à ces petits enfants d’une école d’un petit village du Niger qui n’ont
que deux heures de cours par jour, qui partagent une chaise pour trois et qui cherchent passionnément à avoir accès à l’éducation, poursuit-elle. Je pense à eux en permanence, parce que je
pense qu’ils ont davantage besoin d’aide que la population d’Athènes » [1]. Enorme ! C’est sûrement d’ailleurs parce que le FMI a beaucoup pensé à « ces petits enfants » dans les années 80,
qu’il a soumis le budget de leur pays à une cure d’austérité baptisée « plan d’ajustement structurel », qui s’est traduite par des coupes sombres dans les budgets sociaux. Les enfants
grecs doivent s’en réjouir à l’avance… Du 20 au 22 juin, les Etats se réuniront à Rio de Janeiro (Brésil) pour une grande conférence sur le développement durable. Vingt ans après le Sommet de
la Terre. Dans un contexte de crise profonde, aux dimensions multiples (politique, économique, sociale, écologique, etc.), les chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus au chevet de la
planète. Sauront-ils amorcer le tournant dont l’humanité a besoin pour réinventer son avenir ? Le doute est permis mais on se gardera bien de demander à Mme Lagarde ce qu’elle en
pense…
Par David Eloy, rédacteur en chef
Notes
[1] Propos repris dans Le Monde du 27 mai 2012