7e rapport des Irréductibles du Collectif Observateurs Citoyens Morlaix


Conseil communautaire du 12 novembre 2012



Indiscrétions et rires crispés chez Morlaix communauté

 


 

« De quoi allez-vous parler dans votre prochain rapport ? Vous nous faites bien rire ! »

Ce sont les premiers mots de deux élus communautaires de Morlaix rencontrés sur le parking à la fin de la réunion du conseil communautaire du 12 novembre 2012.
Messieurs, mesdames les conseillers de Morlaix Communauté… Si c’est tout ce que vous avez retenu et compris de notre démarche de citoyens responsables entamée il y a un an, c’est à la fois désolant et désobligeant.

Cet échange de près de ¾ d'heure sur le parking de la CCI aura au moins eu le mérite de confirmer le décalage et l’incompréhension qui existent entre les citoyens et certains élus déconnectés de la réalité, prisonniers de leurs certitudes et isolés dans leur tour d’ivoire..

C’est un peu réducteur de limiter notre démarche à une vengeance (comme nous l'a reproché le président Yvon Hervé à l'occasion du pot offert par le maire de Guerlesquin, le 9 juillet dernier). Contrairement à ce que certains peuvent penser, nous ne sommes pas dans une stratégie de dénigrement systématique et encore moins guidés par un désir d’acharnement... d'opposition frontale et systématique. Si nous avions été animés par un désir de vengeance, nous aurions par exemple déplacé le curseur sur la question du népotisme dans l'attribution de certains postes au sein du conseil communautaire.
Notre réaction est ni plus ni moins à la hauteur de votre manque de considération face à des citoyens responsables qui trouvent un peu de leur temps pour venir assister aux affaires de la cité. (D'ailleurs à ce sujet, nous vous rappelons que nous sommes toujours en attente du document de synthèse qui nous permettrait de suivre les dossiers à l'ordre du jour). Cette façon d’ignorer notre demande pourrait être prise pour de l’obstruction au suivi citoyen des débats.

L'allusion à ce document de synthèse nous permet de revenir sur la soirée du 12 novembre.
En l'absence de celui-ci, il est difficile de suivre le déroulement de la séance. Nous passerons sur la présentation longue, insipide et institutionnalisée sur la cohésion sociale, le projet politique jeunesse communautaire 2013-2017.
Quant au package sur les aides et subventions à la culture, il se résume à une longue et fastidieuse énumération par la vice-présidente, (qui se fera reprendre par le président lui demandant d'abréger ses longueurs). Tout sera voté en bloc, ce qui prouve bien que tout est réglé en amont lors du bureau des maires, quatre heures avant les conseils communautaires, à huis clos et sans la présence de la presse... Ou pire encore, «Des décisions prises hors conseil dans le couloir, entre deux portes» (propos entendus dans l'arène publique). On comprend alors le peu d'enthousiasme de la part d'une grande majorité des conseillers qui savent qu'ils ne sont là que pour valider une parodie de débat. Au sujet des bénéficiaires, force est de constater que l'on retrouve toujours un peu les mêmes associations abonnées au club. Dans la mesure où Morlaix communauté ne communique pas suffisamment auprès du public sur les possibilités de subventions, seules les associations qui ont pris l'habitude de monter des dossiers, sont servies.
Quitte à nous jouer un semblant de débat démocratique dépassé et voué à être modernisé, vous pourriez faire un effort dans la présentation des dossiers à l’instar du vice-président Marc Madec pour son exposé bien ficelé sur les transports. Ce dernier a su écouter d'une oreille attentive les remarques pertinentes de Michel Le Saint (élu Vert) sur la gratuité des transports collectifs.

Pour en revenir aux remarques des deux conseillers évoquées en début de rapport, les élus de Morlaix communauté devraient plutôt se poser la vraie question sur la raison de notre engagement. Il faut se rendre à l’évidence, personne n'assiste à leurs réunions, c'est le signe que la communication de Morlaix communauté pour intéresser les citoyens est défaillante.

Face à la crise civique et sociale dans laquelle s’enfonce la France, les élus ont une responsabilité historique. L’enjeu : donner du « pouvoir d’agir » aux citoyens, recréer des leviers qui leur permettront d’avoir de nouveau prise sur l’action publique, et ainsi sur leur vie. Les régions, les communautés de communes peuvent être un espace où s’expérimentera ce pouvoir d’agir. Encore faut-il savoir écouter les citoyens présents. Et parmi eux, des jeunes. Les échanges avec les deux élus communautaires sur le parking sont éloquents.
Pour des raisons de confidentialité, nous les appellerons tous Camille.
Camille (21 ans) : « Se faire traiter même gentiment de marionnette guidée par la fougue, l'esprit contestataire et l'acné post-adolescente, c'est un peu réducteur et çà n'engage pas à participer aux affaires de la cité ! Quelle image sectaire et désastreuse, vous donnez aux jeunes citoyens qui trouvent du temps pour venir assister à votre conseil… Et après, vous vous demandez pourquoi l’abstention ne cesse d’augmenter depuis les années 1980, quels que soient les scrutins»
L’autre Camille (18 ans) : « C’est dommage de passer ainsi à côté d’une belle occasion de prendre conscience des demandes de la jeunesse ! »
Et que dire de ce genre de remarque faite au 3e Camille (40 ans) : «Je suis visiblement pour certains élus un père à classer comme inconscient car ses enfants assistent parfois à la première partie des réunions. L’enseignement primaire comportant des cours d’éducation civique et moral, il me semble pourtant pertinent que des enfants puissent observer des adultes en principe en charge du bien des autres citoyens et d’être des modèles quant à l’application de ces règles. Même s’il semble que pour certains cela ne soit pas sain pour eux… Choquant car il a été dit que cet environnement malsain était dû aussi à la présence d’autant d’élus dans cet endroit pour des enfants... Cela conforte donc la distance à parcourir avant une prise en compte de la démocratie participative, l'infantilisme qu'ils soupçonnent à notre égard est symptomatique d'une vision politique généralisée sur l‘incapacité du citoyen et son idiotie. A défaut de pouvoir porter plus loin nos observations sans avoir accès aux rapports et études, le second degré et l'humour caustique restent donc les meilleures armes pour tenter de leur ouvrir les yeux... »

Dans une société où la dérision est un moyen de défense, qui exhibe son « Petit Journal sur Canal + » et son « Canard enchaîné » comme représentatifs de sa culture, on ne peut s’étonner que nous pratiquions nous aussi la dérision.
Ce que nous voulons : c’est un peu moins d’autosatisfaction de votre part et plus de communication pour inciter le peuple à s’intéresser aux affaires de la cité. La nature a horreur du vide : en tant qu’observateurs de la démocratie locale, lanceurs d’alertes, nous faisons votre boulot en informant et en invitant les citoyens à suivre le débat public. Estimez-vous heureux, nous n’avons pas encore demandé de subvention !!!


Contacts : indignemorlaix@gmail.com ou , observateur.democratie.morlaix@gmail.com
Tag(s) : #actualités
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