chico.jpgChico Buarque revient dans les bacs, et découvre internet

 Après cinq ans de silence, le génial Chico Buarque revient en publiant un nouvel album, « Chico », dans les bacs à partir d’aujourd’hui, aussi bien au Brésil qu’en Europe. On y trouve des nouveaux sons, mais aussi la nostalgie propre à ses tubes des années 1960, ces mélodies qu’on se surprend à fredonner dès la deuxième écoute. Une belle chanson sur ses amours avec la chanteuse Thais Gulin, de trente ans sa cadette – « essa pequena », ici en vidéo, dans le même registre qu’«il suffirait de presque rien », que chantait Serge Reggiani, l’optimisme en plus, on est quand même au Brésil – et des collaborations avec notamment le guitariste Joao Bosco, avec lequel il entonne la chanson, « Sinha », une des plus intéressantes de l'album. C’est un morceau de samba aux accents africains, racontant l'histoire d'un Noir attaché à un tronc d'arbre pour y être fouetté et torturé, qui songe à son amour. L’esclavage est un des thèmes récurrents de l’oeuvre de Chico Buarque.


La nouveauté de ce disque est l’utilisation d’internet, qu’on n’attendait pas de la part de ce monstre sacré de la musique brésilienne. Sa maison de disque a mis sur pied une stratégie digne des meilleures écoles de marketing. Plusieurs semaines avant le lancement du disque, un site, www.chicobastidores.com.br (littéralement, « dans les coulisses de Chico »), dans lequel on trouvait un "making of" de l'album, des extraits des titres, des photos, des films, et la possibilité de commander le disque en avant-première. Une nécessité, alors que les maisons de disques ont pratiquement disparu, et une façon de détourner le piratage, très répandu, que ce soit sous forme de disques copiés vendus dans la rue, ou directement sur internet.


A 67 ans, Chico Buarque s’est amusé de cette nouvelle stratégie, constatant qu’internet était aujourd’hui l’équivalent de la radio il y a quelques décennies, lorsque les lancements successifs de chaque chanson préparaient la sortie d’un album. Dans une magnifique vidéo, postée sur son site promotionnel et reproduite partout ailleurs, il rit, et confesse d’ailleurs qu’il a découvert, grâce à internet, la rage de certaines personnes, et comment il est l’objet de haine d’internautes, qui se déchaînent dans la partie « commentaires » des articles. Pour ceux qui comprennent le portugais, cela vaut le détour : http://www.youtube.com/watch?v=n5LuD2CFhYE.


Même s’il n’en évoque pas la raison dans la vidéo, ce déchainement vient surtout du fait que Chico Buarque a eu un rôle central au cours du second tour de la campagne électoral présidentielle de l’année dernière, affichant son soutien à Dilma Rousseff, la dauphine de Lula, et organisant à Rio une immense manifestation d’intellectuels en sa faveur. Il voulait juste rappeler que malgré certaines déceptions, il ne se tromperait pas de camp. Une partie de l’élite a détesté. Conclusion de Chico : il vaut mieux en rire. Et notre conclusion : précipitez-vous pour l’écouter, c’est toujours un enchantement.

 

Source : MEDIAPART

 

 

 

Tag(s) : #musiques
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