Keratea (Grèce) un modèle de résistance

Publié le 31 mars



Depuis le 11 décembre Keratea petite ville de 16 000 habitants est entrée en résistance totale face au projet dévastateur d’implanter une énorme décharge à ciel ouvert. Ce projet détruirait complètement l’environnement d’une région entière et le site archéologique qu’elle abrite. Ce combat acharné est maintenant devenu la lutte symbolique de toutes les revendications à la vie contre le rouleau compresseur du capitalisme prêt à tout pour une poignée de dollars. C’est une ville entière sans différence d’âge ou de classe sociale qui tient les barricades contre les mécanismes répressifs toujours plus cruels envers ceux qui refusent de s’agenouiller…

 

 

Bref récapitulatif (11 décembre –22 mars)

Keretea est une ville de 16 000 habi­tants de la com­mune de Lavreotiki, près de Lavrion, à 40 km au sud est d’Athènes. Le lieu a une his­toire ancienne et compte de nom­breux ves­ti­ges comme un amphi­théâ­tre, des traces d’ancien­nes for­ti­fi­ca­tions etc. Comme une grande partie de l’Attique, Keratea a une pro­fonde tra­di­tion arva­nite [1] impli­quant une cer­taine fierté, un sens de la famille élargie, de fortes valeurs de soli­da­rité et de cohé­sion sociale contre les alié­na­tions de l’auto­rité, ainsi qu’un fort entê­te­ment. Beaucoup d’entre eux sont de petits agri­culteurs (pro­duc­teurs de vin, olives…) ouvriers, retrai­tés, et/ou sans emplois. Durant la der­nière décen­nie l’Attique Orientale subit une sorte d’embour­geoi­se­ment récréa­tif du fait de la cons­truc­tion de l’aéro­port inter­na­tio­nal de Spata (en 2001), et de l’expan­sion des ports de Lavrion et Rafina pour désen­gor­ger celui du Pirée. Ces nou­vel­les infra­struc­tu­res per­mi­rent aux entre­pri­ses de tou­risme et de cons­truc­tion athé­nien­nes de se dépla­cer vers l’est (ces mou­ve­ments sont en lien avec les quasi annuels feux de forêt, les par­ties « inex­ploi­tées » de l’Attique). Bien évidement, les infra­struc­tu­res et les ser­vi­ces sociaux (même celui du sys­tème de drai­nage) sont net­te­ment insuf­fi­sants pour accueillir un tel dépla­ce­ment.

La pro­po­si­tion faite de cons­truire un immense dépôt d’ordu­res à ciel ouvert serait le sommet de l’ice­berg – ou de la mon­ta­gne de déchets - quant à l’assu­jet­tis­se­ment du ter­ri­toire et de sa popu­la­tion aux pro­fits privés. Ladite pro­po­si­tion, censée cons­ti­tuer une solu­tion aux pro­blè­mes de déchets dans l’Attique, est dan­ge­reuse et tout à fait illé­gale car pro­cla­mée contre la volonté de ceux qui auraient à la subir et dont l’objec­tion a aus­si­tôt subi une vio­lente répres­sion. Pas assez de temps pour des « négo­cia­tions » d’autre­fois dans l’époque du capi­ta­lisme en grande vitesse du gou­ver­ne­ment socia­liste. La cons­truc­tion de dépôts d’ordu­res et la ques­tion de la ges­tion des déchets en géné­ral ont donné nais­sance à des diver­ses luttes par­tout en Grèce ces der­niè­res années. Parmi les plus impor­tan­tes : Grammatikon (dans le Nord de l’Attique), Neraida-Serres, Varnavas, Naxos, Karvounari, Elliniko-Ioannina, et bien sûr Leukimmi, à Corfu, ou un petit vil­lage arrive par tous les moyens à blo­quer les tra­vaux et affron­ter la police depuis main­te­nant trois ans. Une résis­tance qui coûta la vie à une femme, morte des vio­len­ces poli­ciè­res, et de très nom­breu­ses condam­na­tions.

Le samedi 11 décem­bre, dès l’aube les habi­tants de Keratea ont résisté aux ten­ta­ti­ves de la police anti-émeute et du pro­cu­reur de briser leur défense afin qu’ils puis­sent placer des machi­nes d’enfouis­se­ment et de cons­truc­tion dans la région (site classé depuis 2003). Les habi­tants se sont affron­tés avec les esca­drons poli­ciers, au corps à corps, avec des pier­res, des fron­des, des bar­ri­ca­des et des cock­tails Molotov. Pour la pre­mière fois les flics ont uti­li­sés des canons à eau contre les pro­tes­ta­tai­res. Des coups de feu ont été enten­dus, et de très nom­breux citoyens ont été bles­sés. Cinq habi­tants de Lavrion ont été arrê­tés après avoir bar­ri­cadé le nœud d’auto­route de Vromopousi. Dans les envi­rons, toutes les écoles ont été occu­pées ; et les élèves ont assisté à des batailles mili­tai­res.

Les médias du régime ten­tè­rent de désin­for­mer « l’opi­nion publi­que » rap­por­tant que les affron­te­ments impli­què­rent non pas des habi­tants locaux mais des pro­fes­sion­nels cas­qués… Une enquête pré­li­mi­naire d’urgence fut même ordon­née lors des pre­miers jours d’affron­te­ments après la requête du pro­cu­reur en chef du tri­bu­nal de pre­mière ins­tance d’Athènes Hélène Raikou. Les médias urbains rele­vè­rent que cette enquête fut ordon­née pour ten­ta­tive de meur­tre sur des offi­ciers de police et le pro­cu­reur sur place ! Le 15 décem­bre les flics arrê­tè­rent sept per­son­nes sur l’avenue Lavrion à Keratea dont un mineur, les accu­sant de deux crimes et deux délits. L’un d’eux fut accusé de lour­des char­ges, par l’uti­li­sa­tion de la loi « anti-cagoule ». Le 21 décem­bre, la cour d’Evelpidon les appela pour s’excu­ser et ils furent libé­rés sous cau­tion.

Lutte pour le sauvetage et la libération de O(m)vriokastro

21 Dec.

La beauté de la nature et sa pro­tec­tion n’est pas une valeur à négo­cier selon les gens et les besoins locaux actuels ; elle est une res­pon­sa­bi­lité envers les géné­ra­tions futu­res. Déjà le « déve­lop­pe­ment de la civi­li­sa­tion » a pillé une grande partie de la terre et les désas­tres de l’acti­vité humaine sont sur une grande partie de l’envi­ron­ne­ment irré­pa­ra­bles. La Terre n’est ni un outil ni un domaine au ser­vice des besoins et acti­vi­tés de l’homme contem­po­rain. Ni les habi­tants de Keratea ni de n’importe quel autre région du globe n’ont choisi de trans­for­mer la beauté natu­relle d’Ovriokastro comme de toutes les autres mon­ta­gnes en un tas d’ordure sup­plé­men­taire.

Les seuls à le vou­loir sont les chefs du régime poli­ti­que et les requins de la finance des entre­pri­ses de cons­truc­tion. Avec comme seule loi celle du profit contre la société qu’ils pillent et ter­ro­ri­sent, le capi­tal et les patrons ont trouvé un nouvel endroit agréa­ble à détruire pour leur profit. Il n’en sera rien ; nous ne les lais­se­rons pas faire. Assez ! La seule décharge qui sera cons­truite sera faite de leur cendre, la seule source de ruine de la pla­nète.

La coïn­ci­dence avec la grève des « jour­na­lis­tes » plonge dans l’obs­cu­rité cette lutte pen­dant que les ana­lys­tes poli­ti­ques ten­tent de mode­ler et remo­de­ler les faits à des fins poli­ti­ques per­son­nel­les et des inté­rêts économiques. Malchance et chance à la fois puis­que les méca­nis­mes de dif­fu­sion de l’infor­ma­tion sur la résis­tance popu­laire opè­rent en tant que méca­nis­mes de répres­sion et dis­cré­di­tent les mou­ve­ments sociaux. Si les chiens qui ten­tent d’éliminer la résis­tance atta­quent impi­toya­ble­ment le blo­cage de Keratea, ima­gi­nez, ce qu’il en serait si nous jetions nos déchets à Ekali, Filothei ou Kavouri (ban­lieues chics de l’Attique).

Au contraire la dif­fu­sion de l’infor­ma­tion aux gens d’ici et du reste du monde devrait faire partie, et être un outil de cette lutte comme de toute lutte sociale, comme contre-infor­ma­tion aux médias de dés­in­for­ma­tion. Pendant que des dizai­nes de mil­liers de per­son­nes sont allées à Athènes pour pro­tes­ter, les forces d’occu­pa­tion les ont blo­quées au moyen de vio­len­ces et de lacry­mo­gè­nes ; le front de Keratea a été empê­ché par la force, cette fois-ci avec la nou­velle - mais inou­blia­ble, de l’époque de la junte - méthode AVRAS ! L’infor­ma­tion trans­mise aux gens du monde entier fut qu’un ancien minis­tre se fit frappé sans avoir fait la moin­dre pro­vo­ca­tion. Un ancien minis­tre qui a laissé des mil­liers de famil­les sans tra­vail et a vendu pour quel­ques deniers une énorme infra­struc­ture, celle de la com­pa­gnie aérienne natio­nale Olympic Air, aux crocs du capi­ta­lisme et du profit. Que doit faire un minis­tre pour être consi­déré comme pro­vo­ca­teur ?

Nous ne sommes pas seu­le­ment soli­dai­res de la lutte des rive­rains qui seront tou­chés par le pillage d’Ovriokastro, nous sommes soli­dai­res de toutes les luttes pour la défense de la nature que ren­contre­ront les géné­ra­tions futu­res et contre les répres­sions de l’état et du capi­ta­lisme.

Dans ce cas là, comme dans beau­coup d’autres, vient se poser le sceau hypo­crite du « déve­lop­pe­ment vert », décharge / enfouis­se­ment sani­taire, éco-énergies et autres coquilles vides. Alors qu’en réa­lité ils nous le font payer pour des cen­tai­nes d’années, pen­dant qu’ils bais­sent nos reve­nus et pres­ta­tions socia­les, et aug­men­tent les fonds mana­ge­riels des patrons pour que de plus en plus de pognon aille dans les poches des élites indus­triel­les et des ban­ques. Les com­bat­tants sont appe­lés ter­ro­ris­tes ou ban­dits et subis­sent des cam­pa­gnes meur­triè­res, la ter­reur est uti­li­sée pour dis­sua­der les gens de résis­ter, les pro­vo­ca­tions sont innom­bra­bles contre les mou­ve­ments, pen­dant que la junte des proxé­nè­tes du FMI et de l’UE nous nour­ris de pro­duits chi­mi­ques - pour­tant inter­dit par un traité inter­na­tio­nal même pour les guer­res inhu­mai­nes et toxi­ques !

S’il exis­tait un sem­blant de démo­cra­tie le champ de bataille serait au par­le­ment et aux tri­bu­naux. A Ovriokastro bou­le­versé et sus­pi­cieux, la méfiance est de mise contre la cour et le pro­cu­reur pen­dant que les sol­dats de la junte conti­nuent la guerre. La guerre conti­nuera ici comme ailleurs. Nos petits enfants se retrou­ve­ront au milieu des fleurs sur la col­line Ovriokastro pour se rincer le visage dans les eaux cris­tal­li­nes du Mouzaki qui tra­verse la région. Cette terre est celle des géné­ra­tions futu­res et non pas à nous, elle n’est pas négo­cia­ble avec la junte des entre­pre­neurs. Sans cour­tiers, ni agents, ni diri­geants, nous nous bat­trons tous du même côté de la bar­ri­cade contre les pilla­ges de la nature.

Tous ce temps, vingt esca­drons de la police anti-émeute et plus de 600 offi­ciers de police ont effec­tué des contrô­les abu­sifs des véhi­cu­les qui cir­cu­laient dans la région, des tonnes de pro­duits chi­mi­ques et de balles en caou­tchouc ont été tirées contre les habi­tants, et les forces de répres­sions n’hési­taient pas à inju­rier les mineurs et les per­son­nes âgées. Au même moment, une injonc­tion était dépo­sée par le magis­trat pour arrê­ter le projet : le 30 décem­bre se tenait le procès des mesu­res de pro­tec­tion pré­sen­tées par la muni­ci­pa­lité et les rési­dents de Keratea contre le projet d’enfouis­se­ment. La déci­sion du tri­bu­nal du comté de Lavrion a reconnu le droit des rési­dents contre les entre­pre­neurs et inter­dit le début de tout projet dans la région avant :

- a) Que l’expro­pria­tion forcée des terres pour l’exé­cu­tion de la pre­mière phase de cons­truc­tion soit ter­mi­née
- b) Que l’étude, sti­pu­lée dans le contrat de cons­truc­tion avec les pro­mo­teurs du projet, soit entre­prise
- c) Que les ser­vi­ces archéo­lo­gi­ques qua­li­fiés sta­tuent s’il a des décou­ver­tes archéo­lo­gi­ques à ce lieu
- d) Que les auto­ri­sa­tions néces­sai­res soient déli­vrées aux entre­pre­neurs quant à l’implan­ta­tion du projet.

Malgré la com­mu­ni­ca­tion de cette déci­sion au chef de la police anti-émeute, les flics res­tè­rent dans la région. Le 26 décem­bre, les habi­tants et des per­son­nes soli­dai­res, blo­què­rent sym­bo­li­que­ment l’aéro­port inter­na­tio­nal Eleftherios Venizelos. Plus tard la police anti-émeute atta­qua les habi­tants réunis près des machi­nes des entre­pre­neurs. Ils tirè­rent tel­le­ment de gre­na­des assour­dis­san­tes, qu’ils cau­sè­rent un incen­die obli­geant une inter­ven­tion des pom­piers !

Le 30 décem­bre, à Prolylaea, eut lieu un sound system de pro­tes­ta­tion en soli­da­rité à la popu­la­tion de Keratea et Levreotiki. Pour le nouvel an les habi­tants se ren­di­rent dans le sec­teur ou étaient ins­tal­lées les machi­nes malgré les vigi­les des entre­pre­neurs. Précisément le 2 jan­vier vers 16h, envi­ron quatre vingt per­son­nes, pas­sant par les cours d’eau réus­si­rent à accé­der aux machi­nes. Ils en cas­sè­rent les vitres avant l’inter­ven­tion des flics. Les anti-émeutes tirè­rent des gre­na­des assour­dis­san­tes et des lacry­mos qui leur revint dessus grâce au vent. S’en suivit des jets de pier­res. Dans le même temps trois cents per­son­nes défi­laient entre le parc indus­triel (VIO. PA) bloqué et le bar­rage de flics à l’entrée d’Ovriokastro.

Le 4 jan­vier, juste après 22h30, il y eu des ten­sions sur l’avenue Lavrion et au nœud d’auto­route de VIO.PA entre les forces poli­ciè­res et les rési­dents pro­tes­tant contre la cons­truc­tion de la décharge. [vidéo]

Une nou­velle fois, dans la soirée du 12 jan­vier les habi­tants de Keratea s’oppo­sè­rent aux forces de répres­sion. Les affron­te­ments durè­rent jusqu’à 2h du matin pas­sant le mes­sage que cette civi­li­sa­tion pol­luée ne peut pas être net­toyée, seu­le­ment ren­ver­sée. Le 16 une mani­fes­ta­tion et un ras­sem­ble­ment furent appe­lés dans la mati­née à Keratea prin­ci­pa­le­ment par des mem­bres de grou­pes de gauche extra-par­le­men­taire. [vidéo]

Une action de contre-infor­ma­tion fut menée par 400 per­son­nes soli­dai­res malgré une météo défa­vo­ra­ble. Le même soir eut lieu de nou­veaux affron­te­ments entre les habi­tants ainsi que les per­son­nes soli­dai­res, et les flics. Le 18 jan­vier deux per­son­nes furent arrê­tées puis relâ­chées sous condi­tion de ne pas quit­ter le pays. Devant la cour des dizai­nes de per­son­nes étaient ras­sem­blées en sou­tien. Les deux per­son­nes étaient accu­sées de trois crimes et trois délits : selon les accu­sa­tions poli­ciè­res les deux jeunes gens auraient fait partie d’un groupe de cent per­son­nes qui aurait jeté des objets sur eux pour les tuer…

Dans la nuit du 30 les forces d’occu­pa­tion poli­ciè­res uti­li­saient une nou­velle fois des pro­duits chi­mi­ques. Les flics tirè­rent à tirs tendus et à bout por­tant des car­tou­ches de lacry­mos bles­sant un habi­tant. Suite à quoi des dizai­nes d’habi­tants atta­què­rent les cor­dons d’antié­meu­tes. Le même jour eut lieu un événement de soli­da­rité au parc auto­géré Navarinou à Exarchia. Plus tôt les habi­tants de Keratea ren­daient visite aux « 300 » tra­vailleurs immi­grés en grève de la faim dans le bâti­ment de l’angle de la rue Ipirou et Patission. Ils leur expri­mè­rent leur soli­da­rité envers leur lutte et leur ame­nè­rent des choses de pre­miè­res néces­si­tés (eau, cou­ver­tu­res…) Dans la nuit du pre­mier février les habi­tants de Lavreotiki com­men­çaient à cons­truire un mur sym­bo­li­que dans l’entrée du bâti­ment de la DOY (bureau des impôts) et du Lavrion IKA (caisse d’assu­rance). Avant que deux, puis trois voi­tu­res de la police et de la police secrète n’arri­vent, les encer­clent et arrê­tent trois d’entre eux dont un mineur. La nou­velle de ces arres­ta­tions se repen­dit aus­si­tôt sur les bar­ri­ca­des de Lavrion et Keratea : spon­ta­né­ment, des dizai­nes de per­son­nes assié­gè­rent le poste de police de Lavrion, en sou­tien aux per­son­nes arrê­tées, et pour exiger leur libé­ra­tion immé­diate. Une heure plus tard les deux per­son­nes arrê­tées furent relâ­chées - le plus jeune avait été libéré plus tôt. Les per­son­nes ras­sem­blées retour­nè­rent ter­mi­ner le mur dans l’entrée du bâti­ment du bureau des impôts.

Le système ne peut être nettoyé ; il ne peut qu'être renversé ! C'est de Lavrion avenue que commence le renversement par les barricades ! Le sys­tème ne peut être net­toyé ; il ne peut qu’être ren­versé ! C’est de Lavrion avenue que com­mence le ren­ver­se­ment par les bar­ri­ca­des !

Publication anonyme sur Indymedia Athènes le 20 février :

« La chose la plus impor­tante est que les gens de Keratea ont changé. Ils ont main­te­nant l’esprit de lutte, ils ont appe­lés aux armes, ils ont com­mencé à penser de manière révo­lu­tion­naire, ils ont observé les métho­des et réac­tion de l’ennemi pour les uti­li­ser à leur avan­tage, unis, ils ont décou­vert des choses jusque là enfuies en eux, ils sont deve­nus impré­vi­si­bles, ils se sont rendu compte qu’ils ne pou­vaient pas perdre en des­cen­dant spon­ta­né­ment dans la rue, ils ont sur­monté leurs peurs - sans la crainte que le châ­teau de cartes de l’auto­rité se soit ébranlé. La popu­la­tion de Keratea a écrit et conti­nue d’écrire – ce n’est pas ter­miné - l’his­toire de leur épopée uti­li­sant leur pro­pres exis­ten­ces pour leur cause – chose que per­sonne ne peut igno­rer - qu’importe que de nom­breux inté­rêts en soit la raison.

Ils ont eut la soli­da­rité de dif­fé­rents grou­pes sociaux, et la cons­cien­ti­sa­tion des per­son­nes à la lutte – ils ont même gagné le res­pect des enne­mis. Ils ne se sont pas pliés aux injus­tes per­sé­cu­tions, ils n’ont pas fermé leur gueule, et pas douté un seul ins­tant que le droit est de leur côté.

La suite ne peut être qu’une atta­que totale de la société contre les enne­mis de Keratea, les grands entre­pre­neurs, les poli­ti­ciens, les flics (dans l’ordre hié­rar­chi­que). Les forces d’occu­pa­tions ont fran­chit les limi­tes de l’accep­ta­ble dans la cons­cience col­lec­tive, et ont montré leur vrai visage. Tous ceux qui se sont retrou­vés dans la lutte de la popu­la­tion de Keratea peu­vent com­pren­dre pour­quoi je suis chargé d’émotion quand me vient à l’esprit le sérieux et « l’annon­cia­teur » de ceux qui jusqu’à hier n’étaient que sim­ples employés, tra­vailleurs, retrai­tés ou femmes au foyer etc., la bra­voure des « com­man­dos » qui jusqu’à hier étaient maçons, agri­culteurs, étudiants, migrants et petit-busi­ness etc., l’impul­si­vité des impromp­tus « cor­res­pon­dants » dont les paro­les sor­taient de leur bouche avec la même lim­pi­dité que l’eau qui coule sur l’Ovriokastro.

Ils ont apporté la gué­rilla dans nos vies. Chacun d’entre nous, enrage de la bes­tia­lité de la police, les coupes de salaire et l’infla­tion galo­pante qui nous étouffe ; chacun d’entre nous sait que quel­ques part à Keratea il y a un front qui ne cesse de résis­ter.

Keratea ne peut être une défaite. La durée nous a fait com­pren­dre cela, le pire serait pour eux. »

Beaucoup de choses suivirent notre dernière couverture des événements (datée du 8 et 9 février)

Les forces de répres­sion sou­te­nues par le gou­ver­ne­ment, n’ont jamais quitté les lieux de la décharge, sur­veillant en per­ma­nence les machi­nes et ter­ro­ri­sant la popu­la­tion. Ce, malgré la déci­sion judi­caire du 1er Mars d’inter­dire les tra­vaux et de donner raison aux rive­rains ! Néanmoins, les rési­dents n’ont jamais aban­donné et conti­nuent de résis­ter par tous les moyens. Le 9 mars aux alen­tours de 3h du matin, sous une tem­pête de neige, 25 habi­tants sur­pri­rent la ving­taine de flics qui gar­daient les machi­nes depuis leurs quatre voi­tu­res. Affirmant clai­re­ment que la police n’est pas leur cible, ils bri­sè­rent les vitres de camions et machi­nes à l’aide de haches et mar­teaux, jetè­rent de l’essence à l’inté­rieur avant d’y mettre le feu. Toutes les machi­nes et camions furent entiè­re­ment détruits. Les per­son­nes quit­tè­rent les lieux sans le moin­dre affron­te­ment avec les flics.

Le 16 mars, la même nuit ou du yoghourt fut jeté sur le vice-pré­si­dent, les habi­tants de Keratea s’affron­tè­rent avec la police anti-émeute comme pres­que toutes les nuits. [vidéo]

Le 20 mars à midi, après que la police atta­que une bar­ri­cade de route, les rési­dents atta­què­rent et brû­lè­rent com­plè­te­ment un repaire de flics, avec notam­ment une voi­ture et une four­gon­nette pleine de muni­tion, de lacry­mos, de gre­na­des assour­dis­san­tes.. ! Les flics se sou­vien­dront de l’explo­sion et du feu qui dura un long moment. [vidéo]

La lutte conti­nue ! Le besoin de ras­sem­ble­ment de soli­da­rité pour le blocus de Keratea est per­ma­nent !

’Fate mas to muti’ : mangez notre merde

Sources : Contrainfo

Plus d’info : rioter.info (grec) /
occu­pied­lon­don (anglais)

 

Source : REBELLYON

Tag(s) : #environnement
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