Disparaître dans un camp de rétention, être jeté vivant dans les oubliettes du système, tel est le sort inhumain et presque sans recours que les métropoles réservent aux plus opprimés, les damnés de la terre.


Comme en Grande-Bretagne, la détention indéterminée, pour des délais qui excèdent parfois deux ou trois ans, constitue une pratique courante en République d’Irlande. Dans ce pays voisin du Royaume-Uni, un Algérien vient pourtant de gagner sa bataille contre les services de l’immigration, avec l’appui de la justice locale. Vendredi dernier, la Haute-Cour irlandaise a ordonné sa remise en liberté, après avoir récusé les motifs de son incarcération.

Ce compatriote, dont l’identité n’a pas été révélée par les médias, est arrivé en Irlande il y a quatre ans. Il a été interpellé par la police pour avoir été dans l’incapacité de présenter un titre de séjour et une pièce d’identité. Il a été transféré ensuite dans un centre de rétention d’immigrés clandestins et y a passé deux longs mois sans que personne ne l’éclaire sur son sort. Les autorités ont ajourné son expulsion en attendant la confirmation de son identité. Or bien qu’il ne dispose pas d’un passeport en cours de validité, le jeune Algérien a en sa possession d’autres documents qui prouvent son affiliation et sa nationalité dont un extrait d’acte de naissance et un permis de conduire. Il a même introduit une demande d’asile. Mais en dépit de tout cela, un tribunal de première instance a confirmé sa détention.

En récusant aujourd’hui son verdict, la Haute-Cour montre de quelle manière les affaires de détention impliquant les sans-papiers sont souvent traitées avec légèreté et de manière expéditive. Dans le cas de cet Algérien, les services migratoires ont prétexté leur difficulté à établir son identité en raison de l’absence d’une ambassade algérienne à Dublin. Ils ont également mis en doute l’authenticité de l’extrait de naissance et du permis de conduire qu’il a présentés. Des dizaines d’autres compatriotes croupissent dans des centres de rétention, principalement en Grande-Bretagne. Certains y sont incarcérés depuis une très longue période. À l’opposé, d’autres États européens, le Royaume-Uni ne fixe pas de délais légaux de détention des sans-papiers. Il fait fi des rappels à l’ordre de Bruxelles et des critiques incessantes des organisations des droits de l’Homme.

En 2010, une enquête menée par une ONG britannique, London Detainee Support Group, a révélé que les Algériens figurent parmi les catégories d’étrangers les plus ciblés par les détentions abusives. L’un d’eux incarcéré à Colbrook, le plus grand centre du pays, situé près de l’aéroport de Heathrow, a livré un témoignage poignant sur sa situation, affirmant avoir souvent pensé à se suicider. Les services migratoires britanniques justifient leur recours abusif aux détentions de longue durée par l’insuffisance de coopération de la part des services consulaires des États auxquels appartiennent les sans-papiers. Les représentations diplomatiques dont la nôtre seraient peu enclines à délivrer des laisser-passer permettant les expulsions. Ballottés entre les autorités britanniques et celles de leur pays, les clandestins introduisent des recours incessants auprès des tribunaux.

En avril 2010, un Algérien atteint d’une maladie mentale a fait condamner le Home Office, ministère de l’Intérieur. La Haute-Cour britannique a qualifié sa détention “d’injuste et d’injustifiée”. Il a été emprisonné pendant trois ans. Bien que rares, les libérations qui émanent volontairement des services migratoires sont principalement justifiées par des raisons objectives. La surcharge des centres de rétention, onze dans le Royaume, en est une. Au lieu d’occuper une cellule, le sans-papiers doit se présenter chaque semaine au commissariat de son quartier.

Source : http://www.liberte-algerie.com/actualite/un-algerien-d-irlande-libere-detention-indeterminee-des-sans-papiers-170604

 

Source : Libération Irlande