165549 185315541490024 100000347382869 484168 6157959 nLa direction d'un hypermarché expulse des Roms à l'aide d'un bulldozer

 

 

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NANTES (AFP) - La direction d'un hypermarché Leclerc de Nantes a expulsé jeudi avec un bulldozer et une douzaine d'hommes deux familles de Roms avec enfants et leurs caravanes d'un terrain proche de son établissement, avant de s'en excuser vendredi.

"L'équipe de direction de (Leclerc) Paridis s'excuse sincèrement auprès des familles concernées de la manière dont s'est passée l'évacuation", a déclaré le PDG de l'hypermarché Leclerc Paridis de Nantes, Pierre Chartier. "C'est une décision un peu regrettable et maladroite, nous assumerons nos responsabilités et nous nous engageons à réparer les éventuels préjudices", a-t-il ajouté.

Les personnels qui ont mené l'opération "n'ont pas du tout pensé qu'il y avait une autorité à solliciter", a-t-il conclu.

Lors de l'opération, l'une des trois caravanes de ces familles très démunies a eu un côté enfoncé par le bulldozer, a constaté un journaliste de l'AFP.

"J'étais parti à l'école et ma mère ainsi que l'autre mère étaient parties quand le bulldozer est arrivé. Il a poussé de la terre vers les caravanes et puis tout contre une d'elles où il y avait les petits enfants. Ils ont eu très peur", a rapporté vendredi à l'AFP Saban Laisor, 17 ans.

"Ils nous ont fait sortir comme des chiens", a déclaré à l'AFP Bria Laisor 55 ans, la mère de Saban, en montrant le côté de sa caravane enfoncé par le bulldozer.

Au moment de l'intervention, deux enfants de 13 ans, deux de 6 ans et un de 3 ans étaient présents dans la caravane. C'est l'un des garçons de 13 ans qui a dû tout seul faire sortir ses petits frères pour les mettre sur le côté, loin de la machine, a expliqué celui-ci à l'AFP.

Puis un homme qui s'est présenté à eux comme le "chef" de l'hypermarché, "chauve et à lunettes" selon les enfants, accompagné d'une douzaine de personnes "en costume", est venu et "ils ont traîné les caravanes hors du champ" au bord de la route.

Les deux familles de Roms ainsi que l'association solidaire Roms Nantes-Est voulaient porter plainte pour cette expulsion effectuée hors de tout cadre légal.

Néanmoins, vendredi après-midi, des policiers nantais ont refusé de recevoir leur plainte arguant qu'ils n'étaient pas, lors des faits, sur un terrain destiné à l'accueil des gens du voyage, a indiqué à l'AFP Christophe Sauvé vice-président de l’Association nationale des gens du voyage catholique. Ils n'ont pu déposer qu'une main courante. "C'est absurde parce qu'il n'y a plus aucune place libre sur les lieux d'accueil légaux", a-t-il relevé.

Selon la circulaire du 24 juin 2010 du ministère de l'Intérieur sur les occupations illicites de terrain, les propriétaires privés doivent porter plainte avant que la justice ne décide, ou non, de faire procéder à l'expulsion par les forces de l'ordre.

© 2011 AFP

SOURCE / Libération

 

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