faucheurs de l'inculture

 

 

 

 

 

Il y a des livres que l'on cerne vite, mais aussi que l'on oublie vite, très vite. Ils sont nombreux. Ce premier livre de Mahmoud Bédoui est si original, qu'il est impossible de le ranger dans une des petites cases dont nous disposons dans les librairies ou les bibliothèques. En revanche, une fois lu, il demeure en nous, par son étrangeté, par sa subtilité, par sa poésie, par toutes les images qu'il nous offre, par tous les sons et les couleurs proposés, par toutes les idées qui le parcourent.

 

 Bien entendu, il y a une histoire, ou des histoires qui se succèdent, comme un ensemble délicat de nouvelles reliées les unes aux autres, avec un lien commun qui est ce personnage, un homme, le "Prince des Oasis", un peu rebelle, un peu romantique. Alors qu'au fil des pages nous voyons vivre "L'homme à la cigarette fumée hier soir", l'auteur, qui a achevé ce livre, après vingt-cinq ans de travail, nous brosse aussi un état des lieux de la Tunisie sous la dictature de Ben Ali. Et le constat n'est pas vraiment brillant. On peut même parler de désolation pour ce petit pays atteint de clochardisation rampante.

 

 Face à la vie désolante sous une dictature, le héros du livre résiste, il va très tôt refuser ce formatage qu'impose les sociétés totalitaires, il va lutter contre les coutumes, les tabous, les interdits, contre tout ce qui annihile l'être humain. Avec une belle approche humaniste, teintée d'utopie, nous allons nous perdre dans des méandres poétiques, dans un surprenant "Jardin Magique" ou encore dans le "Mariage des couleurs et des arômes" car :

 

"...il est toujours possible de combattre les dangers de la pollution ou de la clochardisation qui risquent de contaminer les plantes et par delà, sauver l'harmonie entre les hommes et le monde animal et végétal." (p. 211)

 

 Mais Mahmoud Bédoui qui est né à Gafsa (Tunisie) fut  professeur d'histoire-géographie, et directeur des bibliothèques publiques. Souvent aussi il écrit des articles de presse. Il nous offre avec ce long texte, l'œuvre d'une vie, et une ode à la vie, contre tous les carcans de la société, contre tous les préjugés ou coutumes, en un bel humanisme, il propose une promenade un peu rêveuse vers la Cité idéale que nous aimerions tous connaître.

 

 Mais entre les lignes, transparaît un appel, un appel à la liberté, et à l'éducation qui seule peut permettre de se libérer vraiment. Et l'auteur est mieux placé que quiconque pour nous faire partager ce lien entre émancipation de l'humain et culture, lui qui a envie de développer un  beau projet nommé "Mille bibliothèques". Installer la lecture au cœur même de la vie, c'est  à dire dans les usines, les hôpitaux, les casernes ou les prisons.

 

Mahmoud Bédoui, homme de sagesse et de culture, nous rappelle que la lecture créa les Lumières et que l'éducation peut sauver son pays, et même au-delà, la civilisation. Ses envies et ses projets, comme la création d'une ONG du savoir "Professeurs sans frontières" sont crédibles, aussi crédibles que son livre.

 

 Un livre qui respire, et dont la lecture nous donne un nouveau souffle d'espoir. Un nouveau souffle d'espoir venu d'un pays où le peuple a su en finir avec la dictature. Une vraie bouffée d'oxygène au milieu de temps obscures...

 

 A lire et faire lire sans modération.

 

Dan29000

 

Les faucheurs de l'inculture

Histoire de l'homme à la cigarette fumée hier soir

Mahmoud  Bédoui

Editions Persée

Avril 2011 /270 p / 19 euros

Disponible en e-book : 13 euros

 

Pour voir le site de l'éditeur, c'est ICI

 

2e édition imprimée en Tunisie Octobre 2011

Autoédition

12 euros / 18 DT

mahmoud-bedoui@hotmail.com 

FAUCHEURS BIS

 

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LES FAUCHEURS DE L'INCULTURE V2 par yn15091985

 

 

EXTRAIT DE LA PREFACE /

Préface de Hamid NAHLA, ancien professeur d'université à Metz. Professeur d'université  à Casablanca (Maroc). 

"La liberté est toujours liée au désert et à ses espaces, ses dunes sahariennes et ses aliéas. Elle est déjà farouchement défendue via ses représentants légitimes, les Amazighs dans "Premières révoltes". La révolte traverse tout l'ouvrage. Révolte contre certaines traditionsz, comme entre-autres, cette "sacrée virginité" incontournable dans le mariage. Révolte contre l'inculture et donc contre toute forme d'ignorance. Notre homme qui a osé "fumer sa cigarette hier soir", symbole du rejet d'un autoritarisme dépassé, reste admiratif de cette "grande dame" qui, pour combattre l'obscurantisme, croit fermement que "seule la lecture et l'enseignement peuvent éclairer les gens vers des sentiers justes et lumineux".
 
   Comme dans les grandes oeuvres littéraires abouties où les phrases sont denses et riches en images et en métaphores, les héros sont réels, contradictoires, complexes et souvent dramatiques. Le jeu sur les extrêmes de paraboles en quelques mots est très bien mené, au détour d'une phrase (Tam Tam africain et cornemuse irlandaise) ou souvent des jeux de mots (sacrée journée pour une journée sacrée, Sidi Valentin...) et le livre en est très riche;
 
   Parfois discrets, mais souvent directs et osés, les personnages ne sont jamais vulgaires, surtout quans on a affaire à une "clochardisation généralisée" qui touche aussi bien aux personnages honnêtes ou malhonnêtes qu'aux biens meubles et immeubles : Clochardisation des villes, de l'économie, de l'enseignement, de la culture et "Tsunami de l'inculture", clochardisation de la société avec un futur affreusement sombre ! Et clochardisation rampante du monde Malgré cela, on reste optimiste. Alors, "Résistance ! Résistance chérie !"."
Tag(s) : #lectures
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