92 morts en Norvège : le suspect avoue, un autre tireur recherché

Un « fondamentaliste chrétien », proche de l'extrême droite, est inculpé pour l'attentat au cœur d'Oslo et la fusillade sur l'île d'Utoya.

Au moins 92 morts, c'est le bilan encore provisoire de la fusillade et de l'explosion intervenus vendredi après-midi à Oslo en Norvège. L'auteur de la fusillade, également inculpé pour l'attentat à la bombe, serait lié à l'extrême droite.

 

► Comment se sont déroulés l'attentat et la fusillade ?

Vendredi à 15h30, une bombe a explosé dans le centre d'Oslo, endommageant les sièges des ministères des Finances et du Pétrole et soufflant les vitres du bureau du Premier ministre Jens Stoltenberg. Ce dernier n'était pas présent au moment de la déflagration. Au moins sept personnes, selon la police, ont trouvé la mort dans cet attentat.

Ce samedi soir, lors d'une conférence de presse, la police a précisé que la bombe qui a explosé était placée dans une voiture.

L'arrivée des secours après l'explosion d'une bombe dans le centre d'Oslo, le 22 juillet 2011 (Holm Morten/Scanpix Norway/Reuters).

LeFigaro.fr présente une comparaison du lieu avant et après l'attentat.

Capture vidéo du camp d'Utoya, le 22 juillet 2011 (Reuters TV).

Peu de temps après, un homme déguisé en policier s'est joint à un rassemblement de jeunes partisans du Parti travailliste au pouvoir, sur l'île d'Utoya près de la capitale. Prétendant vouloir s'assurer de la sécurité des participants après l'explosion d'Oslo, il a ouvert le feu sur les participants, tuant au moins 85 personnes selon la police.

L'homme tirait au hasard en avançant, selon des témoignages rapportés par l'agence Reuters. Alors que les coups de feu résonnaient, les jeunes paniqués cherchaient désespérément un abri, certains fuyant dans les bois, d'autres plongeant dans le lac, d'autres encore faisaient semblant d'être morts comme Adrian Pracon témoignant sur CBS News. La fusillade aurait duré plus d'une heure.

Sur une capture vidéo, achetée par l'agence Reuters, un homme blond, vêtu de noir et semblant porter un fusil, apparaît debout près de jeunes campeurs, dans l'eau. La police pense y voir le principal tireur.

Photo aérienne de l'île d'Utoya. La police pense y reconnaître le principal suspect de la fusillade, le 22 juillet 2011 (NRK/Scanpix Norway/Reuters)

Al Jazeera a recueilli le témoignage d'Ali Esbati qui était sur l'île au moment de la fusillade. Il raconte qu'il a d'abord cru à une blague. Puis, il s'est dit que les cris sur l'île pouvait provenir de personnes sensibles – choquées par l'attentat d'Oslo. Mais en « descendant vers le rivage », il a vu deux corps sur le sol. Il a alors pris conscience de ce qu'il était en train de se passer. (Voir la vidéo)

 

Le journal norvégien VG a interviewé un autre témoin du massacre, Thorbjorn Vereide. Il explique comment Anders Breivik a commencé à tirer et a essayé de convaincre d'autres jeunes d'avancer en leur disant qu'il était policier et qu'il était là pour les protéger :

« Nous étions 30-40 personnes quand il a commencé à tirer. Quand il en a eu fini [avec nous] il ne restait plus que cinq ou six survivants. »

Vereide et les autres se sont cachés dans un trou près de l'eau, alors que les balles continuaient de voler :

« Certains étaient gravement blessés, allongés sur le sol autour de nous. Nous n'avons pas osé sortir du trou. »

Le jeune homme décrit un tireur comme étant « très calme » et consciencieux (faisant en sorte que ses cibles meurent). Selon la police, à l'arrivée des forces de l'ordre, il s'est rendu immédiatement.

► Qui est l'auteur de la fusillade ?

La police norvégienne a arrêté l'auteur des coups de feu sur l'île d'Utoya. Celui-ci a été également inculpé pour l'attentat à la bombe. Ce samedi soir, lors d'une conférence de presse, la police a dit que l'homme était passé aux aveux concernant la fusillade.

La police l'a décrit samedi matin comme un « fondamentaliste chrétien ».

D'après la chaîne de télévision privée TV2, cet homme, décrit comme grand et blond, est lié à l'extrême droite. Ses motivations restent floues.

D'après les médias norvégiens, l'homme s'appelle Anders Behring Breivik. Il a fait une école de commerce à Oslo. Il était membre du Parti du progrès dans les années 2000 avant de démissionner, ses idées étant devenues plus extrêmes. Selon le magazine anti-raciste suédois Expo, le coupable présumé participe à un forum Internet nazi suédois de 22 000 membres.

Il avait créé une page Facebook, bloquée depuis, sur laquelle il mettait en avant ses centres d'intérêt : le culturisme, le conservatisme politique et la franc-maçonnerie.

Sur Document.no, site extrémiste norvégien de débats, aujourd'hui inacessible, l'homme a laissé de nombreux commentaires, de juillet 2009 à octobre 2010. PourCeuxQuiAimentleNet.be les a traduit. Extrait :

« L'islam(isme) a historiquement mené à 300 millions de décès.
Le communisme a historiquement mené à 100 millions de décès.
Le nazisme a historiquement mené à 6-20 millions de décès.

Toutes les idéologies de haine devraient être traitées également. »

Anders Behring Breivik (Twitter).L'homme possède également un compte Twitter. Ne figure qu'un message, posté le 17 juillet, reprenant une citation du philosophe anglais John Stuart Mill :

« Une personne avec une conviction est aussi forte que 100 000 qui n'ont que des intérêts. »

Un deuxième tireur pourrait avoir pris part à la fusillade. Plusieurs témoignages de jeunes, présents au moment des faits, mentionnent un autre homme armé sur une autre partie de l'île. La police travaille sur cette piste.

En début d'après-midi, un jeune homme, qui avait un couteau sur lui, a été arrêté sur le site où sont rassemblés les rescapés de la fusillade, que le Premier ministre norvégien venait de rejoindre. Selon la chaîne de télévision norvégienne NRK, le jeune homme a expliqué la présence de son arme par le manque de sécurité.

► Les réactions

Le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg a qualifié de « tragédie nationale » la double attaque sanglante a indiqué :

« Jamais depuis la Seconde guerre mondiale, notre pays n'avait été frappé par un crime de cette ampleur. »

Eva Joly, qui a la double nationalité française et norvégienne, adresse à « tous les citoyens de Norvège un message de solidarité après l'explosion de violence terroriste qui a frappé Oslo », notamment ses « ex-collègues, avec qui [elle a] travaillé sur ces lieux durant des années et dont certains se trouvent aujourd'hui parmi les blessés ».

► Sur Twitter

Retrouvez ici, en anglais, les « tweets » de :

  • @fwalloe, Fredrik Walloe, journaliste norvégien vivant à Londres.
  • @rtege, Rune Thomas Ege, Oslo, journaliste norvégien à VG.
  • @runehak, Rune Hakonsen, Trondheim, journaliste norvégien.
  • @averloy, André Verloy, Olso, journaliste norvégien.
  • @ketilbstensrud, Ketil B. Stensrud, Kristiansand, journaliste norvégien.
  • @hilango, Hans-Inge Lango, blogueur norvégien.
  • @jeffglor, Jeff Glor, New York, journaliste à CBS.
  • @skymarkwhite, Mark White, Londres, journaliste à Sky News.
  • @Skyman64, Ian Woods, Londres, journaliste à Shy News.
Tag(s) : #actualités
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