Dans la nuit du 12 au 13 janvier à Paris, Dan, Olivier et Camille se
sont fait arrêter à Belleville pour des tags « Algérie – Tunisie /
Insurrection », « Vive l’anarchie »… Après un début de garde à vue dans
le commissariat du XXe arrondissement, les flics de la crim du 36 quai
des orfèvres se sont emparés de l’affaire et les ont transférés dans
leurs locaux. Ils ont ensuite été déférés au parquet et après un passage
devant le juge d’instruction et le juge des libertés et de la détention,
ils ont été envoyés en prison. Depuis, Camille est sous contrôle
judiciaire, Dan et Olivier sont à La Santé depuis plus d'un mois...

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Nous voulons vivre
(Lettre de Dan depuis la prison de la Santé, 6 février 2011)

« Le sol sur lequel vous vous trouvez est en feu »
August Spies à ses juges

 

Depuis toujours, des humains oppriment d’autres humains. C’est sur ces
bases maudites qu’est née cette civilisation de l’enfermement. La
domination, qu’elle soit économique, sexiste ou morale régit les
rapports entre les gens, à tel point et depuis si longtemps que le
simple fait d’inventer d’autres rapports, vivre ses relations
différemment, vouloir un avenir débarrassé de toute autorité et agir
dans ce but est un « crime ». Des amitiés se transforment en «
association de malfaiteurs », des associations d’individus sans
hiérarchie deviennent des « organisations terroristes » avec tous les
fantasmes du pouvoir : leaders, exécutants, théoriciens, etc. De la
France au Chili en passant par la Grèce, l’Italie et tant d’autres
endroits où s’organisent des anarchistes et anti-autoritaires en vue
d’en finir avec les rapports de domination, en face, la répression
s’organiste aussi avec son arsenal militaro-juridique. Cette situation,
en soi, n’est pas tellement étonnante, en vrai, elle est aussi vieille
que le sont nos idées et nos désirs de vivre. Des lois scélérates de la
belle époque en France jusqu’au délit d’anarchisme en Italie de nos
jours, ce dernier a toujours servi d’épouvantail social. Si je parle
tant d’anarchisme, c’est que moi-même je suis anarchiste, mais ce
constat s’applique à de nombreuses catégories fantasmées du pouvoir :
les « bandes », les « casseurs », les « anarcho-autonomes », les « Rroms
» et autres « bandes ethniques à capuche » si chers aux crapules
médiatiques.

En fait, il s’agit d’attribuer à ces catégories montées de toute pièce à
des fins électorales et sociales, des pratiques séculaires et répandues
comme la rétribution sociale, le sabotage, l’expression murale et autres
moyens d’expression qui n’appartiennent à personne, sinon à ceux que la
société pousse à réagir contre elle. On peut alors confiner ces
pratiques à quelques « têtes brûlées » pour mieux faire oublier à tous
qu’il n’appartient qu’à eux de reprendre le contrôle de leurs vies.
Entrent alors en jeu syndicats, politiciens, porte-paroles et figures
mythiques pour temporiser la rage des opprimés, pour déposséder chacun
de sa propre révolte et la convertir en pouvoir et en argent pour
quelques-uns.

Nous sommes tous en prison. Qui peut nier sans mauvaise foi que
travailler, s’enfermer dans une salle de classe, une usine, un
supermarché, ce n’est pas se constituer prisonnier ? Qui ne ressent pas,
du haut de sa cage à poule emboîtée dans des barres d’immeubles qui nous
barrent l’horizon, que sa vie n’est qu’une suite d’incarcérations
diverses ? Qui réussit encore à éviter du regard les barbelés,
barrières, portes blindées, grilles qui peuplent de plus en plus les
lieux où nous nous trouvons et rampons, du travail au métro, de son 15m2
aux grands espaces des hypermarchés. Cette société est une vaste prison
qui contient en elle une autre prison qui elle-même en contient
d’autres. Dehors la menace de la prison, dedans la menace du mitard.

Dans cette vie morne et froide cependant, se soulèvent parfois les
flammes de la colère. Récemment, en Tunisie, Algérie ou en Egypte, elles
sont venues réchauffer le brasier de nos cœurs qui ne s’éteindra pas à
coup de répression.

Nous avons voulu exprimer notre solidarité avec tous les émeutiers qui
bravent l’ordre au mépris des menaces et des balles, car nous aussi nous
voulons en finir avec ce monde de fric et de pouvoir, nous voulons
vivre. Comme une minuscule contribution aux cris de colères qui ont
traversé ces derniers mois la Méditerranée, nous avons écrit quelques
tags sur les tristes murs des quartiers où nous vivons, contre les
dominations démocratiques et dictatoriales contre le règne du fric et
des Etats.
Des patrouilles de la BAC qui nous avaient repérés depuis quelques temps
nous interpellent alors aux alentours de 3h du mat’, rue de Tourtille
(XXe). Après une courte nuit au commissariat du XXe, la section
anti-terroriste de la brigade criminelle prend le relais et nous ramène
au 36 quai des Orfèvres après des perquisitions à nos domiciles pour
mettre à jour leurs fichiers. Nous apprenons qu’ils nous mettent alors
sur le dos une série de tags contre la Croix-Rouge et son implication
omniprésente et internationale dans la machine à expulser et
l’encampement progressif des pauvres. Nous sommes également poursuivis
pour refus de fichage ADN et empreintes ainsi que pour non-respect du
contrôle judiciaire qu’Olivier et moi avions déjà sur le dos. En février
2010, la SAT, encore elle, nous avait arrêtés pour notre participation à
la lutte contre la machine à expulser. Nous avions alors été mis en
examen ainsi que plusieurs autres camarades pour de supposés sabotages
de distributeurs de billets.
Il s’agissait alors, et aujourd’hui encore, de punir et d’isoler
quelques individus pour des luttes et des désirs partagés par tant d’autres.
Lors de notre incarcération, le procureur fut très clair : « Il faut
mettre un coup d’arrêt définitif à la Mouvance anarcho-autonome et
donner une leçon à M. Sayag avant qu’il ne s’engage sur la pente d’une
contestation plus violente encore. »

Si l’Etat s’acharne aujourd’hui sur nous, c’est que nous n’avons jamais
cessé, et très visiblement, de porter nos idées dans la rue, de parler
d’anarchie à ceux qui n’en ont jamais entendu parler, et d’exprimer
fièrement notre solidarité avec les révoltés du monde entier, et ce
n’est pas un secret pour grand monde.
Je ne suis ni « innocent », ni « coupable » des faits qui me sont
reprochés. Je suis anarchiste, en cela, toutes les pratiques qui visent
à se libérer des rapports de domination sans les reproduire, obtiennent
ma solidarité, que ces pratiques soient ou non les miennes.

A tous ceux qui ne pleurent pas pour ces pauvres murs que nous avons
décidé de faire parler, à tous ceux aussi qui se sentent enchaînés,
lorsque d’autres le sont, je vous envoie mes salutations
révolutionnaires et vous appelle à ne pas marquer de trêve dans le
combat pour la liberté qui est le vôtre, et qui est aussi le mien.

A tous les serviteurs de cet état de choses, vos peines de prison ne
sècheront ni mes larmes ni n’atténuerons notre joie de travailler à la
transformation des rapports.

Je réaffirme toute ma solidarité avec les révoltés qui s’agitent sans
pour autant rêver de remplacer les dictatures par une domination
démocratique. Ainsi qu’à tous les prisonniers de la planète qui ne
baissent pas les bras et qui ne se séparent pas des autres en
s’inventant des catégories comme « prisonnier politique ». De Sidi
Bouzid à Athènes, de Bal-el-oued à Santiago, de Villiers-le-bel aux
faubourgs de Rio, que nos révoltes engendrent nos solidarités, et vice
et versa.

Liberté.

Le 06/02/2011,
Dan

PS : vous pouvez m’écrire en anglais et en français

Maison d’arrêt de la Santé
Daniel SAYAG
N° d’écrou : 293 350
42, rue de la Santé
75 674 Paris cedex 14

Lien sur les différentes affaires :
http://nantes.indymedia.org/article/22730

Lettre d’Olivier, en détention préventive depuis le 14 janvier 2011
http://nantes.indymedia.org/article/22874

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La joie des bouleversements
Sur des révoltes qui nous touchent à travers les frontières
(Lettre de Dan depuis la prison de la Santé, 8 février 2011)

Depuis quelques mois, dans ce que journalistes et universitaires
appellent le « monde arabe », éclatent de nombreuses émeutes et
révoltes. En Tunisie, en Algérie, en Egypte et certainement bientôt
ailleurs. Peu d’informations qui filtrent au final, puisqu’on n’a accès
qu’à la propagande des médias ou par le biais de moyens dégradés tels
que des réseaux sociaux et virtuels. Bien entendu, les médias
s’acharnent à faire croire qu’il ne s’agit que de révoltes contre tel ou
tel autre chef d’Etat « abusif ». A trop focaliser sur les figures
toutes pourries de Ben Ali ou Moubarak, on finirait presque par réussir
à taire les véritables raisons de la colère. A vrai dire, il ne s’agit
pas d’un « complot » médiatique, tout cela n’est peut-être même pas
volontaire, car les journalistes que savent-ils vraiment de ce qu’est
une vie de pauvre, harcelé par les autorités ? Rien. Il n’y a qu’à voir
le traitement médiatique fait aux soulèvements de novembre 2005 en
France. On ne nous a parlé que de « violence gratuite » (mais cela
existe-t-il vraiment ?), de hordes de barbares détruisant « leurs »
propres lieux de vie, se tirant « une balle dans le pied ». Au choix, de
la haine ou de la condescendance. Mais sont-ils capables d’autre chose
de là où ils parlent ? L’empathie, c’est entre autres se reconnaître
dans le sort qui est fait à l’autre. Seulement, un journaliste, un
politicien, ou un « intellectuel », que savent-ils de ce qu’est la vie
d’un damné de la terre ? Que connaissent-ils de la vie de misère que la
plupart d’entre nous vivons, sous le couperet permanent de sa banque, de
son proprio, du trésor public ? Toujours rien. Il n’y a qu’à voir le
tintamarre citoyen, cassant les oreilles de tout le monde dès qu’un
pauvre journaliste doit se foutre à poil devant des flics, ce que des
milliers de pauvres vivent chaque jour dans le silence de l’habitude. Il
n’y a rien d’étonnant donc à ce que journalistes et intellectuels (aussi
compassionnels soient-ils) soient incapables de comprendre quoi que ce
soit aux éclats de rage qui émaillent ici et là le vernis d’autorité des
puissants.

Cependant, pour nous révoltés, en tout cas pour moi, ces émeutes
réveillent un instinct de liberté insoupçonné. Si d’un coin du monde à
l’autre, nous vivons tous différemment, il est aisé de se reconnaître
dans les yeux d’émeutiers qui mettent le feu à ce qui les opprime
quotidiennement.

On remarque qu’avant que ces charognards politiques ou religieux ne
tentent de récupérer les émeutes à leurs fins, aucune revendication,
aucune demande n’a émergé des foules enragées. Il s’agit là d’un signe
d’une grande importance. Car cela signifie que les émeutiers n’attendent
plus rien du pouvoir. Qu’il ne s’agit plus maintenant que de présenter
l’addition à ceux qui nous gouvernent et les chasser à coups de pied au
cul. En France, comme ailleurs, aucune difficulté pour s’identifier à
ces insurgés, réalisant nos rêves en face de nos yeux, bravant les
mensonges et les balles, acceptant les risques d’un basculement dans
l’inconnu qu’est l’absence de pouvoir fixe. De plus, ils nous ont montré
que c’était possible, ils ont prouvé aux plus résignés d’entre nous que
la révolte n’est pas une utopie, que rien ne peut l’arrêter. Ce
mouvement spontané de révolte est aussi une belle occasion de se poser
quelques questions. Des questions qui se sont déjà posées, ici au
lendemain de la seconde guerre mondiale et de sa prétendue « libération
». Malheureusement, ils sont peu ceux qui n’ont pas déposé les armes à
l’avènement de la démocratie. Et aujourd’hui, qui se souvient encore du
témoignage d’un anarchiste comme Belgrado Pedrini ? De la lucidité de
tous ceux qui, récemment passés sous le joug de la démocratie
percevaient déjà que le régime n’avait changé que de nom et de manteau,
que ses prisons et ses lois étaient toujours là pour nous pourrir la vie.

Il ne faut pas se faire d’illusions, c’est certainement le sort qui est
réservé aux émeutiers dont nous parlons, même si par exemple en Tunisie,
la plupart des émeutiers ne sont pas gentiment rentrés chez eux après
l’annonce du départ de Ben Ali. Non, ils ont continué à se venger en
rasant les commissariats où nombre d’entre eux furent torturés comme des
chiens. Et je le répète, malgré que les situations ne sont pas les
mêmes, nous avons la même rage contre ce quotidien merdique qui ne
connaît pas de frontières.

En ces périodes de troubles sociaux quotidiens où certains, rollex aux
poignets, nous appelent sans honte à nous serrer la ceinture alors
qu’ils continuent à péter dans la soie aux yeux de tous. Pas de surprise
à ce que cela s’embrase. Ils nous parlent de « crise », de sacrifices,
alors que notre vie est déjà une suite de sacrifices et de renoncements,
et que la leur est un long fleuve tranquille qui lui, ne connaît pas la
crise.

Alors que certains cherchent à réussir en marchant sur les autres, que
d’autres s’évadent à coups de drogues ou de prières et prophéties,
cherchant un ailleurs où guérir d’ici, les insurgés du monde entier
montrent le chemin d’une transformation radicale de nos vies, ils
montrent qu’il ne relève pas que du rêve de renverser un régime, de se
jouer de lui, de le déchirer gaiement.
Le sourire sur leur visage est le nôtre.

Le pouvoir ici comme ailleurs, sent bien que son règne est fragilisé par
cet état de fait et ce n’est pas un hasard que des anarchistes soient
incarcérés pour avoir tagué dans ce qu’ils appellent des « zones
urbaines sensibles » (à vos souhaits !) des messages comme « Algérie /
Tunisie / Partout / vive l’insurrection » ou « solidarité avec les
émeutiers du Maghreb ». C’est qu’il ne faudrait tout de même pas donner
des idées aux pauvres. Comme si d’ailleurs, les révoltés avaient besoin
de quelques tags pour se révolter. Il faut bien être con soi-même pour
prendre les gens pour des cons de la sorte.

De fait, ces émeutes ont présenté de nombreux signes d’une véritable
émancipation. Une chose frappe l’œil d’abord, sinon totalement, les
émeutiers ont partiellement fait péter les catégories du pouvoir. Ce qui
n’empêche pas les médias de nous parler de « jeunes ». Il suffit de
jeter un œil pour apercevoir jeunes, vieux, femmes, hommes, pauvres et
un peu moins pauvres unis dans la paradoxale allégresse d’une colère
insurrectionnelle qui se lâche avec courage.

Pour les révolutionnaires anti-autoritaires d’ici et d’ailleurs se pose
la question de la solidarité internationale. Quelle forme peut-elle
prendre ? Je pense que cette question contient en elle-même ses propres
limites. Je veux dire par là que la question de savoir comment exprimer
à travers les mers et les continents notre sympathie avec ces événements
est bien moins prioritaire à mon avis que de savoir comment nous
pourrions la vivre ici même, là où nous sommes. Le risque, à force de
trop regarder à côté, c’est de perdre de vue ce qu’il y a en face, sur
le sol que nous foulons de nos pieds. « Bring the war home ! » criaient
les antimilitaristes américains au moment de la guerre du Vietnam.

Cela me fait venir une pensée, nous étions quelques un/es en décembre
2008, à nous méfier de l’engouement extraordinaire que suscitait la
vague d’émeutes qui venait d’éclater en Grèce suite à la mort d’Alexis,
tué par balle par des flics. Là aussi le courage et la force des
révoltés de Grèce avaient de quoi nous toucher droit au cœur, mais aussi
nous faire complexer de nos manquements. Mais pourquoi cette méfiance ?
Parce que peu avant, ici même, avait eu lieu le soulèvement le plus
massif depuis plus d’une trentaine d’années. Et ce, au mieux dans un
silence de mort du côté d’une grande partie du mouvement dit
anti-autoritaire ou plus largement « gauchiste », au pire, dans le
mépris et la condescendance la plus dégueulasse possible.
On pourrait reprocher à l’époque la facilité de se reconnaître dans une
révolte qui contenait tous les signes de reconnaissance identitaires des
milieux contestataires momifiés : logos, idéologies, tracts, manifestes
etc. divergeant formellement des émeutes de 2005, qui elles, n’utilisent
pas les cadres de reconnaissances et la liturgie gauchiste post 77 si
chère aux vendeurs de T-shirt qui peuplent ce petit marécage. Un pari
plus dur à jouer donc, si on estime toutefois que l’exotisme est plus
important que les opportunités d’agir concrètement sur ce monde.
Alors, deux poids deux mesures ?

Actuellement incarcéré et « coupé » du monde, je serais bien incapable
de dire si le comportement est le même vis-à-vis des révoltes actuelles
en Afrique du Nord. Mais je me souviens du grand mutisme qui a gagné le
petit mouvement avant d’atterrir ici. Alors que se déchaînait déjà la
colère des insurgés et que pleuvaient les balles.
Je ne dis pas tout cela pour stigmatiser qui que ce soit, je serais
d’ailleurs bien malhonnête de ne pas admettre que moi-même, muni de
préjugés, j’étais méfiant. Certainement influencé par cet inconscient
collectif qui voudrait que les peuples arabes soient foutus d’avance.
D’abord méfiance vis-à-vis des mouvements religieux, ensuite, un certain
manque d’audace pour imaginer que des dictateurs qui ont pris une
trentaine d’années pour asseoir leur pouvoir et le graver dans la roche
puissent tomber au bout de quelques semaines de troubles. Peut-être
aussi, comme beaucoup de camarades, suis-je trop habitué à me
reconnaître dans des codes identitaires, et trop peu à considérer la
rage des opprimés pour elle-même, et non pour l’image (ou l’imagerie)
radicale qu’elle se donne.

Je suis bien conscient que ces quelques lignes n’ont pas grand intérêt,
il ne s’agit que d’essayer de poser quelques pistes de discussion, qui,
je l’imagine, sont déjà bien présentes dans les discussions de chacun.

Pour la propagation de la joie des bouleversements,
pour l’abolition d’un ici et d’un là-bas.

Le 08/02/2011,
Depuis la Santé,
Dan

Lui écrire :
Maison d’arrêt de la Santé
Daniel SAYAG
N° d’écrou : 293 350
42, rue de la Santé
75 674 Paris cedex 14
_______________________

https://nantes.indymedia.org/article/23029
         

Tag(s) : #actualités
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