“Je voudrais maintenant citer une phrase de Marx, à laquelle j’ajouterai la mienne. Karl Marx disait : “L’ignorance n’a jamais servi personne” ; et moi j’ajoute : “L’ignorance sert très bien ceux qui veulent nous tenir en laisse.” J’ai 71 ans, je tiens debout, et je continue à casser les pieds de tout le monde. J’avais pourtant le choix. J’ai connu le succès ; je suis devenu une star, j’aurais pu en profiter, vivre à partir de là sans chercher les ennuis puisque je m’amusais bien dans la vie. Mais j’ai préféré revenir casser les pieds.” 
C'était les mots d'un des plus grands cinéastes italiens, Roberto ROSSELLINI.

De 1963 à 1974, Roberto Rossellini se détourne du cinéma dit classique pour se consacrer au vaste projet d’une encyclopédie historique qui couvrirait les grandes périodes et proposerait le portrait des grands esprits de l’humanité. L’humanisme un peu flou qui peut caractériser ce projet pédagogique recouvre des nuances inquiètes bien dans la manière rossellinienne : choisir des périodes de crise et de difficiles transitions plutôt que tranquillement florissantes, des esprits torturés plutôt qu’apaisés, des personnalités aux actions peu spectaculaires mais à la ténacité peu commune.

L’enseignement des grands travaux intellectuels du passé n’a pas vocation à être un morne livre d’images, mais doit entrer directement en résonance avec le présent, au double sens de l’époque et des spectateurs actuels. D’où l’usage de la télévision comme réceptacle émancipateur de ces films, considérée comme vierge des conventions usées du cinéma, capable d’un accès direct au spectateur et d’un usage suffisamment massif pour toucher de manière miraculeuse le plus grand nombre. La période télévisuelle de Rossellini met en place des principes alors expérimentaux : longueur des films, lenteur du rythme, comme si les actions étaient déjà passées par le filtre de la postérité glorieuse, acteurs soumis à l’idée abstraite du personnage, reconstitution minutieuse autant que parcimonieuse, usage du zoom comme focalisation sur un détail et affirmation de la mainmise du maître, etc. 

Le coffret propose ici deux portraits de philosophes français du XVIIe siècle (Descartes et Pascal), une fresque sur la Renaissance italienne et ses changements économiques au travers des figures de Cosme de Médicis et d’Alberti, et le portrait de saint Augustin.
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