RESF pour le
rock solidaire des sans-papiers
Le 18 septembre, 3 mois jour pour jour après la levée du piquet de grève des travailleurs sans-papiers qui occupaient les marches de l’Opéra Bastille, le concert
Rock sans papiers de Bercy leur sera dédié, ainsi qu’à tous les parents sans-papiers et leurs enfants, à tous ceux qui veulent s’aimer au-delà des frontières, à tous ceux qui se sont réfugiés
ici, dans l’espoir d’y avoir un avenir paisible.
Depuis le 12 octobre 2009, le Réseau Education sans Frontières soutient le mouvement de grève des travailleurs sans papiers, tant cette lutte est indissociable de
celle que nous menons depuis 6 ans, à partir des établissements scolaires, en faveur des jeunes majeurs scolarisés et des parents d’élèves sans-papiers, qui, eux aussi sont des
travailleurs.
Le 18 septembre, quelques jours après la rentrée scolaire, il y aura encore des chaises vides dans les classes, celles des jeunes et des enfants qui auront été
expulsés durant l’été, vers un pays qui n’est plus le leur ou qu’ils n’ont jamais connu. Celles des enfants qui auront été enfermés, avec leurs parents, dans ces prisons pour étrangers appelées
centres de rétention. Celles des jeunes gens, garçons ou filles, qui ont fui la répression, la guerre, qui ont fui la prostitution comme seul avenir promis, ou qui n’ont pas voulu devenir des
enfants soldats, et pour lesquels la France n’a pas assumé son devoir de protection. Celles des enfants arrivés après l’âge fatidique de 13 ans, ou de 11 ans pour les algériens, ceux dont les
parents ont essuyé un refus de regroupement familial, même s’ils sont le dernier soutien à un parent malade ou vieillissant. Quand nos enfants acquièrent le droit de vote le jour de leurs
dix-huit ans, c’est une obligation de quitter le territoire que certains de leurs camarades de classes reçoivent.
Les fatidiques quotas d’expulsions ne cessent d’augmenter d’année en année, les familles démembrées se multiplient selon le bon vouloir des préfectures qui
n’hésitent pas à expulser le père de famille, parfois avec une partie des enfants, laissant seule, souvent sans ressource, une mère de famille en charge des plus petits. Pour résister à
l’éclatement de la famille, certains n’hésitent pas à mettre leur vie en péril en avalant shampoing ou lame de rasoir, et lorsqu’ils se retrouvent quand même sur le tarmac, au pied du charter,
s’ils parviennent à ne pas monter dans l’avion, c’est en prison qu’on les envoie pour refus d’embarquement, avec, comme une double peine, une interdiction du territoire de plusieurs
années.
Malgré les nombreux rappels à l’ordre de la part de la Commission Internationale des Droits de l’Enfant de l’ONU, de Cour européenne des droits de l’Homme, des
organisations internationales de défense des réfugiés, le gouvernement français, par la voix de son ministre de l’immigration, Eric Besson, propose l’adoption d’un nouvelle loi, la 6ème depuis
2002, nommée « Immigration, Intégration et nationalité » encore plus répressive à l’égard des migrants. Arguant de l’adaptation française de directives européennes - dont la fameuse directive de
la honte - M. Besson fait du zèle et va encore plus loin afin d’expulser plus rapidement les sans-papiers, empêcher leur retour en France et dans l’espace Schengen, pendant plusieurs années,
rendre plus difficile leur régularisation, en allongeant la durée de rétention, en contournant les instances judiciaires de recours et en transformant l’ensemble du territoire en une immense zone
d’attente et de non droit.
Le 18 septembre, les artistes se feront l’écho des revendications des sans-papiers, du monde syndical, politique et associatif qui les soutient mais aussi d’une
opinion publique qui, majoritairement, rejette ces pratiques xénophobes.
Puissent leurs voix retentir, au delà des cabinets ministériels, dans toute l’Europe, jusqu’en Afrique, en Asie...
Réseau Education sans frontières (RESF)