Grève des dockers et solidarité ouvrière

Le 27 octobre 2010, après de longues et difficiles négociations avec leurs employeurs, la fédération CGT des dockers obtenait, avec l'aval du gouvernement, un accord qui prévoyait la mise en place d'une nouvelle convention collective reconnaissant la pénibilité du travail des personnels de la manutention portuaire et, partant, la nécessité de leur départ anticipé à la retraite. [1]

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Mais, le 5 Janvier,ces accords ont été dénoncés par le gouvernement qui a donné un nouveau mandat aux associations d’employeurs : l'Union nationale des industries de la manutention (UNIM) et l'Union des ports de France (UPF).

Pour s'opposer à cette remise en cause, les syndicats [2] appellent depuis trois semaines à des actions dans les ports français.

Une réunion qui s'est tenue le 1er février avec l’UNIM et l’UPF n'a toujours pas permis de débloquer la situation et aucune rencontre avec le secrétaire d’Etat à la mer, Thierry Mariani, n'a pu être obtenue.

LA SOLIDARITE INTERNATIONALE

UBOT.JPGLe 13 janvier, l'Union belge des ouvriers du transport (UBOT-FGTB) s'engageaient à « refuser toutes activités provenant des navires détournés dans les différents ports qui se situent sur l'axe Hambourg/Le Havre et dont nous sommes responsables ».

Le 17 janvier, l'IDC (International DockWorkers Council) lançait un appel à tous les dockers européens pour qu'ils refusent de traiter les navires détournés des ports français.

De son côté, le 21 janvier, l'ETF (European Transport Worker's Federation) a appelé les syndicats européens à protester auprès du gouvernement français et de l'UNIM, à exiger la reprise des négociations et à exprimer leur solidarité en utilisant « tous les recours légaux à leur disposition à l'égard des bâteaux détournés ».

Coordinadora C.JPGLe 28 janvier, le syndicat Coordinadora - représentant plus de 5.000 dockers espagnols - s'est adressée au syndicat portuaire CGT de Nantes : elle lui certifie qu'aucun port espagnol n'accueillera les navires détournés.

Ces engagements des dockers européens sont effectifs comme le confirme cette note publiée par la direction du port de Barcelone : « Par solidarité avec leurs homologues français, les dockers à Barcelone ont décidé de poursuivre le boycott du vendredi 28 au lundi 31 janvier 2011 inclus sur les conteneurs d'importation FCL déviés des ports français. [...] Dès Vendredi 28 janvier et jusqu'au mardi 1er février, 8 H 00, il est donc recommandé aux transporteurs terrestres de ne pas se rendre à Barcelone pour charger des conteneurs déviés d'un port français ».

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Les dockers de Barcelone organisent la solidarité avec leurs camarades français

MANOEUVRES CONTRE LE DROIT DE GREVE

Le journal breton Le Télégramme, en fidèle porte-parole des intérêts patronaux, ne dit mot sur les raisons légitimes de cette grève, mais se lamente sur son coût qu'il estime à 8.000 dollars par jour. Il se répand en propos alarmistes : « la grève va coûter cher à des pans entiers de l'économie » ; « ces perturbations risquent ensuite de désorganiser de nombreux secteurs d'activité » ; « chaque jour d'immobilisation d'un navire pétrolier coûte une fortune », etc.

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Son éthique éditoriale ne va pas jusqu'à permettre à un responsable syndical d'expliquer les revendications des dockers et de dénoncer les volte-face du gouvernement et des employeurs. Ce 4 février, tout juste consent-il à rapporter une unique phrase de Tony Hautbois, secrétaire fédéral CGT des ports et docks, disant : « On peut comprendre l'exaspération des professionnels, mais c'est le gouvernement qui a la clef du conflit ». Point barre.

Le Télégramme entretient le climat de haine (le mot n'est pas trop fort, il suffit de lire les commentaires qui suivent les articles du journal sur Internet) que l'on retrouve du côté des patrons de la filière nutrition animale bretonne qui se sont regroupés dans un « collectif pour la libération des ports de commerce bretons » et demandent aux pouvoirs publics de décréter « l'état d'urgence avec réquisition ». Pas moins.

Face à ces prétentions inquiétantes de vouloir mettre en cause le droit de grève, la solidarité interprofessionnelle doit s'exprimer.

A l'image des dockers européens, les organisations syndicales françaises - des confédérations aux syndicats de base - doivent appuyer la lutte des dockers ; envoyer lettres et motions au gouvernement et aux employeurs pour dénoncer la mise en cause des accords antérieurs ; et protester auprès des journaux - tel Le Télégramme - qui jettent de l'huile sur le feu et désinforment leurs lecteurs.

JPD

[1] Depuis la réforme de 1993, les conditions de travail des dockers se sont modifiées : l'embauche se fait par téléphone la veille pour le lendemain. Chaque soir de la semaine, à partir de 19 heures, les ouvriers dockers consultent un serveur téléphonique pour obtenir les informations concernant leur embauche du lendemain. La modulation des horaires hebdomadaire est de 20h-48h pour une modulation annuelle de 1607 heures. Les plages horaires de travail sont de 10 heures : 5h à 15h, 13h à 23h et 20h à 6h.

[2] Fédération nationale des ports et docks CGT, Syndicat général CGT des ouvriers du port du Havre et Syndicat général CGT du Grand port maritime du Havre (GPMH).

 

Source : Le petit blanquiste

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