Jeunesse Nationaliste Révolutionnaire

 

Les JNR est un rassemblement de skinheads d’extrême droite, qui a connu deux périodes d’existence : la première de la fin des années 80 au milieu des années 90, et la seconde plus récente, depuis environ 2010. A chaque fois ce groupe était dirigé par Serge « Batskin » Ayoub

 

La première mouture des JNR apparait en 1987, une période où le FN, mais également le PNFE, tentent avec plus ou moins de succès de récupérer à leur compte le mouvement skinhead en France, alors majoritairement nationaliste. Batskin fonde les JNR sur les cendres d’une précédente bande, le Klan, qui était le rassemblement des éléments les plus violents et radicaux des différentes bandes de skins nationalistes à Paris. Ce Klan (appelé parfois aussi Nazi Klan ou encore Zyklon Army, pour les besoins de certains reportages télévisés) gravitait autour du groupe RAC Evil Skin [1]

Dans ce Nazi Klan on trouve quelques éléments des futurs JNR comme Régis « Madskin » Kerhuel [2]. Le Klan n’a alors que très peu d’activité politique se fera une spécialité des apparitions provocatrices comme en 1985 où le groupe défile avec une banderole « Les amis de Klaus Barbie » lors de l’hommage de l’extrême droite rendu à Jeanne d’Arc en mai. Le Klan à cette époque se rend célèbre par ses nombreux actes de violence contre les autres bandes skins et punks, mais également contre des immigrés. Ils seront le sujet de nombreux reportages dans les années 80 où on peut les voir lancer des cocktails Molotov dans un hangar désaffecté.

Désirant donner une tournure plus politique à sa bande de skinheads, Ayoub les transforme en Jeunesse Nationaliste Révolutionnaire en 1987, en pratiquant une purge dans les rangs du Klan en expulsant les éléments les moins dociles à son autorité. Ceux du Klan ayant refusé de suivre Ayoub à TV se tourneront alors vers les Faisceaux Nationalistes Européens [3] , comme Pascal Berger [4].

Parmi les premiers membres des JNR on retrouve Régis Kerhuel, Joël Giraud, « Vitri », Eric Rossi, Grand Didier ou Gilles Dussage dit Grand Gilles [5]. Jean-Gilles Malliarakis, qui dirige alors Troisième Voie, propose à Ayoub et ses troupes d’intégrer TV, devenant la branche « jeunes prolétaires » du mouvement tandis que le GUD se chargeait des étudiants. Mais la cohabitation entre le GUD et les JNR s’avère difficile, les skinheads des JNR s’amuseront parfois à dépouiller, dans le local qui était à leur disposition, les jeunes étudiants venus s’inscrire au GUD. Dans la pratique les JNR sont cantonnés la sécurité des manifestations et rassemblements du mouvement, une activité que les troupes d’Ayoub, à la lecture des bulletins internes du mouvement de l’époque, auront du mal à tenir [6].

Les mises en scènes médiatiques des JNR [7] , comme les photos où ils posent avec des armes à feu, la présence récurrente d’Ayoub sur les plateaux télés [8] et les coups de mains répétés en tant que SO supplétif au Front National terminent d’agacer Malliarakis qui décide de se séparer de tout ce petit monde.

Ayoub et les JNR se tournent alors vers le PNF [9] et s’installent dans leur local.

Les JNR apparaissent alors parfois sous le nom Comité de Base Jeunesse. La collaboration entre les vieux nazis et les jeunes néonazis est éphémère, les anciens de la Waffen décident de mettre les jeunes cons à la porte après la diffusion de tracts pro-irakiens pendant la Guerre du Golfe. Les JNR et Ayoub décident alors de devenir un groupe politique autonome et de ne plus être une composante d’un des multiples groupuscules d’extrême droite de cette période.

Le 5 mars 1993 les JNR organisent un meeting politique intitulé les Nouveaux Barbares à Vitry-sur-Seine, où se rassemblent des skinheads néonazis venus d’Allemagne, d‘Italie ainsi que des représentants du mouvement néonazi Blood & Honour. Le 7 mai 1994 les JNR appellent, aux côtés du GUD et de l’œuvre Française un rassemblement pour dénoncer la commémoration du débarquement des alliés en 1944, ce débarquement étant considéré non comme une libération mais une invasion [10]. Entre 1992 et 1994, il n’est pas rare de voir les JNR, parfois au côté du GUD dirigé alors par Frédéric Chatillon, faire le SO volant autour des meetings du Front National, comme au meeting du Zénith à Paris en 1992.

Mais les affaires de violences finissent par rattraper les membres des JNR : Régis Kerhuel et Joël Giraud sont arrêtés pour le meurtre d’un jeune Comorien au Havre quelques années plus tôt. C’est alors la fin des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires première période, d’autant qu’en 2000, lors du procès de Régis et Joël, Ayoub lâchera ses anciens complices.

JNR version 2.0

Ayoub fait son retour dans le milieu nationaliste français au milieu des années 2000. Après s’être rapproché un temps d’Alain Soral, il ouvre son bar associatif Le Local, et réactive en 210 les JNR en même temps qu’il s’accapare l’appellation Troisième Voie.

Dans ces JNR, qui n’ont plus grand-chose de jeune (la moyenne d’âge à largement doublé par rapport à celle des années 80), quelques rares rescapés des premiers JNR sont encore là, comme Gilles Dussage. Cette fois-ci Ayoub ne tente plus de faire croire que les JNR seraient un groupe politique, avec un discours propre. Comme il le déclare alors dans les médias d’extrême droite, les JNR auront pour rôle de faire « de leur corps un rempart contre les attaques ennemis ». L’autre grande nouveauté, c’est que là où dans les années 80 les JNR étaient un groupe d’une grosse trentaine de skinheads d’extrême droite, actifs essentiellement en Ile-de-France, ces nouveaux JNR, sont plus nombreux et surtout Ayoub a élargit le recrutement à toute la France, d’où l’apparition de différentes sections de JNR dans le Nord ou le Sud de la France. Ayoub va même chercher anciens membres de la tribune Boulogne comme Daniel Mack, que l’on a pu également apercevoir comme assurer la protection de Marine Le Pen lors du défilé du 1er mai 2012 à Paris, au côté d’Olivier « Géant » autre membre des JNR nouvelle version, sous les ordres d’Axel Lousteau, ancien du GUD des années 90.

Ces JNR version 2.0 sont une nouvelle fois la garde prétorienne du mouvement Troisième Voie, et l’appartenance à ce groupe est vu dans les rangs des militants et sympathisants comme un véritable idéal à atteindre. Mais au final ses membres ont toujours le même point commun, se sont en majorité des skinheads néonazis.

Concrètement, les JNR aujourd’hui au sein de TV sont réduits à servir de Service d’Ordre pour les manifestations organisées par le mouvement, comme lors de l’hommage rendu à Jeanne d’Arc chaque deuxième dimanche de mai [11]. Le reste du temps, on peut les apercevoir au Local, le bar associatif de leur chef.

Ayoub a réalisé un vrai travail marketing autour des JNR, dont les histoires de baston (réelles ou imaginaires) des années 80 font offices légendes chez les jeunes générations de skins d’extrême droite. Entre les t-shirt siglés JNR [12], les blousons patchés JNR, tout est fait pour entretenir le mythe auprès de jeunes nationalistes à la recherche du petit frisson de la violence.



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[1] si ses membres n’étaient pas à proprement parler des militants, le groupe était néonazi, malgré une légende tenace qui voulait que les textes des chansons n’étaient que de la provocation

[2] également bassiste d’Evil Skin

[3] Mouvement néo-nazi qui a pris le relais de la FANE

[4] Il deviendra par la suite responsable de la sécurité pour le PSG via la société Challengers jusqu’au début des années 90

[5] qu’on retrouvera également dans la version 2010 des JNR

[6] Jeunesse Française des années 80-90 : La tentation néo-fasciste, Eric Rossi, LGDJ. p.284

[7] Certains journalistes à l’époque, à la recherche de sensationnel n’hésitaient pas à « chauffer » la bande d’Ayoub pour filmer quelques agressions. Ce sera le cas en particulier le 22 avril 1990. Pour les besoins d’un reportage pour la chaîne La 5, Batskin et quelques JNR, dont Eric Rossi et Joël Giraud, agresseront un africain, Karim Diallo sous les caméras des journalistes. Ils seront condamnés à 8 mois de prison avec sursis en janvier 1994 pour cette agression.

[8] Ciel mon mardi, le Droit de Savoir, 52 sur la Une

[9] Parti Nationaliste Français, dirigés par l’équipe du journal Militant, composés d’anciens engagés dans la Waffen SS et scissionniste du FN

[10] C’est au cours de cette manifestation que Sébastien Dezieux, militant nationaliste, perdra la vie. Un comité de soutien, composé du GUD, des JNR mais également du FNJ se retrouvera en souvenir de ce militant autour du Comité du 9 mai

[11] avec des prestations diverses. En 2012 ils ont été tenus en échec par l’Action Français et en 2013 la première ligne des JNR a largement avoiné les participants de son cortège qui souhaitaient en découdre avec les Femens venus perturber le rassemblement

[12] avec leur devise Croire Combattre, Obéir

 

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